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Analyse : Loi « urgence sanitaire », une loi de classe

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Livre photo créé par jcomp - fr.freepik.com
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Le gouvernement, s’appuyant sur la peur qu’il développe depuis plusieurs semaines,  vient de faire adopter en extrême urgence, une loi d’exception (une de plus) créant un nouvel état d’organisation de la société.

Pourquoi cette loi, quelle est son utilité ?

Le gouvernement présente, dans l’exposé des motifs,  la nécessité de cette loi par l’argumentation suivante : « La crise majeure que traverse notre pays au plan sanitaire, sans précédent depuis un siècle, fait apparaître la nécessité de développer les moyens à la disposition des autorités exécutives pour faire face à l’urgence, dans un cadre juridique lui-même renforcé et plus facilement adaptable aux circonstances, notamment locales. 

En raison du caractère pathogène et contagieux du virus covid-19 et de l’urgence de santé publique que l’évolution de sa propagation entraîne, le Gouvernement a été conduit à limiter fortement les déplacements des personnes hors de leurs domiciles ».

Le projet, outre ces dispositions liées à la crise sanitaire proprement dite, traite aussi du report du deuxième tour des élections municipales, en raison de cette crise. Ce report étant un problème spécifique, je ne traiterai dans cette note, que la question de l’établissement de l’urgence sanitaire et ses conséquences pour les salariés et la population, soit le titre II du projet de loi qui  « instaure un dispositif d’état d’urgence sanitaire », et le « titre III relatif aux mesures économiques et d’adaptation à la lutte contre l’épidémie ».

Il ne s’agit pas de contester, que des mesures exceptionnelles et proportionnées puissent être prises pour éviter des morts suite à une épidémie, mais il s’agit d’essayer de comprendre pourquoi une telle loi est jugée indispensable par le gouvernement et sa majorité, et pourquoi elle a un tel contenu.

La première question à se poser, est : « Cette loi est-elle indispensable au regard de la loi actuelle, le gouvernement ne dispose-t-il pas des moyens juridiques pour faire face à la crise sanitaire majeure que traverse notre pays, et par conséquent faut-il une nouvelle loi pour les lui donner s’il n’en dispose pas ? »

Le gouvernement argumente en expliquant que la seule base juridique pour faire face à une catastrophe sanitaire est l’article L 31-31 -1 du code  de santé public. Que dit cet article : « En cas de menace sanitaire grave appelant des mesures d’urgence, notamment en cas de menace d’épidémie, le ministre chargé de la santé peut, par arrêté motivé, prescrire dans l’intérêt de la santé publique toute mesure proportionnée aux risques courus et appropriée aux circonstances de temps et de lieu afin de prévenir et de limiter les conséquences des menaces possibles sur la santé de la population.
Le ministre peut habiliter le représentant de l’État territorialement compétent à prendre toutes mesures d’application de ces dispositions, y compris des mesures individuelles. Ces dernières mesures font immédiatement l’objet d’une information du procureur de la République.
Le représentant de l’État dans le département et les personnes placées sous son autorité sont tenus de préserver la confidentialité des données à l’égard des tiers.
Le représentant de l’État rend compte au ministre chargé de la santé des actions entreprises et des résultats obtenus en application du présent article. »[1]

Cet article permet donc au gouvernement de prendre pratiquement toutes dispositions jugées utiles, y compris des mesures individuelles, qui bien entendu peuvent limiter drastiquement les libertés individuelles, pour faire face à une épidémie. Ce dont le gouvernement ne s’est d’ailleurs pas privé en déclarant le confinement de toute la population du pays, ce qui n’avait jamais été fait, y compris en état de guerre (la vraie).

Quels sont alors les objectifs de cette loi ? Apporte-t-elle des dispositions plus précises, par exemple sur la « menace sanitaire grave appelant des mesures d’urgence, notamment en cas de menace d’épidémie, »

La définition adoptée de « l’état d’urgence  sanitaire » est-elle plus précise, ce qui pourrait justifier la loi sur le fond. Or la définition adoptée est très vague :  « L’état d’urgence sanitaire peut être déclaré sur tout ou partie du territoire métropolitain et des collectivités régies par les articles 73 et 74 de la Constitution et en Nouvelle-Calédonie en cas de catastrophe sanitaire, notamment d’épidémie mettant en  péril par sa nature et sa gravité, la santé de la population. »

Cette définition demeure aussi vague, et même par certains cotés plus vague, que celle de l’article 31-31 -1 du code de la santé publique. Elle est suffisamment flou pour que la Commission Nationale Consultative de Droits de l’Homme (CNCDH), fasse la réflexion suivante : « L’état d’urgence sanitaire peut être déclenché en cas de « catastrophe sanitaire », laquelle n’est définie dans le projet que de la manière suivante : « catastrophe sanitaire, notamment d’épidémie mettant en péril par sa nature et sa gravité, la santé de la population ». Cette définition, très large, doit être précisée pour l’avenir. La catastrophe sanitaire pourrait ainsi être définie comme « une situation sanitaire qui, par sa nature, sa gravité, son ampleur, et son caractère non maîtrisé par le système médical, met en péril la vie d’une partie de la population et le fonctionnement de la vie de la Nation ».
Le décret qui déclare l’état d’urgence sanitaire devrait être pris, non seulement sur la base d’un rapport du ministre chargé de la santé (tel que prévu dans l’alinéa 13), mais également au regard d’un avis public du Haut conseil de la santé publique (L 1411-4 du CSP). ». Le gouvernement n’a tenu aucun compte de cet avis malgré des amendements de députés essentiellement de gauche la reprenant. Tous ces amendements ont été rejeté en séance à l’Assemblée nationale. Cette disposition permet au gouvernement d’agir comme il l’entend.

