16/02/2022
Energie et MNLE
Par J. Y. Guezenec
L’énergie est le sang de la vie d’une société.
La première chose à laquelle je pense c’est au milliard d’êtres humains dans le monde qui sont privés d‘électricité et de ce fait d’accès à une vie décente et aux 12 millions de précaires énergétiques en France qui n’ont plus par exemple les moyens de se chauffer. Il existe des corrélations très nettes entre consommation d’énergie et l’espérance de vie par exemple. L’énergie que nous consommons aujourd’hui provient essentiellement des combustibles fossiles (Charbon gaz, pétrole) pour 80 à 90 %. Ces ressources ne seront pas éternelles. Et nous allons pratiquement toutes les consommer en moins de 200 ans alors que la nature a mis 500 millions d’années (500 000 000 ans) à les élaborer dans le sous-sol. Difficile d’imaginer que l’impact d’une telle action extrêmement brutale n’ait pas de conséquence. Et effectivement toutes les études scientifiques aujourd’hui indiquent que la production de CO2 liée à la combustion des fossiles auxquels s’ajoute l’influence non négligeable de quelques autres gaz (CH4 particulièrement, oxydes d’azote…), peuvent tout simplement conduire à la disparition de l’homme sur terre, si le monde continue sur la lancée du type de consommation actuelle. Ce n’est pas banal et j’insiste sur ce point car il y a 2 ou 3 ans le MNLE donnait la parole à un climato-dénialiste, François Gervais, dont l’exposé n’a fort heureusement pas été publié dans Naturellement.
Ces études indiquent que si on veut que la planète ne dépasse pas une augmentation de température moyenne de + 2°C, considérée comme acceptable, mais qui se traduira quand même par des effets considérables sur la vie de la planète comme la montée du niveau des mers, il ne faut pas émettre dans l’atmosphère plus de disons 1000 milliards de tonnes (Gt) de CO2 équivalent alors que l’on doit en émettre aujourd’hui environ 40 par an. C’est-à-dire 25 ans pour agir. Le challenge est absolument considérable.
La conclusion c’est qu’il faut drastiquement changer nos modes de consommation énergétique : bannir charbon, pétrole et gaz fossiles. Et donc chercher à mettre en œuvre tous les moyens qui n’émettent pas de CO2.
A disposition aujourd’hui comme énergies décarbonées : les énergies du soleil et du vent, l’hydraulique (fluviale et marine), la géothermie, l’utilisation de la biomasse et le nucléaire. Ces sources conduisent pour une part à de l’énergie chaleur, mais débouchent surtout sur de l’électricité qui va devenir un vecteur énergétique essentiel. Dans l’hypothèse où l’hydrogène devient aussi un vecteur d’énergie il faudra le produire à partir d’énergie électrique.
Et là je crois qu’il faut, compte tenu de l’importance que va prendre le vecteur électricité dans l’approvisionnement énergétique et face aux récentes tribulations extravagantes du marché de l’électricité, imposé par l’Europe, qui n’est plus supportable, affirmer d’entrée le principe que la France doit disposer d’une EDF renationalisée qui détient le monopole de production et de distribution d’électricité.
Il faut chercher dans le même temps à moins consommer dans les pays développés ainsi qu’une meilleure efficacité des utilisations de l’énergie. C’est un sujet sur lequel on peut débattre à partir de critères à bien définir- ce n’est pas, a priori, la question de la consommation d’énergie qu’il faut viser, mais celle de la diminution des émissions de gaz à effet de serre – en étant conscient des limites.
Chaque pays, chaque région, doit se poser la question des choix opportuns de moyens de production décarbonés. En Islande, qui dispose énormément de capacités géothermiques, le choix est en partie simplifié. Le solaire est plus efficace dans la zone intertropicale. Et dans le choix intervient particulièrement celui du coût : le coût pour le consommateur et le coût pour le choix des technologies à mettre en œuvre (coût de la tonne de CO2 évité). Ainsi que l’impact environnemental des installations à mettre en œuvre.
En France
Il y a peu le nucléaire en France représentait 75 % de la production électrique. Ce qui lui permettait d’avoir une électricité presque complètement décarbonée (6 gco2/kWh) et, parmi les pays développés, une position de tête avec la Norvège et la Suède pour la limitation des émission globales des gaz à effet de serre.
