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Communiqué de Presse : Déchets Corses, STOP !

  

                                                 COMMUNIQUE DE PRESSE

                                                         Déchets corses, stop !

Le Mouvement National de Lutte pour l’Environnement n’accepte pas que les usines d’incinération             de l’Ariane à Nice, de Fos sur Mer et de Vedene, soient utilisées pour brûler les déchets ménagers              de la Région Corse stockés depuis des mois, dans un état de putréfaction qui défit toutes les règles sanitaires.

Les autorisations délivrées par les préfets font fi des règles de mise en concurrence en utilisant les dérogations rendues possibles par la crise du Covid-19, ce qui est un comble.

Le traitement des déchets est une compétence des Conseils régionaux. Celui de Provence-Alpes- Côte d’Azur a adopté son règlement alors que le président de la Métropole niçoise, maire de Nice, était encore à sa tête. Ce règlement stipule que « les déchets doivent être traités dans leur département d’origine. »

21 000 tonnes d’ordures ménagères vont être déversées dans les trois incinérateurs de la région, le bilan carbone de cette décision est particulièrement mauvais, quant aux riverains des incinérateurs, ils subiront les conséquences olfactives et sonores.

Nous demandons à Monsieur le Préfet de Région de faire cesser immédiatement ce scandale.

Pour le MNLE-Paca,                                                                                                                                 Gérard Piel, président

Pour le MNLE-06,                                                                                                                                   Virginie Parent et Denis La Spesa, co-présidents

Pour le MNLE-13,                                                                                                                                     Lucien Frau, président

Pour tout contact :                                                                                                                                                 Gérard PIEL                                                                                                                                   06,08,21,76,99

Communiqué de Presse : NON à la disparition du service public ferroviaire en PACA !

COMMUNIQUE DE PRESSE
NON à la disparition du service public ferroviaire en PACA !

Le Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur, en plein confinement, veut faire disparaître le Service Public Ferroviaire.

Le Président du Conseil Régional, qui est en même temps Président des régions de France, vient de lancer un Appel d’Offres pour l’ouverture à la concurrence des TER de sa région, à travers 2 contrats : la banlieue de Nice et l’axe Marseille-Toulon-Nice. Selon lui, avec cette mise en concurrence les trains seront forcément à l’heure avec une nette amélioration de la qualité du service et des prix nettement moins élevés qu’avec la Sncf.

En application des directives européennes, la majorité du Conseil Régional Provence Alpes Côte d’Azur a donc souhaité, en plein confinement, devancer les dates d’ouverture de la mise en concurrence des transports voyageurs, demandée par l’Union Européenne et acceptée par l’Etat alors qu’il n’était pas obligé de le faire.

D’autres Régions, après avoir pris le temps de regarder ce qui se passe dans les pays où cela a déjà été mis en place, refusent d’appliquer ces directives. En effet au Royaume-Uni, après avoir été obligé de renationaliser le Service des Infrastructures après les différents accidents entrainant des dizaines de morts, la qualité des services réalisés par les 26 sociétés privées s’est fortement détériorée, les prix des billets pour les usagers se sont envolés à tel point que les différentes lignes privatisées sont petit à petit renationalisées. En Allemagne le succès est tel qu’il est même envisagé « un retour à un fonctionnement plus centralisé ». En France les difficultés concernant le fret ferroviaire qui depuis sa mise en concurrence en 2008, n’a cessé de baisser à tel point que de nombreux dirigeants sont inquiets quant à l’acheminement possible des produits nécessaires pour lutter contre le coronavirus. De plus sur la Région Provence Alpes Côte d’Azur la pollution par les gaz à effets de serre émis par les voitures et les camions, préoccupe l’Europe qui a mis la Région en demeure d’intervenir rapidement avec menaces de sanctions.

« Alors pourquoi, Monsieur le Président, avez-vous lancé cet appel d’offres maintenant, si ce n’est que vous espérez que les cheminots dans cette période de pandémie n’osent vous répondre vivement. Ce n’est un secret pour personne que vous ne voulez pas d’un Service Public Ferroviaire géré par la Sncf et les Cheminots, à tel point que vous l’empêchez même de pouvoir répondre à l’appel d’offres en demandant que l’attributaire du contrat crée une Société dédiée à la gestion du service. En plus pour attirer vos amis du privé vous leur promettez de construire au frais de la Région deux ateliers de maintenance, ce que vous auriez pu faire depuis votre prise de fonction, en plus des 200 000 € que vous allez remettre à chacune des Sociétés qui répondront à l’appel d’Offres afin de les dédommager !!!!! Il est ainsi facile de remettre de l’argent public au privé. !!!!

Dans la situation actuelle du pays, votre Vice-Président vient même de déclarer dans un courrier envoyé aux organisations syndicales qu’il ne serait pas judicieux, en ce moment, d’engager une polémique sur ces problèmes d’ouverture à la concurrence, les français devraient donc voir

disparaître leur service public, véritable barrière au dérèglement climatique, sans pouvoir dire quelque chose.

Nous espérons que ce service public ferroviaire fera partie des biens et services à placer en dehors du marché selon le Président de la République et qu’il vous sera ainsi impossible de mettre en place cette démolition d’un service public qui a su depuis de très nombreuses années être très efficace pour le pays et ses habitants »

En cette période de crise sanitaire, tout le secteur public se retrouve en première ligne, il est important de changer de cap et de lui redonner de vrais moyens, préparons ensemble le jour d’après.

Le Président du MNLE PACA                                                       Le Président du MNLE Réseau Homme et Nature

 

Merci SUZANNE

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MERCI SUZANNE

Après une longue maladie, notre  amie Suzanne Kolasa vient de nous quitter. Suzanne, avec son association La Courneuve Environnement, a marqué les batailles pour l’environnement en Seine-Saint-Denis, notamment pour le développement du parc Georges Valbon.

Dans les années 1995-2000, avec le MNLE93, elle a animé la bataille victorieuse contre la traversée du parc  par la A16.

En 2015, elle s’est opposée au projet Castro et ses 24 000 logements sur le pourtour  du  parc.