Un des motifs de cette loi, est sans doute la volonté du gouvernement de camoufler par la surenchère son impéritie dans la gestion de cette crise. Après avoir soutenu dans tous les médias que les masques ne servaient à rien pour cacher son manque d’action pour s’en procurer (j’y reviendrai), avoir maintenu les élections municipales pour des raisons politiciennes, avoir retardé la prise de décision de confinement,  afin de faire passer en force sa loi sur la réforme des retraites, avoir insulté les français parce-qu’ils n’appliquaient pas les consignes de sécurité alors que le président de la République lui-même se montrait au théâtre…, il en rajoute dans la répression.

Il convient aussi, par des mesures de plus en plus strictes, de faire oublier la manière dont les professionnels de la santé ont été traités les mois précédents l’épidémie. Toutes leurs alertes sur la dégradation des conditions de travail, sur le fait que dans beaucoup de cas (urgences, psychiatrie, maternités…) les services étaient au bord de la rupture, ont été ignorées. Malgré plusieurs mois de grèves, toutes leurs revendications ont été rejetées, et les fermeture de lits et d’établissements ont continué. Toutefois les personnels de santé continuent à faire face, mais la réponse à leurs besoins en matériels, et moyens ne sont manifestement pas la priorité du gouvernement, et ce ne sont pas les applaudissements[2] chaque soir à 20 heures qui régleront ces questions, même si c’est une forme d’encouragement et de remerciement de la population, ça ne compense pas l’impéritie des gouvernants.

Notre système de santé a été affaibli depuis plusieurs dizaines d’années dans toutes ses dimensions,  la recherche, les soins avec les économies exigées aussi bien dans la médecine de ville qu’à l’hôpital. L’industrie n’est plus capable, dans les médicaments comme dans le matériel de répondre aux besoins parce-qu’elle a été délocalisée pour cause de « compétitivité ». L’interview de Jean-François Delfraissy, président du conseil scientifique sur le Covid-19, en détaillant dans le Monde du dimanche 23-lundi 24mars, la stratégie mise en œuvre en France, nous en donne quelques illustrations : « En France,dit-il, environ 8000 tests sont réalisés chaque jour. Les laboratoires privés vont s’y ajouter mais nous avons un énorme problème avec les réactifs utilisés dans les tests. Ces réactifs de base proviennent de production de Chine et des États-Unis. La machine de production s’est arrêter en Chine et les États-Unis les gardent pour eux. » C’est la même chose pour les médicaments en général, pour les masques qui manquent cruellement à tous ceux et celles, qui travaillent au contact de la population, etc. .

Un bilan de ces politiques devra bien être fait le moment venu. Comme d’habitude Macron promet que tout va changer, « qu’après ne sera pas comme avant ». La même chose nous avait été dit en 2008 au plus fort de la crise de l’euro. Nous avons vue la suite.

Comment croire un gouvernement dont une ministre, Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’ Économie et des Finances, déclarait le 10 mars, sur les plateaux de Cnews (sans être démentie) à propos de l’effondrement des bourses : « C’est plutôt le moment de faire des bonnes affaires en bourses », conseil que si nous en croyons « Le Canard enchaîné » du mercredi 18 mars 2020, les PDG du CAC40 ne manquent pas de mettre en œuvre pour s’enrichir personnellement.

Mais tout cela, c’est fini, la preuve : « « Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour, interroger les faiblesses de nos démocraties. Ce que révèle d’ores et déjà cette pandémie, c’est que la santé gratuite sans condition de revenu, de parcours de profession, notre État-providence ne sont pas des coûts ou des charges mais des biens précieux, des atouts indispensables quand le destin frappe. Ce que révèle cette pandémie, c’est qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché. Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie au fond à d’autres est une folie. Nous devons en reprendre le contrôle, construire plus encore que nous le faisons déjà une France, une Europe souveraine, une France et une Europe  qui tienne fermement leur destin en main. Les prochaines semaines et les prochains mois nécessiteront des décisions de rupture en ce sens. Je les assumerai. » ;allocution du 12 mars 2020 au soir, à propos de la pandémie du Covid-19  d’Emmanuel MACRON, président de la République.

 Et, donc il est bien évident que Macron va prendre les dispositions suivantes :

  1. Pour la santé. Ouvrir de véritable négociations avec les personnels de santé en grève      depuis des mois pour enfin satisfaire leurs revendications , rouvrir des lits , les maternités, et les établissements fermés en chaîne depuis des années ; permettre à toutes personnes sur notre sol l’accès aux soins sans condition de revenu ou de situation administrative ; sortir le « Health Data Hub » (HDH), des mains de Microsoft, pour que les données  de santé ne soient pas « à d’autres », soient effectivement protégées et que la « France en reprenne le contrôle »; la sécurité sociale va être à nouveau gérer majoritairement par les syndicats comme à l’origine et toutes les dégrèvements de cotisations employeurs abrogées etc.
  2. Pour l’État-providence. Retirer définitivement la réforme des retraites en cours et engager de véritables négociations, sur la base des propositions des syndicats qui majoritairement s’opposent à la réforme engagée. Arrêter et revoir, l’injuste et absurde réforme du baccalauréat et revoir le Service National Universel (SNU). Revoir les dégrèvements de cotisations sociales aux entreprises qui effectivement de sont pas des charges afin d’assurer le financement des diverses branches de notre protection sociale. S’engager vers une répartition plus juste de la valeur ajoutée par l’augmentation du SMIG et des salaires ; rétablir l’ISF et une fiscalité sur le capital permettant de réduire les inégalités et lutter effectivement contre les paradis fiscaux, l’évasion et l’optimisation fiscale, supprimer le CICE etc. ;
  3. Pour notre cadre de vie : Arrêter définitivement la privatisation d’Aéroport de Paris, de la Française des jeux, le démantèlement l’Office National des Forêts et des administrations de l’État ; arrêter les projets souvent pharaoniques et inutiles tels la quatrième piste de l’aérogare de Roissy ou l’aménagement en centre commercial de la Gare-du-Nord de Paris (mais il ne s’agit là que de deux exemples parmi des dizaines de ces projets) ;Engager tout de suite, avec les organisations syndicales, les associations, un balayage de toute une série de lois qui justement livrent des « biens et services précieux, à d’autres », lois PACTE, ELAN, ESSOC, Jeux-Olympiques, Notre-Dame-de-Paris etc. ;
  4. Sur les « faiblesses de notre démocratie », le gouvernement va revoir ses conceptions et méthodes de l’utilisation des forces de polices et de gendarmerie dans le maintien de l’ordre public et sanctionner les violences policières, protéger les personnes plus que les biens, abroger nombres de mesures législatives et pratiques administratives restreignant les libertés individuelles et collectives, sanctionner les atteintes aux libertés syndicales et associatives.