C’est le résultat d’une forte volonté politique dès le début des années 1970 d’édification d’une filière électronucléaire. Il y a eu des années ou 6 à 7 réacteurs étaient simultanément en construction et cela a abouti, jusqu’à la fermeture de Fessenheim en 2020, à 58 réacteurs à eau pressurisée plus Phénix et Superphénix. L’ensemble construit en 25 ans. Parallèlement s’est développé le retraitement des combustibles usés à La Hague avec tri des déchets, récupération du plutonium et de l’uranium de retraitement pour utilisation ultérieure, mise au point des techniques et choix du site de stockage des déchets. Une économie circulaire exemplaire que la France est seule à maîtriser.
Mais à partir de Mitterrand, les chefs d’Etat et leurs gouvernements successifs, sous la pression de l’écologie politique entraînant les média et l’opinion publique, ont progressivement versé dans le nucléaire honteux, en passant par Jospin, artisan de l’arrêt de Super-Phénix, jusqu’à Hollande et sa compagne Ségolène Royal où cela a atteint des sommets : réduction de la part du nucléaire à 50 % de la production électrique (pour faire comme les allemands !) à l’horizon 2025, arrêt de Fessenheim « la plus vieille centrale ».
Entre parenthèses. Le MNLE initialement défenseur du développement du nucléaire (voir dans la charte), ce qui le différenciait des autres associations écologiques, notamment lors de tout le processus de la conférence de Rio et du « Rapport Brundtland », s’est inscrit progressivement dans la défiance, se traduisant par moins on en parle mieux c’est.
Par la suite, sous Macron, Nicolas Hulot, ministre, a été obligé de constater qu’il était impossible de respecter cette échéance de 2025 et l’a repoussée à 2035, date qui reste toujours l’objectif des programmations de l’énergie.
L’arrêt de Fessenheim a été mis en application par Macron en 2020. C’est ce président, qui pendant son mandat a embauché des ministres antinucléaires (+ un Pascal Canfin au parlement européen !), et qui, 2 ans après la forfaiture de Fessenheim, se rend à l’évidence qu’il faut abandonner l’échéance de 2035 et au contraire prolonger la vie des réacteurs existants et construire de nouveaux réacteurs. A Belfort il déclare : « Ce que nous avons à bâtir aujourd’hui, parce que c’est le bon moment, parce que c’est ce qu’il faut pour notre nation et parce que les conditions sont maintenant réunies, c’est la renaissance du nucléaire français. » (Barbara Pompili a dû en avaler son chapeau). Mais le meilleur moment c’était quand même plus tôt, pour éviter les pertes de compétences dans la filière qu’il faudra maintenant retrouver à travers un système éducatif qui en fera la promotion au lieu de la dénigrer comme c’était le cas encore récemment.
Macron a peut-être plutôt ressenti que l’opinion publique était en cours d’évolution sur le sujet, en se rendant compte, dans la période récente, que le parc nucléaire existant fournissait de l’électricité bien meilleur marché que celle que l’on trouve sur le « marché ».
Pour se faire une idée du coût pour EDF de la production d’un MWh nucléaire, il suffit de citer la valeur de 42 euros qui est celle à laquelle EDF est obligée de vendre ce MWh à ses concurrents (dispositif ARENH) pour que ceux-ci puissent lui faire concurrence. Application, n’est-ce pas, du credo européen fondamental : la règle de la concurrence libre et non faussée. Non ? Alors que le « marché » tourne à 200, 300, …euros !
(Tout cela mériterait un long débat pour décortiquer le passé et se projeter dans l’avenir……
Quelques réflexions sur le nucléaire
Je hiérarchise les problèmes posés par le développement nucléaire de la manière suivante :
– En premier les risques militaires, un pays qui se dote du nucléaire civil doit développer des connaissances internes, des labos et est donc mieux équipé pour développer du militaire.
– En second les installations où il existe des risques potentiels de dégagement d’énergie qui permet la grande dispersion des produits radioactifs. Cela concerne certaines parties du retraitement (accident en URSS de Kytchim sur une cuve contenant une solution de produits de fission et d’actinides), et évidemment les réacteurs.
– Et loin derrière les déchets, dont la dispersion éventuelle à grande échelle est impossible. Il n’existe pas de source d’énergie susceptible de créer cette dispersion. Un accident de transport sur un colis ne peut conduire qu’à des dispersions éventuelles très limitées. Je vais certainement surprendre : le problème des déchets radioactifs en France est un problème résolu.