Nul doute que l’urbanisation de l’Aire des Vents et son Cluster des médias aurait été aussi de ses combats.

Merci Suzanne pour ton engagement, ta détermination pour l’amélioration de la qualité de vie des gens.

 

Le MNLE93 et Nord Est parisien adresse à ses proches et à ses amis de La Courneuve Environnement ses plus fraternelles condoléances.

 

Jean Marie Baty

 

Communiqué du MNLE : Le coronavirus a bon dos

COMMUNIQUE

LE CORONAVIRUS A BON DOS

LA DEMOCRATIE CLOUEE AU PILORI

Le Mouvement National de Lutte pour l’Environnement – Réseau Homme et Nature (MNLE), comme les 18 responsables d’associations ayant publié la tribune « plus jamais ça, préparons le jour d’après », s’inquiète des mesures exceptionnelles prises par notre gouvernement face à la pandémie en cours. Le MNLE invite donc aussi les citoyens à préparer, ensemble, les jours d’après. Sans mettre en cause certaines mesures visant à limiter la progression du virus, les deux lois sur l’état d’urgence, et surtout les innombrables ordonnances qui suivent montrent les intentions du pouvoir de profiter de la situation pour restreindre les libertés et aggraver les inégalités sociales, et ce d’une manière durable.

SUR LES LIBERTES :

La loi 2020-290 du 23 mars dernier contient des mesures de restriction de libertés les plus graves de l’histoire depuis la deuxième guerre mondiale. Et il s’agit vraisemblablement d’un test pour en vérifier l’acceptabilité par la population et envisager d’en pérenniser certaines. Les rassemblements sur la voie publique par exemple, qui ont déjà fait l’objet de limitations durant les grandes luttes des gilets jaunes et celles de l’automne et de l’hiver dernier.

L’évolution, par ordonnance, des règles de procédure pénale permettra à la « justice » d’être rendue avec un seul juge, éventuellement sans avocat voire sans les intéressés eux-mêmes….

SUR LE RESPECT DES TRAVAILLEURS :

Et que dire des atteintes à ce qui reste du code du travail : la loi donne pleine liberté aux employeurs pour faire reporter les congés, augmenter la durée quotidienne du travail à 12 h, et hebdomadaire à 60 heures. Ainsi, ceux qui auront été le plus durement touchés durant la lutte contre la pandémie se verront encore usés jusqu’à l’épuisement.

SUR LA CONSTITUTIONNALITE :

Craignant d’être contesté, le gouvernement a fait adopter dans l’urgence une loi organique suspendant jusqu’au 30 juin la possibilité pour le Conseil d’Etat ou la Cour de Cassation de se prononcer sur une Question Prioritaire de Constitutionnalité. Or cette adoption est elle-même non constitutionnelle, puisque les délais d’adoption par les chambres n’ont pas été respectés !

ET LES PROMESSES ?

Le Président MACRON a promis de revaloriser les professions de santé. Promesse floue s’il en est. On imagine en fait l’avenir de cette promesse au regard des mesures de relance : 45 milliards pour les entreprises, et 5 malheureux milliards répartis sur 10 ans pour l’hôpital public !

En fait le jour d’après de MACRON s’apparente à un retour en arrière de près d’un siècle. La pandémie a bon dos !

Alors oui, il faut que les citoyens disent non à cette vision du monde et construisent ensemble des jours d’après respectueux du travail, de l’humain dans son environnement.

PARIS, le 8 avril 2020

MNLE Réseau Homme&Nature Tél : 06 36 48 09 90 Adresse courriel : mnle@wanadoo.frSite : reseauhommeetnature.mnle.fr                                          Administration : Plateforme Associative ACTE, 87 Boulevard TELLENE, 13007 MARSEILLE
                                                           Service financier : 56 rue Henry LABAY, LE HAVRE 76620                                                                                                                                    
Siège social : 13, rue DES FETES 75019 PARIS

Coronavirus le MNLE PDL Naturellement et France-Cuba Pays de la Loire/Bretagne saisissent les parlementaires

Notre amie Martine du THÉÂTRE d’ICI et d’AILLEURS s’exprime de son balcon nantais…… 
Dernière minute les équipes médicales cubaines sont autorisées à se rendre en Martinique, encore un petit effort, les avions cubains peuvent se poser en métropole avant mardi 31 mars 2020.

Faisons vivre à plein la solidarité plutôt que le chacun pour soi!

Madame, Monsieur le Président (e) de groupe au Parlement,

Si notre région n’est pas encore atteinte en terme de « pic épidémique », nous somme étonné du silence de l’exécutif à l’égard de la proposition porté par  l’association France-Cuba.
Nous avons noté que certains parlementaires avaient relayé la lettre de France Cuba, au Président de la République et au Ministre de la Santé.
Le retard pris en France pour mettre en place des mesures, à pleine efficacité, ne nous surprennent pas mais nous inquiète, comme le cris d’alarme des personnels médicaux, nous pensons qu’il n’est plus nécessaire de nous rassurer par tant de certitudes sur nos capacités propres.

Comme l’évoque Edgard Morin :

« Le virus éclaire aujourd’hui de manière immédiate et tragique cette communauté de destin. En prendrons-nous enfin conscience ? Faute de solidarité internationale et d’organismes communs pour prendre des mesures à l’échelle de la pandémie, on assiste à la fermeture égoïste des nations sur elles-mêmes. »
Edgar Morin publication dans l’Obs du 18 mars 2020.

Nous croyons utile de saisir les Présidents(es) de groupe au Parlement, cette démarche nous semble utile afin que le gouvernement français sache saisir la possibilité qu’offre Cuba d’apporter une assistance avec des médecins expérimentés qui ont su apporter,  dans plusieurs régions du monde, leur expertise et leur dévouement comme en Chine, en Afrique par exemple. Plusieurs dizaines d’État se sont rapproché de l’État cubain pour demander assistance.

Nous espérons que vous pourrez faire valoir cette argumentation à l’exécutif.

Merci de bien vouloir nous faire savoir quelle suite vous pourriez donner à notre sollicitation.