La liste des ruptures que Macron va engager après, n’est évidemment pas exhaustive ! Mais n’ayons pas trop d’illusions. C’est pourtant dans cette direction qu’il faut agir.

Venons en aux détails des dispositions.

Les libertés.

Le projet de loi prévoit des dispositions exorbitantes de toutes dispositions légales, jamais appliquées jusqu’ici, interdiction d’aller et venir, c’est à dire de sortir de chez soi, bien sur de manifester, de se réunir, de voir ses proches sous peine d’amendes et de peines exorbitantes ( jusqu’à 3750 euros proposé par le gouvernement et 6 mois de prison).

Le texte du projet de loi du gouvernement : dans l’article 5, indique :

«  Art. L. 3131-24. −La déclaration de l’état d’urgence sanitaire donne au ministre chargé de la santé le pouvoir de prescrire par arrêté motivé toutes les autres mesures générales et les mesures individuelles restreignant la liberté d’aller et venir, la liberté d’entreprendre et la liberté de réunion[3], visant à mettre fin à la catastrophe mentionnée à l’article L. 3131-20. Ces mesures sont proportionnées aux risques encourus et appropriées aux circonstances de temps et de lieu. »

A nouveau la CNCDH a fait des observations à ce sujet et pointe plusieurs item du projet de loi :

«  Articles 5 al.17 et 18 : fin de l’état d’urgence sanitaire L’état d’urgence sanitaire emportant de graves restrictions aux droits et libertés, il est indispensable de prévoir les modalités pour y mettre fin, dès lors que les circonstances justifiant sa mise en œuvre ne sont plus présentes. Cette exigence découle de la jurisprudence applicable à l’article 15 de la Convention européenne des droits de l’homme.

 – Article 5 al. 20 : adéquation des mesures La nécessité et la proportionnalité des mesures sont évoquées mais non leur adéquation aux circonstances, cet élément devrait être ajouté.

  • Article 5 al. 23 et 24 : sur les arrêtés La CNCDH souligne que l’adoption de dispositions attentatoires aux droits et libertés fondamentaux (liberté d’aller et venir, liberté de réunion liberté de culte, liberté d’entreprendre, etc.) par simple arrêté motivé du ministre des solidarités et de la santé, sans aucun contrôle, ni examen préalable par le Conseil d’État n’est pas admissible dans un État de droit. Il est indispensable de prévoir un support textuel de source plus protectrice, à tout le moins un décret pris en conseil d’état. Par ailleurs, si le texte vise la proportionnalité et l’appropriation des mesures, il conviendrait de préciser qu’elles doivent être « nécessaires, adéquates et proportionnée ».

Mais tous les amendements des députés de la gauche, reprenant ces recommandations,ont été rejetés par le gouvernement et la majorité.

Sur le contrôle par le parlement de ces mesures, le projet de loi ne disait rien, la CNDDH, a fait les remarques suivantes :

« – Article 5 al. 15 : contrôle parlementaire. La CNCDH insiste sur l’importance du maintien à 12 jours de l’intervention du Parlement pour autoriser l’état d’urgence sanitaire, qui garantit que cet état d’exception est décidé conformément aux exigences d’un État de droit démocratique. Il est indispensable que le Parlement puisse évaluer et contrôler de manière régulière et continue l’action gouvernementale pendant l’état d’urgence sanitaire. », mais le gouvernement a maintenu dans la loi le délais d’un mois, en précisant la main sur le cœur dans les débats à l’Assemblée Nationale, que la loi prévoyait que le gouvernement remettrait au parlement, un rapport sur l’état de l’épidémie la 10 mai, et que  le parlement pourrait donc débattre de la situation à cette date, et que de toutes façons la loi était prévue seulement pour un an, que donc le bilan serait fait dans un an et que tout serait remis à plat à ce moment là.

Précisons que l’habilitation porte sur 43 ordonnances, dont personne ne connaît le contenu, dont 20 au moins la semaine suivant l’adoption de la loi.