Les accidents de Three Mile Island (1979) aux US, de Tchernobyl en URSS (1986), de Fukushima au Japon (2011) ont marqué les esprits, mais ont fait très peu de victimes du fait des radiations. Ce qui est particulièrement pénalisant ce sont les déplacements de populations qui ont sans aucun doute des conséquences sanitaires. Les conséquences économiques ont par contre été considérables. Les enseignements de ces accidents ont été sérieusement pris en compte dans la conception des installations en France et 50 ans de retour d’expérience c’est quelque chose qui pèse. On dispose d’une autorité de sûreté nucléaire qui n’est pas tendre. Et il ne faut pas oublier dans la sûreté le « facteur humain » ; les agents qui exploitent les réacteurs doivent avoir une «culture de sûreté». Je pense que l’on peut dire qu’à EDF, avec en partie l’action syndicale, on y veille.
Défendre le nucléaire avec EDF qui retrouve sa pleine compétence, que l’on renationalise, une industrie que l’on met au boulot et tout ça avec des emplois à la clef, se concilie avec la défense du climat. En exigeant que la recherche se poursuive sur les réacteurs du futur notamment les surgénérateurs (attention noter que Macron qui se veut le grand rénovateur du nucléaire en France a abandonné le réacteur Astrid réacteur d’étude pour les surgénérateurs) pour que le plutonium et l’uranium de retraitement ne deviennent pas des déchets et qu’elle ouvre la voie à un nucléaire durable à très long terme (les 300 000 tonnes d’uranium appauvri stockés sur l’hexagone qui seraient ainsi utilisables représentent des milliers d’années de production électrique).
La puissance installée du parc nucléaire est de 61 GW aujourd’hui, on doit pouvoir viser 90 à 100 GW en prolongeant le parc actuel au maximum de ce que permettra le respect des critères de sûreté et en construisant de nouvelles unités du type EPR2 en cours de définition par EDF. Si l’Etat en a la volonté et agit en conséquence, on peut disposer de la capacité de le faire. C’est ce qu’ont affirmé Framatome et le GIFEN lors d’une conférence le samedi 29 janvier en prélude à l’AG de « Sauvons le climat ». Ces industriels présents ont démenti l’information selon laquelle ils seraient incapables, d’ici les environs de 2050, d’aboutir, avec l’ancien nucléaire et le nouveau nucléaire, à un parc nucléaire de plus de 50 GW de puissance. C’est ce que RTE a en effet prétendu en présentant ses scénarios et que Macron a suggéré dans son allocution à Belfort pour justifier le développement démesuré notamment de l’éolien en mer (voir ci-après). Le MNLE pourrait se joindre aux organisations (Sauvons le climat notamment) qui réclament que RTE présente un scénario avec une prévision envisageant plus de consommation électrique en 2050 que le scénario N03 qui se limite à 650/700 TWh par an dont 50 % de nucléaire. Le scénario Negatep de « Sauvons le climat », celui de l’académie des sciences et celui de l’académie des technologies, envisagent jusqu’à 900 TWh avec une part de nucléaire pouvant aller à 80 %. On peut penser que le pouvoir politique a fait pression sur RTE pour qu’il limite ses prospectives.
L’expression de Macron à Belfort, avec toutes les remarques qu’elle peut inspirer, marque un changement dans les perspectives d’approvisionnement énergétique. De ce fait les lois récentes, ainsi que la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) qui en découle, doivent être remises à plat. Ce devrait être le travail de la nouvelle assemblée nationale qui sera élue après les élections législatives post présidentielles.
On ne peut pas clore ce paragraphe sans parler de la Taxonomie européenne. Une vraie bataille s’est déroulée dans les structures de la commission européenne sur le classement en « vertu » à l’égard de la protection du climat, des moyens de production d’électricité. L’Allemagne, et quelques autres pays dont l’Autriche, ne voulaient pas que le nucléaire français y figure, mais, par contre, militaient pour que le gaz fossile, dont l’Allemagne a un besoin absolu si elle veut remplacer ses centrales au charbon, y figure. L’enjeu était l’accès possible ou non à des financements intéressants. Le combat s’est traduit par un match nul : le nucléaire et le gaz ont obtenu leur label de vertu, assorti de diverses conditions. Intéressant de noter que le gaz, émetteur de CO2 notable, est classé au même niveau que le nucléaire qui n’en émet pas. L’affaire n’est pas totalement close car le parlement européen aura son mot à dire.
Les énergies renouvelables.
