Une filiale de PAPREC Metho Valo92, en contrat de concession avec le SYCTOM, veut implanter une unité de méthanisation sur le port de Gennevilliers. Celle-ci accueillerait des déchets alimentaires provenant des sites de collecte d’Issy-les-Moulineaux, Ivry Paris XIII, Romainville – Bobigny, et de ceux de PAPREC pour la production de biogaz et de matières organiques dégradées (digestat). Ces résidus de la méthanisation dont par ailleurs on ne connait pas la qualité pour les sols seraient transportés pour être épandus sur 6000 hectares de terres agricoles de l’Eure et Loire et de l’Eure.

Avec l’objectif de traiter 50 000 tonnes/an avec une montée en charge progressive sans en connaitre réellement les données quantitatives, ce sont déjà plus de 100 camions/jour qui sont annoncés pour 18 emplois sur 13 360 m2 de friches. Une réelle réponse de services quotidiens de proximité permettrait sans aucun doute davantage d’emplois.

Répondre à l’intérêt général des populations n’est pas dans l’ADN du groupement HAROPA Port, établissement public d’Etat sous tutelle des ministères depuis 2021. Cet organisme porte la responsabilité de l’aménagement du territoire afin d’apporter des améliorations sensibles à la qualité de vie sociale et environnementale au quotidien. Cette unité de méthanisation serait implantée sous le viaduc de l’A15. Comment vont être respectées les valeurs limites d’émissions atmosphériques, évaluées les incidences ? Comment vont être calculés le débit d’odeur, les nuisances olfactives pour les riverains qui subissent déjà le passage de 200 000 véhicules/jour empruntant le viaduc ? OUI, le suivi des effluences gazeuses et les mesures de prévention ont besoin d’être sous contrôle des citoyens.

Sur les bords de la Seine ce nouveau projet, proche de la zone Natura 2000, va engendrer des destructions de berges portant atteinte à l’habitat et aux couloirs d’espèces piscicoles et d’oiseaux migrateurs. Par ailleurs, ce projet est très proche du projet gigantesque Green Dock. Une fois de plus, nous assistons à un saucissonnage de projets sans obtenir une seule étude permettant une vision complète, y compris les conditions de sa réindustrialisation, d’un secteur stratégiquepour le devenir de l’Ile-de-France déjà particulièrement pollué et soumis à des sources de nuisances importantes pour la santé et l’environnement.

L’épandage des résidus est réservé pour les terres agricoles en Normandie. Or, l’Ile-de-France est riche de terres agricoles à proximité telles celles des Terres de Gonesse. Leur transport se ferait en partie par péniches sans que cela soit certain. Une étude plus précise doit être réalisée pour démontrer, dans laperspective de développer des circuits courts pour une alimentation saine de la Région Ile-de-France, que ces résidus ne peuvent être utilisés pour des terres agricoles plus proches.

Par ailleurs, l’Autorité Environnementale recommande d’approfondir l’évaluation des incidences et de prévoir des mesures d’évitement, de réduction voire de compensation. L’établissement d’une cartographie des aires de captages des eaux potables, des pollutions des eaux par les fertilisants sur les nappes et bassins versants d’épandage du digestat est indispensable pour maitriser l’ensemble des risques sanitaires. Des analyses de contaminants éventuels (PFAS, médicaments) auront besoin d’être réalisées pour éviter des contaminations des sols. Cela participera à éviter la création de nouveaux systèmes coûteux tels que l’osmose inverse basse pression prévue par Véolia et le Syndicat des Eaux d’Ile-de-France.

Le seul coût de construction de ce projet est estimé aujourd’hui à 52M€, sans aucun chiffre sur le fonctionnement global y compris les adaptations attendues des centres de tris existants destinés à recevoir au préalable les collectes.

Le coût de ce type de traitement annoncé comme plus adapté serait de 180 € la tonne au lieu de 124 € actuellement. Quel en serait l’impact financier sur la redevance des ordures ménagères ?

Ce choix fait par le SYCTOM est une fuite en avant pour satisfaire les appétits privés des lobbys. Rien dans tout cela n’est une démonstration d’un choix de transition réellement écologique et d’une proposition « d’économie sociale et solidaire », même si le traitement des déchets de quelque nature qu’ils soient et la possibilité de ne plus les incinérer au profit de bio carburant est à poser.

Pour toutes ces raisons, nous ne sommes pas favorables à cette implantation. Nous invitons les populations concernées à peser pour un moratoire et une véritable concertation citoyenne afin d’exiger d’autres choix environnementaux pour notre quotidien et la planète.

Pantin le 10 juillet 2024

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