En PJ le communiqué de presse du MNLE PDL Naturellement, celui de France Cuba et la lettre au Président de la république et au Ministre de la Santé et  le lien pour suivre la conférence du professeur au Collège de France Philippe Sansonetti.

https://www.college-de-france.fr/site/philippe-sansonetti/seminar-2020-03-16-13h00.htm
Covid 19 Lettre au Président (1)
Communiqué de l’associaition France Cuba du 22 mars 2020

Veuillez agréer, Madame, Monsieur, le(a) Président(e) de groupe, nos respectueuses considérations.

Jean-Paul Martel
Président du MNLE PDL Naturellement

Le phoque de l ‘île d’yeu en Vendée

Luna Toizel a bien voulu nous mettre à disposition quelques photos pleines d’émotions

Analyse : Loi « urgence sanitaire », une loi de classe

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Livre photo créé par jcomp - fr.freepik.com
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Le gouvernement, s’appuyant sur la peur qu’il développe depuis plusieurs semaines,  vient de faire adopter en extrême urgence, une loi d’exception (une de plus) créant un nouvel état d’organisation de la société.

Pourquoi cette loi, quelle est son utilité ?

Le gouvernement présente, dans l’exposé des motifs,  la nécessité de cette loi par l’argumentation suivante : « La crise majeure que traverse notre pays au plan sanitaire, sans précédent depuis un siècle, fait apparaître la nécessité de développer les moyens à la disposition des autorités exécutives pour faire face à l’urgence, dans un cadre juridique lui-même renforcé et plus facilement adaptable aux circonstances, notamment locales. 

En raison du caractère pathogène et contagieux du virus covid-19 et de l’urgence de santé publique que l’évolution de sa propagation entraîne, le Gouvernement a été conduit à limiter fortement les déplacements des personnes hors de leurs domiciles ».

Le projet, outre ces dispositions liées à la crise sanitaire proprement dite, traite aussi du report du deuxième tour des élections municipales, en raison de cette crise. Ce report étant un problème spécifique, je ne traiterai dans cette note, que la question de l’établissement de l’urgence sanitaire et ses conséquences pour les salariés et la population, soit le titre II du projet de loi qui  « instaure un dispositif d’état d’urgence sanitaire », et le « titre III relatif aux mesures économiques et d’adaptation à la lutte contre l’épidémie ».

Il ne s’agit pas de contester, que des mesures exceptionnelles et proportionnées puissent être prises pour éviter des morts suite à une épidémie, mais il s’agit d’essayer de comprendre pourquoi une telle loi est jugée indispensable par le gouvernement et sa majorité, et pourquoi elle a un tel contenu.

La première question à se poser, est : « Cette loi est-elle indispensable au regard de la loi actuelle, le gouvernement ne dispose-t-il pas des moyens juridiques pour faire face à la crise sanitaire majeure que traverse notre pays, et par conséquent faut-il une nouvelle loi pour les lui donner s’il n’en dispose pas ? »

Le gouvernement argumente en expliquant que la seule base juridique pour faire face à une catastrophe sanitaire est l’article L 31-31 -1 du code  de santé public. Que dit cet article : « En cas de menace sanitaire grave appelant des mesures d’urgence, notamment en cas de menace d’épidémie, le ministre chargé de la santé peut, par arrêté motivé, prescrire dans l’intérêt de la santé publique toute mesure proportionnée aux risques courus et appropriée aux circonstances de temps et de lieu afin de prévenir et de limiter les conséquences des menaces possibles sur la santé de la population.
Le ministre peut habiliter le représentant de l’État territorialement compétent à prendre toutes mesures d’application de ces dispositions, y compris des mesures individuelles. Ces dernières mesures font immédiatement l’objet d’une information du procureur de la République.
Le représentant de l’État dans le département et les personnes placées sous son autorité sont tenus de préserver la confidentialité des données à l’égard des tiers.
Le représentant de l’État rend compte au ministre chargé de la santé des actions entreprises et des résultats obtenus en application du présent article. »[1]

Cet article permet donc au gouvernement de prendre pratiquement toutes dispositions jugées utiles, y compris des mesures individuelles, qui bien entendu peuvent limiter drastiquement les libertés individuelles, pour faire face à une épidémie. Ce dont le gouvernement ne s’est d’ailleurs pas privé en déclarant le confinement de toute la population du pays, ce qui n’avait jamais été fait, y compris en état de guerre (la vraie).

Quels sont alors les objectifs de cette loi ? Apporte-t-elle des dispositions plus précises, par exemple sur la « menace sanitaire grave appelant des mesures d’urgence, notamment en cas de menace d’épidémie, »

La définition adoptée de « l’état d’urgence  sanitaire » est-elle plus précise, ce qui pourrait justifier la loi sur le fond. Or la définition adoptée est très vague :  « L’état d’urgence sanitaire peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain et des collectivités régies par les articles 73 et 74 de la Constitution et en Nouvelle-Calédonie en cas de catastrophe sanitaire, notamment d’épidémie mettant en  péril par sa nature et sa gravité, la santé de la population. »

Cette définition demeure aussi vague, et même par certains cotés plus vague, que celle de l’article 31-31 -1 du code de la santé publique. Elle est suffisamment flou pour que la Commission Nationale Consultative de Droits de l’Homme (CNCDH), fasse la réflexion suivante : « L’état d’urgence sanitaire peut être déclenché en cas de « catastrophe sanitaire », laquelle n’est définie dans le projet que de la manière suivante : « catastrophe sanitaire, notamment d’épidémie mettant en péril par sa nature et sa gravité, la santé de la population ». Cette définition, très large, doit être précisée pour l’avenir. La catastrophe sanitaire pourrait ainsi être définie comme « une situation sanitaire qui, par sa nature, sa gravité, son ampleur, et son caractère non maîtrisé par le système médical, met en péril la vie d’une partie de la population et le fonctionnement de la vie de la Nation ».
Le décret qui déclare l’état d’urgence sanitaire devrait être pris, non seulement sur la base d’un rapport du ministre chargé de la santé (tel que prévu dans l’alinéa 13), mais également au regard d’un avis public du Haut conseil de la santé publique (L 1411-4 du CSP). ». Le gouvernement n’a tenu aucun compte de cet avis malgré des amendements de députés essentiellement de gauche la reprenant. Tous ces amendements ont été rejeté en séance à l’Assemblée nationale. Cette disposition permet au gouvernement d’agir comme il l’entend.