Renouvelables thermiques
Je pense que du côté des renouvelables thermiques il y a matière à développement : solaire thermique, géothermie de surface (pompe à chaleur), géotherme profonde.
Faire de l’électricité avec de la biomasse me semble une hérésie. Si biomasse disponible il y a, on peut penser aux biocarburants qui pourraient avoir une place intéressante dans certaines mobilités spécifiques. La méthanisation peut aussi s’envisager à conditions que la filière ne soit pas alimentée par d’immenses surfaces de culture de maïs comme cela se fait en Allemagne.
L’hydraulique (au fil de l’eau, de barrage, Step) a un rôle essentiel notamment comme énergie pilotable capable de répondre très rapidement aux fluctuations de la demande. On considère généralement que l’équipement hydraulique est au maximum possible en France, mais je n’ai pas d’argumentation sur le sujet. Les concessions hydrauliques très juteuses sont particulièrement convoitées par le capital privé. Il faut que ça reste EDF.
Eolien et photovoltaïque. Energies renouvelables intermittentes (ENRI)
Je suis extrêmement réservé sur le développement démesuré de l’éolien et du photovoltaïque à l’horizon 2050 comme le propose Macron avec :
- 50 parcs éoliens (40 GW) en mer. Si je me base sur celui de St Brieuc (100 km2 pour 0,5 GW), grosso modo cela conduit à un linéaire de 800 km de côtes équipées (près de la moitié du littoral !) une sorte de blocus continental ayant un impact environnemental très lourd, évident sur les migrations d’oiseaux.
- Doublement de la capacité actuelle de l’éolien terrestre de 18,5 aujourd’hui à 37 GW. Pas de précision sur la distance aux habitations. Beaucoup d’associations sont vent-debout contre les nuisances diverses de ces éoliennes. Lors des débats à l’Assemblée nationale sur la loi LTECV de 2015, André Chassaigne avait demandé que l’on porte la distance minimale des éoliennes des habitations de 500 à 1000 mètres. J’ai aussi entendu Jean-Paul Dufrègne, député de l’Allier qui lors de l’audition parlementaire de la ministre Borne sur le projet Hercule avait ciblé en introduction le « développement anarchique des énergies renouvelables, notamment éolien, qui est une véritable catastrophe pour les territoires ruraux comme le mien l’Allier »… « Quand allez-vous cesser d’abimer la France ?» fortement appuyé de la tête par le député Sébastien Jumel qui était à côté de lui.
- 100 GW de photovoltaïque. C’est 1700 km2 d’emprise foncière à rajouter aux 4000 km2 des 37 GW d’éolien terrestre, presque 6000 km2 au total. A noter que le photovoltaïque occupe environ 300 fois plus d’espace que le nucléaire.
J’ai particulièrement remarqué ce qu’a déclaré Philippe Collin, ancien porte-parole de la Confédération paysanne et président de l’association « Agronomes et vétérinaires sans frontières » lors de l’université d’été 2020 du MNLE : « Je pense qu’aujourd’hui il faut regarder ce qui est en train de se passer avec la transition énergétique et les énergies renouvelables. Ce qui me préoccupe c’est d’abord le terme renouvelable, le terme est contestable, et en plus elles se feront toutes sur le territoire agricole et rural en conflit avec les paysans sur l’accès au foncier ».
L’éolien notamment plait beaucoup au capital de Total et Engie qui nous abreuvent de publicité pour l’énergie verte. Les productions
Intermittentes bénéficient d’une priorité d’accès au le réseau, d’une rentabilité assurée, accrue pour l’éolien offshore par la mesure Hulot de prise en compte de la liaison électrique mer-rivage par RTE, ce qui se répercute par + 20 euros sur le MWh. Leur lobbying est puissant à travers le Syndicat des énergies renouvelables (SER) et France énergie éolienne (FEE). Ils se préparent activement aux 40 GW de Macron.