Par contre le gouvernent a déposé en séance un amendement portant sur les sanctions, l’amende serait portée à 3750 euros, avec possibilité de 6 mois de prison en cas de récidive. Devant les réactions des députés, après une suspension de séance, un « compromis » a été trouvé entre les députés et le gouvernement (Mme Belloubet, Garde des sceaux, ministre de la justice), la proposition est la suivante, 135€ pour la première infraction, 1500€ en cas de récidive, 3750 et 6 mois de prison à la quatrième infraction. Trois remarques à ce sujet :
1) en passant à la quatrième infraction à la prison et à ce niveau d’amende, on passe dans le délit ce qui exige un jugement, donc la réunion d’un tribunal en période d’épidémie où la justice marche très au ralenti, première incohérence ;
2)  envoyer les gens en prison alors que le confinement et la promiscuité sont des facteurs de contamination accélérés, et qu’il faut au contraire désencombrer les prisons surpeuplées, est un acte quasi criminel ;
3) cette mesure argumentée par madame Belloubet par la courte et brillante  intervention : « l’Italie et l’Espagne prennent des mesures similaires », démontre à la fois l’inconséquence du gouvernement quand aux conséquences de ses décisions, son impréparation et son improvisation, son amateurisme, son impossibilité d’argumenter sérieusement ses décisions et son mépris du parlement et du peuple.

Mais nous pouvons nous interroger aussi sur les objectifs de cette mesure, soit elle est inapplicable ce que semblent soutenir certains juristes et alors elle est inutile et c’est une provocation vis à vis du peuple et un effet de communication, soit elle sera appliquée et nous sommes loin d’un pays démocratique, mais tombons dans la catégorie des pays autoritaires pour le moins. Ne s’agit-il pas aussi de tester jusqu’où les français sont-ils prêts a accepter les restrictions des libertés pour l’avenir ?

Les droits sociaux.

La loi prévoit beaucoup de dispositions pour les entreprises, y compris celles du CAC40 qui dégagent des profits et distribuent des dividendes à tour de bras, qui ne sont pas l’objet de cette note.

Par contre elle prévoit des mesures, temporaires nous dit-on, de destructions quasi complète des droits des travailleurs.

Article 7 du projet de loi :

« b) En matière de droit du travail, de droit de la sécurité sociale et de droit de la fonction publique ayant pour objet de :

I) Limiter les ruptures des contrats de travail et atténuer les effets de la baisse d’activité, en facilitant et en renforçant le recours à l’activité partielle, notamment en l’étendant à de nouvelles catégories de bénéficiaires, en réduisant, pour les salariés, le reste à charge pour l’employeur et, pour les indépendants, la perte de revenus, en adaptant ses modalités de mise en œuvre, en favorisant une meilleure articulation avec la formation professionnelle et une meilleure prise en compte des salariés à temps partiel ;

II) Adapter les conditions et modalités d’attribution de l’indemnité complémentaire prévue à l’article L. 1226-1 du code du travail, en cas de risque sanitaire grave et exceptionnel;

III) Modifier les conditions d’acquisition de congés payés et permettre à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés, des jours de réduction du temps de travail et des jours de repos affectés sur le compte épargne temps du salarié, en dérogeant aux délais de prévenance et aux modalités d’utilisation définis par le livre 1er de la troisième partie du code du travail, les conventions et accords collectifs ainsi que par le statut général de la fonction publique ;

IV) Permettre aux entreprises de secteurs particulièrement nécessaires à la sécurité de la nation ou à la continuité de la vie économique et sociale de déroger aux règles du code du travail et aux stipulations conventionnelles relatives à la durée du travail, au repos hebdomadaire et au repos dominical ;

 V) Modifier, à titre exceptionnel, les dates limites et les modalités de versement des sommes versées au titre de l’intéressement en application de l’article L. 3314-9 du code du travail, et au titre de la participation en application de l’article L. 3324-12 du même code ;

 VI) Adapter l’organisation de l’élection visée à l’article L. 2122-10-1 du code du travail, en modifiant si nécessaire la définition du corps électoral, et, en conséquence, proroger, à titre exceptionnel, la durée des mandats des conseillers prud’hommes et des membres des commissions paritaires régionales interprofessionnelles ;

VII) Aménager les modalités de l’exercice par les services de santé au travail de leurs missions définies au titre II du livre VI de la quatrième partie du code du travail et notamment du suivi de l’état de santé des travailleurs et définir les règles selon lesquelles le suivi de l’état de santé est assuré pour les travailleurs qui n’ont pu, en raison de l’épidémie, bénéficier du suivi prévu par le code du travail ;

VIII) Modifier les modalités d’information et de consultation des instances représentatives du personnel, notamment du comité social et économique pour leur permettre d’émettre les avis requis dans les délais impartis ; 

IX) Aménager les dispositions de la sixième partie du code du travail, notamment afin de permettre aux employeurs, aux organismes de formation et aux opérateurs de satisfaire aux obligations légales en matière de qualité et d’enregistrement des certifications et habilitations ainsi que d’adapter les conditions de rémunérations et de versement des cotisations sociales des stagiaires de la formation professionnelle ; »

Je pense que pour tout syndicaliste cette longue citation se passe de commentaire ! Bien entendu, bien d’autres aspects de cette loi mériteraient une analyse, il faudra bien sur la faire, ne serait-ce qu’en prévision des débats dans un an, au parlement, à la fin de sa période de validité. Les débats porteront alors, non seulement sur le bilan de la loi, mais aussi sur ce qui doit être conservé dans la loi normale et pérenne, ce qui doit être modifié etc. Or nous savons par expérience que toutes les mesures y compris et, peut-être même surtout, celles qui sont attentatoires aux libertés fondamentales et aux acquis sociaux dans les lois d’exception, ont toujours tendance à être banalisées.

Une loi de classe.