Un des motifs de cette loi, est sans doute la volonté du gouvernement de camoufler par la surenchère son impéritie dans la gestion de cette crise. Après avoir soutenu dans tous les médias que les masques ne servaient à rien pour cacher son manque d’action pour s’en procurer (j’y reviendrai), avoir maintenu les élections municipales pour des raisons politiciennes, avoir retardé la prise de décision de confinement,  afin de faire passer en force sa loi sur la réforme des retraites, avoir insulté les français parce-qu’ils n’appliquaient pas les consignes de sécurité alors que le président de la République lui-même se montrait au théâtre…, il en rajoute dans la répression.

Il convient aussi, par des mesures de plus en plus strictes, de faire oublier la manière dont les professionnels de la santé ont été traités les mois précédents l’épidémie. Toutes leurs alertes sur la dégradation des conditions de travail, sur le fait que dans beaucoup de cas (urgences, psychiatrie, maternités…) les services étaient au bord de la rupture, ont été ignorées. Malgré plusieurs mois de grèves, toutes leurs revendications ont été rejetées, et les fermeture de lits et d’établissements ont continué. Toutefois les personnels de santé continuent à faire face, mais la réponse à leurs besoins en matériels, et moyens ne sont manifestement pas la priorité du gouvernement, et ce ne sont pas les applaudissements[2] chaque soir à 20 heures qui régleront ces questions, même si c’est une forme d’encouragement et de remerciement de la population, ça ne compense pas l’impéritie des gouvernants.

Notre système de santé a été affaibli depuis plusieurs dizaines d’années dans toutes ses dimensions,  la recherche, les soins avec les économies exigées aussi bien dans la médecine de ville qu’à l’hôpital. L’industrie n’est plus capable, dans les médicaments comme dans le matériel de répondre aux besoins parce-qu’elle a été délocalisée pour cause de « compétitivité ». L’interview de Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique sur le Covid-19, en détaillant dans le Monde du dimanche 23-lundi 24mars, la stratégie mise en œuvre en France, nous en donne quelques illustrations : « En France,dit-il, environ 8000 tests sont réalisés chaque jour. Les laboratoires privés vont s’y ajouter mais nous avons un énorme problème avec les réactifs utilisés dans les tests. Ces réactifs de base proviennent de production de Chine et des États-Unis. La machine de production s’est arrêter en Chine et les États-Unis les gardent pour eux. » C’est la même chose pour les médicaments en général, pour les masques qui manquent cruellement à tous ceux et celles, qui travaillent au contact de la population, etc. .

Un bilan de ces politiques devra bien être fait le moment venu. Comme d’habitude Macron promet que tout va changer, « qu’après ne sera pas comme avant ». La même chose nous avait été dit en 2008 au plus fort de la crise de l’euro. Nous avons vue la suite.

Comment croire un gouvernement dont une ministre, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’ Économie et des Finances, déclarait le 10 mars, sur les plateaux de Cnews (sans être démentie) à propos de l’effondrement des bourses : « C’est plutôt le moment de faire des bonnes affaires en bourses », conseil que si nous en croyons « Le Canard enchaîné » du mercredi 18 mars 2020, les PDG du CAC40 ne manquent pas de mettre en œuvre pour s’enrichir personnellement.

Mais tout cela, c’est fini, la preuve : « « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe  qui tienne fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. » ;allocution du 12 mars 2020 au soir, à propos de la pandémie du Covid-19  d’Emmanuel MACRON, président de la République.

 Et, donc il est bien évident que Macron va prendre les dispositions suivantes :

  1. Pour la santé. Ouvrir de véritable négociations avec les personnels de santé en grève      depuis des mois pour enfin satisfaire leurs revendications , rouvrir des lits , les maternités, et les établissements fermés en chaîne depuis des années ; permettre à toutes personnes sur notre sol l’accès aux soins sans condition de revenu ou de situation administrative ; sortir le « Health Data Hub » (HDH), des mains de Microsoft, pour que les données  de santé ne soient pas « à d’autres », soient effectivement protégées et que la « France en reprenne le contrôle »; la sécurité sociale va être à nouveau gérer majoritairement par les syndicats comme à l’origine et toutes les dégrèvements de cotisations employeurs abrogées etc.
  2. Pour l’État-providence. Retirer définitivement la réforme des retraites en cours et engager de véritables négociations, sur la base des propositions des syndicats qui majoritairement s’opposent à la réforme engagée. Arrêter et revoir, l’injuste et absurde réforme du baccalauréat et revoir le Service National Universel (SNU). Revoir les dégrèvements de cotisations sociales aux entreprises qui effectivement de sont pas des charges afin d’assurer le financement des diverses branches de notre protection sociale. S’engager vers une répartition plus juste de la valeur ajoutée par l’augmentation du SMIG et des salaires ; rétablir l’ISF et une fiscalité sur le capital permettant de réduire les inégalités et lutter effectivement contre les paradis fiscaux, l’évasion et l’optimisation fiscale, supprimer le CICE etc. ;
  3. Pour notre cadre de vie : Arrêter définitivement la privatisation d’Aéroport de Paris, de la Française des jeux, le démantèlement l’Office National des Forêts et des administrations de l’État ; arrêter les projets souvent pharaoniques et inutiles tels la quatrième piste de l’aérogare de Roissy ou l’aménagement en centre commercial de la Gare-du-Nord de Paris (mais il ne s’agit là que de deux exemples parmi des dizaines de ces projets) ;Engager tout de suite, avec les organisations syndicales, les associations, un balayage de toute une série de lois qui justement livrent des « biens et services précieux, à d’autres », lois PACTE, ELAN, ESSOC, Jeux-Olympiques, Notre-Dame-de-Paris etc. ;
  4. Sur les « faiblesses de notre démocratie », le gouvernement va revoir ses conceptions et méthodes de l’utilisation des forces de polices et de gendarmerie dans le maintien de l’ordre public et sanctionner les violences policières, protéger les personnes plus que les biens, abroger nombres de mesures législatives et pratiques administratives restreignant les libertés individuelles et collectives, sanctionner les atteintes aux libertés syndicales et associatives.