Et l’intermittence
Eolien et photovoltaïque sont des énergies intermittentes dont la puissance fournie est totalement décorrélée de la demande des habitants et de toutes les structures qui font appel à l’électricité, demande qui est très variable au cours de la journée et des saisons. La valeur d’usage « économique » de cette électricité est donc très faible sauf si le parc est associé à un « back-up » régulateur. C’est le réseau national, alimenté par des moyens de production pilotables (nucléaire, hydraulique), qui en encaissant les variations aléatoires de puissance de l’éolien et du photovoltaïque donnera de la valeur à l’électricité qu’ils produisent. Service plus que gratuit puisque EDF achètera cette électricité, que l’on peut qualifier de mauvaise qualité, bien plus cher (175 euros le MWh pour le parc éolien offshore de St Brieuc) que 42 euros, le prix qu’elle vend sa production nucléaire à ses concurrents pour qu’ils puissent lui faire concurrence ! La situation se traduira aussi par une baisse du facteur de charge du nucléaire dont la puissance devra diminuer lors des fortes productions des intermittentes, réduisant sa rentabilité économique. La production photovoltaïque est évidemment nulle la nuit et elle est 4 fois plus faible en hiver qu’en été.
Pour se convaincre de l’intermittence de l’éolien, dont certains doutent avec l’argument il y a toujours du vent quelque part, il suffit de rappeler que le 25 janvier dernier en fin d’après-midi, au pic de consommation électrique national, l’éolien de 18 500 MW installés ne produisait que 600 à 700 MW.
Et la décarbonation
Par ailleurs si ces énergies intermittentes produisent de l’électricité décarbonée, leur production hyper variable sera régulée par un réseau déjà largement décarboné car alimenté essentiellement par du nucléaire et de l’hydraulique tous deux décarbonés : donc aucune valeur d’usage « climatique ». Ce n’est pas le même cas en Allemagne où la filière électrique est très carbonée, elle repose sur le lignite, le charbon, et à terme beaucoup sur le gaz importé des Etats-Unis sous forme liquéfiée ou par gazoduc de Russie (Nord Stream 2). L’introduction de l’éolien y contribue alors à diminuer les émissions de CO2.
On peut sérieusement se poser la question : Est-ce qu’un panneau photovoltaïque fabriqué en Chine avec une électricité très carbonée où il se charge d’une dette carbone, la remboursera pendant sa durée de vie dans les conditions françaises ?
Et les coûts, les prix
Sur ce sujet particulièrement important il n’est pas facile d’entrer dans les détails. J’aurais aimé connaître le rendement financier d’un parc photovoltaïque du type dont de nombreuses communes s’équipent en ayant l’impression de sauver le climat et en récupérant un peu d’argent. Il est sûr que bénéfice il y a mais lequel exactement ?
On peut se donner comme fourchette du prix auquel EDF achète (est obligé ou était car le dispositif a changé) le MWh aux producteurs d’énergies intermittentes, 90 à 200 euros le MWh. Il y a eu dans le passé des contrats pour le photovoltaïque où EDF achetait le MWh à 600 euros. On le voit, c’est fabuleusement supérieur aux 42 euros cités précédemment.
Ce que l’on peut dire en tout cas c’est que les bénéfices se retrouvent à la charge de tous les consommateurs d’électricité, même les précaires, et des contribuables par le biais des taxes :
- CSPE sur l’électricité (apparemment maintenant supprimée par le gouvernement pour limiter à 4% l’augmentation du tarif réglementé de l’électricité (TRV) qui aurait dû augmenter de 45 % à cause de l’augmentation récente et considérable du prix du gaz. Un exemple de la débilité du « marché » et des règles européennes, car le gaz en France est bien moins utilisé pour la production d’électricité que le nucléaire qui lui n’a pas eu raison d’augmenter.
- TICPE taxe intérieure sur la consommation de produits énergétiques. Taxe dont l’augmentation avait conduit aux « gilets jaunes ».
Ces taxes représentent environ 7 milliards par an pour éolien + photovoltaïque. Et on peut avancer qu’au total la France s’est engagée de manière cumulée pour près de 200 milliards de subventions. Pour quelle production d’électricité ? Je n’ai pas fait le calcul.
Deux remarques :
- Un parc important d’énergies intermittentes met en danger la stabilité du réseau.
- A noter que le coût global du système doit tenir compte de l’intégration de ces sources intermittentes dans le réseau électrique, nécessitant de très nombreuses nouvelles lignes électriques qui sont dimensionnées pour les productions maximales de ces sources, mais transportent en moyenne annuelle 4 (éolien) à 7 (photovoltaïque) fois moins d’électricité que leur capacité maximale.
En conclusion je dirais que le MNLE, défenseur de l’environnement, serait bien inspiré de se préoccuper de l’introduction massive en France de l’éolien et du photovoltaïque. C’est vrai, comme l’ont dit Hollande et Macron, sur ce point on a du retard sur l’Allemagne.