Bien entendu, il convient pour un gouvernement de prendre des mesures adaptées pour éviter une contagion et une hécatombe dans le cadre d’une épidémie, surtout quand nous ne connaissons rien ou pas grand chose du virus qui en est la cause. Ce n’est pas cela qui est en cause dans cette loi. Le problème est que la loi est profondément déséquilibrée. La moitié environ des travailleurs assurent le fonctionnement du pays. Ce sont les catégories de salariés les moins payés, le plus souvent des travailleurs manuels les moins considérés (éboueurs, routiers, caissières ou caissiers etc.), de qui on exige beaucoup dans cette période car l’impéritie du gouvernement les obligent aussi souvent à travailler sans protection et ce gouvernement renvoie sur eux le non-respect des consignes, comme un forme de culpabilisation de transmettre le coronavirus. Souvent ils se vivent, non sans raison, comme « la chair à canon » moderne. Bien sur dans les discours, pour eux comme pour le personnel soignant, avec des tremolos dans la voix, pas un discours officiels sans que  hommage ne leurs soit rendu. Mais« en même temps », le seul signale concret que le gouvernement leurs renvoie dans la loi est une nouvelle attaque au droit du travail et aux libertés. Comme s’il  essayait de détruire ce qui reste du code du travail et des statuts, qu’il n’a pas pu détruire dans ses lois précédentes. Bien entendu, il nous dit que ces dispositions sont temporaires, qu’elles tomberont automatiquement avec la fin de « l’état d’urgence sanitaire », mais comment le croire, comment ne pas douter de sa parole tellement elle est dévalorisée par les mensonges précédents. Avec cette majorité tout est possible, y compris la pérennisation par une nouvelle loi, de mesures attentatoires aux libertés et aux droits sociaux.

Mais à nouveau deux questions s’imposent. L’état d’urgence sanitaire a été pensé et crée sur le modèle de la loi de 1955 sur l’état d’urgence dont nous connaissons l’évolution de l’exception à la banalisation. En créant un nouvel état d’exception, il est évident qu’il est appelé à avoir la même évolution de l’exception vers la banalisation, ce qui est particulièrement inquiétant pour nos libertés et nos droit sociaux. C’est d’autant plus inquiétant que depuis une vingtaine d’années, un nouveau virus et une nouvelle pandémie apparaissent environ tous les cinq ans. Sommes nous condamnées à un état d’urgence sanitaire à cette fréquence ? Nous voyons bien que ce n’est pas une solution « soutenable », qu’il faut effectivement tout revoir. On nous objectera que ce n’est pas le moment de poser ces questions que l’heure est à la mobilisation générale pour la « guerre » contre le virus. Mais outre le fait que nous ne sommes pas en guerre, personne n’a attaqué la France, ce langage n’est non seulement pas adéquat et inadapté, mais engage le pays dans une fausse direction et tend à effacer toutes les impérities des gouvernements. Si ce n’est pas le moment, quand sera-t-il le moment, dans un an, alors que le débat sera orienté sur la pérennisation et la banalisation de ce nouveau état d’urgence ? Nous savons bien que si les questions ne sont pas posées dans les moments cruciaux et difficiles, elles ne le sont jamais, et c’est bien l’objectif de ceux qui disent ce n’est pas le moment. Ensuite nous pouvons nous poser la question si le gouvernement, avec l’appui de lobbies, ne va pas inventer d’autres formes d’état d’urgence, état d’urgence climatique, environnemental etc, si bien que nous pourrions être en permanence en état d’urgence. Il faut donc bien dans un an exiger l’abrogation pure et simple de cette loi. L’article 31-31 -1 du code de Santé publique permettant à tout gouvernement de prendre toute disposition nécessaire en cas d’épidémie.

La deuxième question est aussi difficile, pourquoi ces nouveaux virus que nous ne connaissons pas, quel relations avec la nature d’un capitalisme destructeur, qui puise dans la nature sans se préoccuper des conséquences et nous entraîne vers l’abîme ? De plus l’homme, est l’espèce la plus invasive de la planète, en détruisant toujours plus les habitats des autres espèces vivantes (notamment les forets, les zones humides, les mers), il crée de nouvelles zones de rencontres entre l’espèce humaine et les autres espèces vivantes, avec les conséquences que nous vivons et qui ne peuvent que se reproduire à cadences de plus en plus accélérées. Tous revoir, c’est aussi revoir cela.

NB : cette note a été faite à partir du projet de loi du gouvernement et du suivi des débats à l’Assemblée Nationale, débat de la commission des lois vendredi  20 mars et débat en plénière samedi 21 mars.

Jean Claude BOUAL
22 mars 2020

 

[1]Article crée par l’article 1 de la loi 2007-294 du 3 mai 2007.

[2]A 20 heure vendredi soir, toute la commission des lois de l’AN s’est levée, y compris les députés LREM, pour applaudir avec conviction. Pour ceux qui l’ignorerait LREM, c’est les macronistes !

[3]C’est moi qui souligne en gras.