La liste des ruptures que Macron va engager après, n’est évidemment pas exhaustive ! Mais n’ayons pas trop d’illusions. C’est pourtant dans cette direction qu’il faut agir.

Venons en aux détails des dispositions.

Les libertés.

Le projet de loi prévoit des dispositions exorbitantes de toutes dispositions légales, jamais appliquées jusqu’ici, interdiction d’aller et venir, c’est à dire de sortir de chez soi, bien sur de manifester, de se réunir, de voir ses proches sous peine d’amendes et de peines exorbitantes ( jusqu’à 3750 euros proposé par le gouvernement et 6 mois de prison).

Le texte du projet de loi du gouvernement : dans l’article 5, indique :

«  Art. L. 3131-24. −La déclaration de l’état d’urgence sanitaire donne au ministre chargé de la santé le pouvoir de prescrire par arrêté motivé toutes les autres mesures générales et les mesures individuelles restreignant la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion[3], visant à mettre fin à la catastrophe mentionnée à l’article L. 3131-20. Ces mesures sont proportionnées aux risques encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu. »

A nouveau la CNCDH a fait des observations à ce sujet et pointe plusieurs item du projet de loi :

«  Articles 5 al.17 et 18 : fin de l’état d’urgence sanitaire L’état d’urgence sanitaire emportant de graves restrictions aux droits et libertés, il est indispensable de prévoir les modalités pour y mettre fin, dès lors que les circonstances justifiant sa mise en œuvre ne sont plus présentes. Cette exigence découle de la jurisprudence applicable à l’article 15 de la Convention européenne des droits de l’homme.

 – Article 5 al. 20 : adéquation des mesures La nécessité et la proportionnalité des mesures sont évoquées mais non leur adéquation aux circonstances, cet élément devrait être ajouté.

  • Article 5 al. 23 et 24 : sur les arrêtés La CNCDH souligne que l’adoption de dispositions attentatoires aux droits et libertés fondamentaux (liberté d’aller et venir, liberté de réunion liberté de culte, liberté d’entreprendre, etc.) par simple arrêté motivé du ministre des solidarités et de la santé, sans aucun contrôle, ni examen préalable par le Conseil d’État n’est pas admissible dans un État de droit. Il est indispensable de prévoir un support textuel de source plus protectrice, à tout le moins un décret pris en conseil d’état. Par ailleurs, si le texte vise la proportionnalité et l’appropriation des mesures, il conviendrait de préciser qu’elles doivent être « nécessaires, adéquates et proportionnée ».

Mais tous les amendements des députés de la gauche, reprenant ces recommandations,ont été rejetés par le gouvernement et la majorité.

Sur le contrôle par le parlement de ces mesures, le projet de loi ne disait rien, la CNDDH, a fait les remarques suivantes :

« – Article 5 al. 15 : contrôle parlementaire. La CNCDH insiste sur l’importance du maintien à 12 jours de l’intervention du Parlement pour autoriser l’état d’urgence sanitaire, qui garantit que cet état d’exception est décidé conformément aux exigences d’un État de droit démocratique. Il est indispensable que le Parlement puisse évaluer et contrôler de manière régulière et continue l’action gouvernementale pendant l’état d’urgence sanitaire. », mais le gouvernement a maintenu dans la loi le délais d’un mois, en précisant la main sur le cœur dans les débats à l’Assemblée Nationale, que la loi prévoyait que le gouvernement remettrait au parlement, un rapport sur l’état de l’épidémie la 10 mai, et que  le parlement pourrait donc débattre de la situation à cette date, et que de toutes façons la loi était prévue seulement pour un an, que donc le bilan serait fait dans un an et que tout serait remis à plat à ce moment là.

Précisons que l’habilitation porte sur 43 ordonnances, dont personne ne connaît le contenu, dont 20 au moins la semaine suivant l’adoption de la loi.

Par contre le gouvernent a déposé en séance un amendement portant sur les sanctions, l’amende serait portée à 3750 euros, avec possibilité de 6 mois de prison en cas de récidive. Devant les réactions des députés, après une suspension de séance, un « compromis » a été trouvé entre les députés et le gouvernement (Mme Belloubet, Garde des sceaux, ministre de la justice), la proposition est la suivante, 135€ pour la première infraction, 1500€ en cas de récidive, 3750 et 6 mois de prison à la quatrième infraction. Trois remarques à ce sujet :
1) en passant à la quatrième infraction à la prison et à ce niveau d’amende, on passe dans le délit ce qui exige un jugement, donc la réunion d’un tribunal en période d’épidémie où la justice marche très au ralenti, première incohérence ;
2)  envoyer les gens en prison alors que le confinement et la promiscuité sont des facteurs de contamination accélérés, et qu’il faut au contraire désencombrer les prisons surpeuplées, est un acte quasi criminel ;
3) cette mesure argumentée par madame Belloubet par la courte et brillante  intervention : « l’Italie et l’Espagne prennent des mesures similaires », démontre à la fois l’inconséquence du gouvernement quand aux conséquences de ses décisions, son impréparation et son improvisation, son amateurisme, son impossibilité d’argumenter sérieusement ses décisions et son mépris du parlement et du peuple.

Mais nous pouvons nous interroger aussi sur les objectifs de cette mesure, soit elle est inapplicable ce que semblent soutenir certains juristes et alors elle est inutile et c’est une provocation vis à vis du peuple et un effet de communication, soit elle sera appliquée et nous sommes loin d’un pays démocratique, mais tombons dans la catégorie des pays autoritaires pour le moins. Ne s’agit-il pas aussi de tester jusqu’où les français sont-ils prêts a accepter les restrictions des libertés pour l’avenir ?

Les droits sociaux.

La loi prévoit beaucoup de dispositions pour les entreprises, y compris celles du CAC40 qui dégagent des profits et distribuent des dividendes à tour de bras, qui ne sont pas l’objet de cette note.

Par contre elle prévoit des mesures, temporaires nous dit-on, de destructions quasi complète des droits des travailleurs.

Article 7 du projet de loi :

« b) En matière de droit du travail, de droit de la sécurité sociale et de droit de la fonction publique ayant pour objet de :

I) Limiter les ruptures des contrats de travail et atténuer les effets de la baisse d’activité, en facilitant et en renforçant le recours à l’activité partielle, notamment en l’étendant à de nouvelles catégories de bénéficiaires, en réduisant, pour les salariés, le reste à charge pour l’employeur et, pour les indépendants, la perte de revenus, en adaptant ses modalités de mise en œuvre, en favorisant une meilleure articulation avec la formation professionnelle et une meilleure prise en compte des salariés à temps partiel ;

II) Adapter les conditions et modalités d’attribution de l’indemnité complémentaire prévue à l’article L. 1226-1 du code du travail, en cas de risque sanitaire grave et exceptionnel;

III) Modifier les conditions d’acquisition de congés payés et permettre à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés, des jours de réduction du temps de travail et des jours de repos affectés sur le compte épargne temps du salarié, en dérogeant aux délais de prévenance et aux modalités d’utilisation définis par le livre 1er de la troisième partie du code du travail, les conventions et accords collectifs ainsi que par le statut général de la fonction publique ;

IV) Permettre aux entreprises de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation ou à la continuité de la vie économique et sociale de déroger aux règles du code du travail et aux stipulations conventionnelles relatives à la durée du travail, au repos hebdomadaire et au repos dominical ;

 V) Modifier, à titre exceptionnel, les dates limites et les modalités de versement des sommes versées au titre de l’intéressement en application de l’article L. 3314-9 du code du travail, et au titre de la participation en application de l’article L. 3324-12 du même code ;

 VI) Adapter l’organisation de l’élection visée à l’article L. 2122-10-1 du code du travail, en modifiant si nécessaire la définition du corps électoral, et, en conséquence, proroger, à titre exceptionnel, la durée des mandats des conseillers prud’hommes et des membres des commissions paritaires régionales interprofessionnelles ;

VII) Aménager les modalités de l’exercice par les services de santé au travail de leurs missions définies au titre II du livre VI de la quatrième partie du code du travail et notamment du suivi de l’état de santé des travailleurs et définir les règles selon lesquelles le suivi de l’état de santé est assuré pour les travailleurs qui n’ont pu, en raison de l’épidémie, bénéficier du suivi prévu par le code du travail ;

VIII) Modifier les modalités d’information et de consultation des instances représentatives du personnel, notamment du comité social et économique pour leur permettre d’émettre les avis requis dans les délais impartis ; 

IX) Aménager les dispositions de la sixième partie du code du travail, notamment afin de permettre aux employeurs, aux organismes de formation et aux opérateurs de satisfaire aux obligations légales en matière de qualité et d’enregistrement des certifications et habilitations ainsi que d’adapter les conditions de rémunérations et de versement des cotisations sociales des stagiaires de la formation professionnelle ; »

Je pense que pour tout syndicaliste cette longue citation se passe de commentaire ! Bien entendu, bien d’autres aspects de cette loi mériteraient une analyse, il faudra bien sur la faire, ne serait-ce qu’en prévision des débats dans un an, au parlement, à la fin de sa période de validité. Les débats porteront alors, non seulement sur le bilan de la loi, mais aussi sur ce qui doit être conservé dans la loi normale et pérenne, ce qui doit être modifié etc. Or nous savons par expérience que toutes les mesures y compris et, peut-être même surtout, celles qui sont attentatoires aux libertés fondamentales et aux acquis sociaux dans les lois d’exception, ont toujours tendance à être banalisées.

Une loi de classe.

Bien entendu, il convient pour un gouvernement de prendre des mesures adaptées pour éviter une contagion et une hécatombe dans le cadre d’une épidémie, surtout quand nous ne connaissons rien ou pas grand chose du virus qui en est la cause. Ce n’est pas cela qui est en cause dans cette loi. Le problème est que la loi est profondément déséquilibrée. La moitié environ des travailleurs assurent le fonctionnement du pays. Ce sont les catégories de salariés les moins payés, le plus souvent des travailleurs manuels les moins considérés (éboueurs, routiers, caissières ou caissiers etc.), de qui on exige beaucoup dans cette période car l’impéritie du gouvernement les obligent aussi souvent à travailler sans protection et ce gouvernement renvoie sur eux le non-respect des consignes, comme un forme de culpabilisation de transmettre le coronavirus. Souvent ils se vivent, non sans raison, comme « la chair à canon » moderne. Bien sur dans les discours, pour eux comme pour le personnel soignant, avec des tremolos dans la voix, pas un discours officiels sans que  hommage ne leurs soit rendu. Mais« en même temps », le seul signale concret que le gouvernement leurs renvoie dans la loi est une nouvelle attaque au droit du travail et aux libertés. Comme s’il  essayait de détruire ce qui reste du code du travail et des statuts, qu’il n’a pas pu détruire dans ses lois précédentes. Bien entendu, il nous dit que ces dispositions sont temporaires, qu’elles tomberont automatiquement avec la fin de « l’état d’urgence sanitaire », mais comment le croire, comment ne pas douter de sa parole tellement elle est dévalorisée par les mensonges précédents. Avec cette majorité tout est possible, y compris la pérennisation par une nouvelle loi, de mesures attentatoires aux libertés et aux droits sociaux.