Les Héros ne sont pas masqués

3
André Prone* Environnementaliste, Essayiste, Président du Conseil Scientifique du MNLE

Plus d’une chose m’a frappé dans la triste histoire de la pandémie au Covid 19 qui affecte le monde et la France depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois :

– L’inégale contamination des pays et le lien qui peut être fait entre l’ampleur de cette contamination et la mise en œuvre ou pas des divers moyens organisationnels : sanitaires, politiques, économiques et sociaux, dont disposent théoriquement les Etats,

– Les différentes stratégies utilisées par ces derniers et leur incapacité à anticiper la propagation de la crise sanitaire ou leur préférence à privilégier l’économie et les profits des multinationales et de la finance au détriment de la santé publique,

– Les conséquences dramatiques et visibles de la gestion comptable et très libérale des hôpitaux publics pouvant aller jusqu’à leur asphyxie, quand ce n’est pas purement et simplement leur fermeture (et cela touche tous les pays occidentaux),

– La course au profit du groupe anglais Novacyt et du géant chinois BGi Group (sur le marché ultra compétitif de la fabrication des tests de dépistage du Covid 19) et les promesses de l’expert français BioMérieux d’un test novateur dès fin mars 2020, ce qui n’empêche pas la pénurie bien réelle de kits d’extraction d’ARN (acide ribonucléique) indispensables à la production de ces tests,

– Les attaques de certains membres du gouvernement et autres acolytes à l’encontre d’un éminent virologue marseillais malgré ses essais cliniques encourageants sur le Covid 19 et dont les travaux très anciens sur l’association hydroxy chloroquine et l’Azithromycine pour combattre d’autres virus ont fait l’objet de publications scientifiques …

Mais parmi toutes ces questions, et d’autres encore, il en une qui me taraude et à laquelle je voudrais contribuer. Car vous aurez sans doute remarqué comme moi que beaucoup de médias, experts et autres politiques, évoquent certes, l’épineux problème du manque dramatiquement criant de masque pour les travailleurs et notamment pour le personnel soignant très exposé, mais aucun, à ma connaissance, ne pose la question de simple bon sens : mais pourquoi ?

Constater que « nos héros ne sont pas masqués » est certes utile, mais plus utile encore est de se demander pourquoi.

Après quelques recherches non aisées, je suis en mesure d’apporter quelques éléments de réponses qui ne grandissent pas nos gouvernants.

Disons tout d’abord que selon une enquête du Syndicat des professionnels de santé du 6 mars 2020, 78% des soignants déclarent manquer de masques FFP2, 63% de masques FFP1 et 53% de solutions hydroalcooliques (SHA). 

Si la pénurie de masques, comme le souligne l’entreprise Rives Médical de la région Occitanie, vient du fait que les grossistes se fournissent pour l’essentiel en Chine et que la chaîne est stoppée pour cause d’épidémie ; si des quotas interdisent aux pharmacies de commander plus d’une centaine de masques par semaine, alors pourquoi, sachant que l’épidémie du coronavirus frappe la Chine depuis début décembre, le ministre en charge de la santé a-t-il attendu fin février pour commander 200 millions de masques FFP2 ? Rappelons que l’OMS avait qualifié, dès le 30 janvier 2020, l’épidémie de Covid 19 d’« urgence de santé publique de portée internationale ». Outre le fait que la commande de ces millions de masques dépend pour l’essentiel du bon vouloir du groupe américain 3M (dont la priorité de fabrication pour répondre à la demande de Trump est plus que probable), banal serait sans doute, dans ce contexte de mondialisation capitaliste, de dire qu’en matière sanitaire, compter exclusivement sur la capacité de production des marchés privés est pour le moins risqué. Malheureusement, là ne s’arrête pas l’incurie du pouvoir.

Car une autre question doit être posée : Comment est-on passé d’un stock d’Etat de 723 millions de masques FFP2 et 1 milliard de masques chirurgicaux à la pénurie, alors que le Haut Conseil de la Santé Publique avait recommandé en 2011 une gestion tournante des stocks en raison de leur péremption et demandé qu’ils soient rapidement mobilisables pour couvrir les populations et le personnel soignant en situation de crise ?  Questionné à ce sujet le 19 mars à l’assemblée nationale, le ministre des solidarités et de la Santé a répondu : « Nous disposons d’un stock d’Etat d’environ 150 millions de masques chirurgicaux et d’aucun stock de masques FFP2. Il avait été décidé, suite aux crises sanitaires précédentes -2011-2013, qu’il n’y avait plus lieu de conserver des stocks massifs de masques dans le territoire ». L’absence de stocks, selon le ministre, serait due à des décisions passées.

Notons aussi que l’acquisition des masques chirurgicaux et FFP2 n’étant plus confié à l’Eprus (Etablissement public de préparation et de réponse aux urgences sanitaires créé en 2007), le Sénat, dans un rapport publié en 2015, a pu dire : « la constitution des masques FFP2 relève désormais des employeurs ».

Et ce n’est pas tout. La commande de masques plus que tardive de l’Etat est d’autant plus un défi que toutes les chaînes de fabrication sont tendues et que le principal fournisseur français, Kolmi-Hopen, (également sollicité) ne peut pas satisfaire la forte demande. Et pour cause. Dans ancienne édition du Courrier de l’Ouest, le 23-10-2014, on pouvait lire : « Saint-Barhélemy-d’Anjou. Le coup de gueule du patron de Kolmi-Hopen : Spécialisée dans la fabrication des masques chirugicaux et les « dispositifs médicaux » non-tissés à usage unique, la société Kolmi-Hopen, qui emploie 75 personnes à Saint-Barthélemy-d’Anjou, vient de perdre un gros marché avec les centres hospitaliers français. Son directeur général reproche à l’Etat de ne pas aider suffisamment les entreprises françaises face à la concurrence asiatique ». L’entreprise ne compte plus que 35 salariés. La boucle est bouclée.

Mise en danger de la population, des soignants et des travailleurs exposés, casse du service public hospitalier…, voilà les iniques décisions du capital et du pouvoir qui auront à rendre des comptes après cette pandémie que je souhaite la moins mauvaise à tous.

André Prone*
Environnementaliste, Essayiste,
Président du Conseil Scientifique du MNLE

____________________________    

*Voir, entre autres ouvrages : « Pour une critique une critique de la marchandisation : Société, Santé, Environnement », l’Harmattan 2018

Lettre ouverte : Un autre temps

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C’est en prenant connaissance de l’article du Comité scientifique du MNLE sur l’OMS, vouée aux gémonies des lobbyings de l’industrie pharmaceutique, que je vous fais part de ma réflexion en sachant que vous l’enrichirez sûrement.