Mais à nouveau deux questions s’imposent. L’état d’urgence sanitaire a été pensé et crée sur le modèle de la loi de 1955 sur l’état d’urgence dont nous connaissons l’évolution de l’exception à la banalisation. En créant un nouvel état d’exception, il est évident qu’il est appelé à avoir la même évolution de l’exception vers la banalisation, ce qui est particulièrement inquiétant pour nos libertés et nos droit sociaux. C’est d’autant plus inquiétant que depuis une vingtaine d’années, un nouveau virus et une nouvelle pandémie apparaissent environ tous les cinq ans. Sommes nous condamnées à un état d’urgence sanitaire à cette fréquence ? Nous voyons bien que ce n’est pas une solution « soutenable », qu’il faut effectivement tout revoir. On nous objectera que ce n’est pas le moment de poser ces questions que l’heure est à la mobilisation générale pour la « guerre » contre le virus. Mais outre le fait que nous ne sommes pas en guerre, personne n’a attaqué la France, ce langage n’est non seulement pas adéquat et inadapté, mais engage le pays dans une fausse direction et tend à effacer toutes les impérities des gouvernements. Si ce n’est pas le moment, quand sera-t-il le moment, dans un an, alors que le débat sera orienté sur la pérennisation et la banalisation de ce nouveau état d’urgence ? Nous savons bien que si les questions ne sont pas posées dans les moments cruciaux et difficiles, elles ne le sont jamais, et c’est bien l’objectif de ceux qui disent ce n’est pas le moment. Ensuite nous pouvons nous poser la question si le gouvernement, avec l’appui de lobbies, ne va pas inventer d’autres formes d’état d’urgence, état d’urgence climatique, environnemental etc, si bien que nous pourrions être en permanence en état d’urgence. Il faut donc bien dans un an exiger l’abrogation pure et simple de cette loi. L’article 31-31 -1 du code de Santé publique permettant à tout gouvernement de prendre toute disposition nécessaire en cas d’épidémie.

La deuxième question est aussi difficile, pourquoi ces nouveaux virus que nous ne connaissons pas, quel relations avec la nature d’un capitalisme destructeur, qui puise dans la nature sans se préoccuper des conséquences et nous entraîne vers l’abîme ? De plus l’homme, est l’espèce la plus invasive de la planète, en détruisant toujours plus les habitats des autres espèces vivantes (notamment les forets, les zones humides, les mers), il crée de nouvelles zones de rencontres entre l’espèce humaine et les autres espèces vivantes, avec les conséquences que nous vivons et qui ne peuvent que se reproduire à cadences de plus en plus accélérées. Tous revoir, c’est aussi revoir cela.

NB : cette note a été faite à partir du projet de loi du gouvernement et du suivi des débats à l’Assemblée Nationale, débat de la commission des lois vendredi  20 mars et débat en plénière samedi 21 mars.

Jean Claude BOUAL
22 mars 2020

 

[1]Article crée par l’article 1 de la loi 2007-294 du 3 mai 2007.

[2]A 20 heure vendredi soir, toute la commission des lois de l’AN s’est levée, y compris les députés LREM, pour applaudir avec conviction. Pour ceux qui l’ignorerait LREM, c’est les macronistes !

[3]C’est moi qui souligne en gras.

Les Héros ne sont pas masqués

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André Prone* Environnementaliste, Essayiste, Président du Conseil Scientifique du MNLE

Plus d’une chose m’a frappé dans la triste histoire de la pandémie au Covid 19 qui affecte le monde et la France depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois :

– L’inégale contamination des pays et le lien qui peut être fait entre l’ampleur de cette contamination et la mise en œuvre ou pas des divers moyens organisationnels : sanitaires, politiques, économiques et sociaux, dont disposent théoriquement les Etats,

– Les différentes stratégies utilisées par ces derniers et leur incapacité à anticiper la propagation de la crise sanitaire ou leur préférence à privilégier l’économie et les profits des multinationales et de la finance au détriment de la santé publique,

– Les conséquences dramatiques et visibles de la gestion comptable et très libérale des hôpitaux publics pouvant aller jusqu’à leur asphyxie, quand ce n’est pas purement et simplement leur fermeture (et cela touche tous les pays occidentaux),

– La course au profit du groupe anglais Novacyt et du géant chinois BGi Group (sur le marché ultra compétitif de la fabrication des tests de dépistage du Covid 19) et les promesses de l’expert français BioMérieux d’un test novateur dès fin mars 2020, ce qui n’empêche pas la pénurie bien réelle de kits d’extraction d’ARN (acide ribonucléique) indispensables à la production de ces tests,

– Les attaques de certains membres du gouvernement et autres acolytes à l’encontre d’un éminent virologue marseillais malgré ses essais cliniques encourageants sur le Covid 19 et dont les travaux très anciens sur l’association hydroxy chloroquine et l’Azithromycine pour combattre d’autres virus ont fait l’objet de publications scientifiques …

Mais parmi toutes ces questions, et d’autres encore, il en une qui me taraude et à laquelle je voudrais contribuer. Car vous aurez sans doute remarqué comme moi que beaucoup de médias, experts et autres politiques, évoquent certes, l’épineux problème du manque dramatiquement criant de masque pour les travailleurs et notamment pour le personnel soignant très exposé, mais aucun, à ma connaissance, ne pose la question de simple bon sens : mais pourquoi ?

Constater que « nos héros ne sont pas masqués » est certes utile, mais plus utile encore est de se demander pourquoi.

Après quelques recherches non aisées, je suis en mesure d’apporter quelques éléments de réponses qui ne grandissent pas nos gouvernants.

Disons tout d’abord que selon une enquête du Syndicat des professionnels de santé du 6 mars 2020, 78% des soignants déclarent manquer de masques FFP2, 63% de masques FFP1 et 53% de solutions hydroalcooliques (SHA). 

Si la pénurie de masques, comme le souligne l’entreprise Rives Médical de la région Occitanie, vient du fait que les grossistes se fournissent pour l’essentiel en Chine et que la chaîne est stoppée pour cause d’épidémie ; si des quotas interdisent aux pharmacies de commander plus d’une centaine de masques par semaine, alors pourquoi, sachant que l’épidémie du coronavirus frappe la Chine depuis début décembre, le ministre en charge de la santé a-t-il attendu fin février pour commander 200 millions de masques FFP2 ? Rappelons que l’OMS avait qualifié, dès le 30 janvier 2020, l’épidémie de Covid 19 d’« urgence de santé publique de portée internationale ». Outre le fait que la commande de ces millions de masques dépend pour l’essentiel du bon vouloir du groupe américain 3M (dont la priorité de fabrication pour répondre à la demande de Trump est plus que probable), banal serait sans doute, dans ce contexte de mondialisation capitaliste, de dire qu’en matière sanitaire, compter exclusivement sur la capacité de production des marchés privés est pour le moins risqué. Malheureusement, là ne s’arrête pas l’incurie du pouvoir.

Car une autre question doit être posée : Comment est-on passé d’un stock d’Etat de 723 millions de masques FFP2 et 1 milliard de masques chirurgicaux à la pénurie, alors que le Haut Conseil de la Santé Publique avait recommandé en 2011 une gestion tournante des stocks en raison de leur péremption et demandé qu’ils soient rapidement mobilisables pour couvrir les populations et le personnel soignant en situation de crise ?  Questionné à ce sujet le 19 mars à l’assemblée nationale, le ministre des solidarités et de la Santé a répondu : « Nous disposons d’un stock d’Etat d’environ 150 millions de masques chirurgicaux et d’aucun stock de masques FFP2. Il avait été décidé, suite aux crises sanitaires précédentes -2011-2013, qu’il n’y avait plus lieu de conserver des stocks massifs de masques dans le territoire ». L’absence de stocks, selon le ministre, serait due à des décisions passées.

Notons aussi que l’acquisition des masques chirurgicaux et FFP2 n’étant plus confié à l’Eprus (Etablissement public de préparation et de réponse aux urgences sanitaires créé en 2007), le Sénat, dans un rapport publié en 2015, a pu dire : « la constitution des masques FFP2 relève désormais des employeurs ».

Et ce n’est pas tout. La commande de masques plus que tardive de l’Etat est d’autant plus un défi que toutes les chaînes de fabrication sont tendues et que le principal fournisseur français, Kolmi-Hopen, (également sollicité) ne peut pas satisfaire la forte demande. Et pour cause. Dans ancienne édition du Courrier de l’Ouest, le 23-10-2014, on pouvait lire : « Saint-Barhélemy-d’Anjou. Le coup de gueule du patron de Kolmi-Hopen : Spécialisée dans la fabrication des masques chirugicaux et les « dispositifs médicaux » non-tissés à usage unique, la société Kolmi-Hopen, qui emploie 75 personnes à Saint-Barthélemy-d’Anjou, vient de perdre un gros marché avec les centres hospitaliers français. Son directeur général reproche à l’Etat de ne pas aider suffisamment les entreprises françaises face à la concurrence asiatique ». L’entreprise ne compte plus que 35 salariés. La boucle est bouclée.

Mise en danger de la population, des soignants et des travailleurs exposés, casse du service public hospitalier…, voilà les iniques décisions du capital et du pouvoir qui auront à rendre des comptes après cette pandémie que je souhaite la moins mauvaise à tous.

André Prone*
Environnementaliste, Essayiste,
Président du Conseil Scientifique du MNLE

____________________________    

*Voir, entre autres ouvrages : « Pour une critique une critique de la marchandisation : Société, Santé, Environnement », l’Harmattan 2018

Lettre ouverte : Un autre temps

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C’est en prenant connaissance de l’article du Comité scientifique du MNLE sur l’OMS, vouée aux gémonies des lobbyings de l’industrie pharmaceutique, que je vous fais part de ma réflexion en sachant que vous l’enrichirez sûrement.

Une autre voie de ce temps, demain, auréolée de la course des étoiles, comme ce soleil couchant sur la mer, chassant même le moindre doute sur l’aube conquérante et débarrassé de la virulence d’un système de société, uniquement dirigé vers le profit d’un très petit groupe nombriliste, déshumanisé, au point de déifier l’argent, la technologie et l’intelligence artificielle, ignorant tout de l’être et du savoir vivre, celui intense de la respiration du monde.

Tout est lié et l’humanité façonne de ses mains la vie, faite de solidarité, de partage, de culture et de respect des terres et des eaux : c’est la voie.

C’est pour cela qu’il faut surtout réfléchir, puis encore et toujours agir, faire en sorte qu’à travers la culture, l’apprentissage, de pouvoir rencontrer la connaissance humaine et profonde de celles et ceux qui forgent l’acier, sèment le blé et inventent les machines de demain, non pas pour asservir femmes et hommes, mais pour les émanciper et leur permettre de trouver un autre chemin, que celui de posséder, dominer et soumettre.

L’autre chemin, celui d’une reconquête ferme et sans faiblesse de notre patrimoine, la planète du vivant, celle des mers, des forêts, rivières et cascades et d’un monde en perpétuel mouvement.

Mais aussi la réappropriation collective de nos services publics et sanitaires, dont on voit les limites dans un modèle obsolète, où la maladie doit être rentable, où les soignants se sacrifient pour sauver des vies, malgré la façon méprisante dont ce gouvernement retors les considère.

Ainsi la pandémie qui fait des ravages et se moque des frontières est symptomatique d’une politique orientée, jusqu’au confinement, en fonction de l’indice du CAC 40, et dont on sait les conséquences dramatiques, envers les plus précaires et les plus fragiles.

L’intolérable incurie, de ceux malheureusement élus, dont la seule ambition est de satisfaire leurs maîtres possédants, planqués dans des tours de verre stériles, vides de toute conscience, tous nuisibles, usant de leur morale dégoulinante de mensonges et d‘une répression sans frein sur nos libertés, pour nous faire accepter un recul de civilisation dévastateur pour la nature et les peuples.

Pour finir, je sais d’ores et déjà que nous sortirons déterminés de l’oppression et de l’enfermement, et que nous saurons inventer un avenir sur un autre tempo, antidote radicale de cette infection.

Prenez soin de vous, je ne doute pas de votre courage, et votre conviction sans faille envers une autre voie pour l’humanité.

Fraternellement
Lucien Frau
Président du MNLE des Bouches du Rhône