Une autre voie de ce temps, demain, auréolée de la course des étoiles, comme ce soleil couchant sur la mer, chassant même le moindre doute sur l’aube conquérante et débarrassé de la virulence d’un système de société, uniquement dirigé vers le profit d’un très petit groupe nombriliste, déshumanisé, au point de déifier l’argent, la technologie et l’intelligence artificielle, ignorant tout de l’être et du savoir vivre, celui intense de la respiration du monde.

Tout est lié et l’humanité façonne de ses mains la vie, faite de solidarité, de partage, de culture et de respect des terres et des eaux : c’est la voie.

C’est pour cela qu’il faut surtout réfléchir, puis encore et toujours agir, faire en sorte qu’à travers la culture, l’apprentissage, de pouvoir rencontrer la connaissance humaine et profonde de celles et ceux qui forgent l’acier, sèment le blé et inventent les machines de demain, non pas pour asservir femmes et hommes, mais pour les émanciper et leur permettre de trouver un autre chemin, que celui de posséder, dominer et soumettre.

L’autre chemin, celui d’une reconquête ferme et sans faiblesse de notre patrimoine, la planète du vivant, celle des mers, des forêts, rivières et cascades et d’un monde en perpétuel mouvement.

Mais aussi la réappropriation collective de nos services publics et sanitaires, dont on voit les limites dans un modèle obsolète, où la maladie doit être rentable, où les soignants se sacrifient pour sauver des vies, malgré la façon méprisante dont ce gouvernement retors les considère.

Ainsi la pandémie qui fait des ravages et se moque des frontières est symptomatique d’une politique orientée, jusqu’au confinement, en fonction de l’indice du CAC 40, et dont on sait les conséquences dramatiques, envers les plus précaires et les plus fragiles.

L’intolérable incurie, de ceux malheureusement élus, dont la seule ambition est de satisfaire leurs maîtres possédants, planqués dans des tours de verre stériles, vides de toute conscience, tous nuisibles, usant de leur morale dégoulinante de mensonges et d‘une répression sans frein sur nos libertés, pour nous faire accepter un recul de civilisation dévastateur pour la nature et les peuples.

Pour finir, je sais d’ores et déjà que nous sortirons déterminés de l’oppression et de l’enfermement, et que nous saurons inventer un avenir sur un autre tempo, antidote radicale de cette infection.

Prenez soin de vous, je ne doute pas de votre courage, et votre conviction sans faille envers une autre voie pour l’humanité.

Fraternellement
Lucien Frau
Président du MNLE des Bouches du Rhône

L’OMS et la gestion des crises sanitaires mondiales

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En 2019-2020, la crise du coronavirus, nouveau virus grippal apparu en Chine, replace sur le devant de la scène l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La grippe, connue depuis l’Antiquité grecque (elle a été décrite par le médecin Hippocrate il y a 2400 ans) est effectivement une maladie très meurtrière. En 1918-1919, l’épidémie de « grippe espagnole » a fait entre 30 et 50 millions de morts dans le monde en deux ans, soit environ quatre à cinq fois plus que le nombre de victimes de la Première Guerre mondiale. C’est d’ailleurs cette épidémie qui a poussé la Société des Nations (SDN) nouvellement créée à instaurer en son sein un Comité d’hygiène, ancêtre de l’OMS. Comment l’OMS gère-t-elle les crises sanitaires mondiales ? Est-elle en mesure d’agir efficacement contre les épidémies mondiales ?

L’OMS, fonctionnement et objectifs

Créée en 1948 en tant qu’institution spécialisée des Nations Unies, l’OMS a pour objectif d’amener tous les peuples du monde au niveau de santé le plus élevé possible, la santé étant définie comme un « état de complet bien-être physique, mental et social ». L’organisation compte actuellement 193 États membres[1].

Dotée d’un budget d’environ 2 milliards de dollars par an, constitué de contributions des États membres et d’autres donateurs, l’OMS a différents domaines d’activités : action normative (conventions et règlements internationaux sur la santé, votés par l’assemblée mondiale de la santé) ; recherches et études (l’institution publie tous les ans un Rapport sur la santé dans le monde et élabore une Classification internationale des maladies) ; mesures sanitaires pour combattre des maladies ; assistance aux pays les moins avancés (vaccination contre les grandes maladies infectieuses, approvisionnement en eau potable, élimination des déchets).

Par le passé, l’OMS a effectué des actions importantes en faveur de la santé dans le monde. Ainsi elle a publié en 1977 une liste de 200 « médicaments essentiels », génériques reconnus pour leur efficacité. En 1978, son Directeur général (DG), le Danois Halfdan Mahler, a fait adopter par l’OMS et par l’Unicef le principe du droit d’égal accès pour tous aux soins de santé primaires, et a tenté de le mettre en œuvre en envoyant sur le terrain des « agents de santé communautaires ». En 1980, l’OMS a annoncé officiellement avoir réussi à éradiquer la variole, grand succès. Cette même année, l’OMS s’assigne pour mission d’assurer « la santé pour tous »[2].

Une évolution critiquée depuis les années 1980 : vers une « privatisation » de l’OMS et une « marchandisation » de la santé ?

Toutefois, depuis les années 1980, l’image de l’OMS dans l’opinion publique mondiale s’est brouillée. Le prestige de l’organisation a été terni par la mauvaise gestion du Japonais Hiroshi Nakajima, DG de 1988 à 1998, et par plusieurs affaires de corruption. L’arrivée à la tête de l’agence, en 1998, de l’ancienne Premier ministre norvégienne, Gro Harlem Brundtland, est apparue d’abord comme un espoir. Celle-ci, réputée pour son rapport publié en 1987 sous l’égide de l’ONU introduisant la notion de « développement durable », a entrepris de reprendre en main l’OMS. Toutefois, ses restructurations énergiques et autoritaires (concentration des activités, réduction du nombre de contrats à long terme au profit des contrats temporaires) ont été critiquées et mal vécues.

Au fil des années, les dysfonctionnements de l’organisation se sont faits de plus en plus patents : opacité dans le recrutement, sous-représentation des pays du Sud dans les instances de décision, augmentation des contrats précaires, manque d’indépendance par rapport à certains Etats et à des acteurs privés.

Un des problèmes majeurs de l’OMS semble être sa dépendance croissante à l’égard de certains Etats (grandes puissances comme les Etats-Unis) et d’intérêts privés (grandes entreprises, fondations, firmes pharmaceutiques). Ce problème est lié à l’évolution du financement de l’organisation : depuis le début des années 1990, l’OMS a mis en place un « partenariat privé » qui lui permet de recevoir d’importants financements d’industries privées. La proportion des contributions obligatoires, fixes, des Etats (source de financement normal de l’organisation) n’a cessé de diminuer au profit de contributions extra-budgétaires, volontaires, de certains Etats, de fondations et d’entreprises privées. Or, les structures qui donnent une telle contribution « volontaire » à l’OMS peuvent décider à quelle action sera affecté l’argent qu’elles versent. Les orientations des actions de l’OMS dépendent donc de plus en plus d’acteurs extérieurs à l’organisation[3].

De nos jours, sur l’ensemble des fonds à la disposition de l’OMS, seuls moins d’un quart proviennent des contributions obligatoires des Etats membres. Le reste, soit la majorité, est constitué de contributions volontaires[4]. L’OMS devient donc de plus en plus dépendante de ses généreux donateurs[5].

Sous l’influence de ces derniers, l’institution a été amenée à modifier ses conceptions directrices. Sous le mandat de Mme Brundtland, l’OMS a tendu de plus en plus à considérer la santé, non plus comme un droit, mais comme un simple moyen au service de la croissance économique[6].

L’OMS et les alertes épidémiques mondiales

Au fil des années, peut-être pour tenter de compenser par la médiatisation la diminution de son action de fond, l’OMS semble être passée d’une action de long terme à une action de court terme, d’urgence. L’organisation semble désormais se concentrer sur les « crises », pics épidémiques ponctuels, comme le SRAS (2002-2003), la grippe « aviaire » H5N1 (2004), la grippe « porcine » A/H1N1 (2009-2010).

En réalité, la médiatisation de ces alertes ponctuelles ne doit pas faire oublier que, au quotidien, d’autres maladies sont beaucoup plus meurtrières : le paludisme tue plus de 400 000 de personnes par an, et le sida, considéré depuis 2002 comme une pandémie globale, tue près de 800 000 personnes par an (2 millions par an dans les années 2000).

En 2004, la crise de la « grippe aviaire » (H5N1), médiatisée par l’OMS, a été très bénéfique aux firmes pharmaceutiques Roche et GlaxoSmithKline, auxquelles les gouvernements, sur les conseils de l’OMS, ont commandé des millions de vaccins. Déjà, dans les années précédentes, Gro Harlem Brundtland avait favorisé le resserrement des liens entre l’OMS et les laboratoires privés[7]. Puis, en 2009-2010, la crise de la grippe H1N1 a relancé le débat sur les liens entre l’OMS et les intérêts de certains Etats et de l’industrie pharmaceutique. L’alerte pandémique lancée par l’OMS en 2010 aurait permis aux grandes firmes pharmaceutiques de percevoir 7,5 à 10 milliards de dollars de bénéfices. L’opération « grippe A » a donc été très rentable pour les laboratoires privés[8].

Par contraste, en 2020, l’OMS a davantage tardé à déclarer l’alerte pandémique pour le coronavirus (Covid 19), elle l’a fait seulement le 11 mars 2020[9]. L’OMS déplore alors l’inaction des gouvernements pour combattre ce virus. « Nous sommes très inquiets des niveaux de diffusion et de dangerosité, ainsi que des niveaux alarmants de l’inaction » des Etats, a indiqué déclaré le DG de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus. En effet, en à peine trois mois, près de 120 000 cas de coronavirus se sont déclarés dans 110 pays, tuant plus de 4300 personnes. Le Secrétaire général de l’ONU, le Portugais  Antonio Guterres, renchérit, appelant les Etats « à agir », et lançant « un appel à la responsabilité et à la solidarité »[10].

Comment renforcer l’OMS ?

Dans un monde où le fossé économique et sanitaire ne cesse de se creuser (aussi bien entre le Nord et le Sud qu’à l’intérieur de chaque pays), l’OMS, en cette période d’épidémie mondiale qui fragilise les sociétés, a un rôle décisif à jouer. Elle doit se concentrer sur l’objectif humaniste qui a présidé à sa fondation : assurer la santé pour tous les êtres humains, riches ou pauvres, dans un esprit de démocratisation. Pour cela, ses Etats membres devraient lui verser des contributions fixes plus importantes, ce qui lui permettrait de se libérer de l’influence des intérêts privés, et de faire primer les intérêts humains sur les intérêts mercantiles de l’industrie pharmaceutique.

Aujourd’hui, face à la pandémie mondiale de coronavirus, il est nécessaire de donner à l’OMS plus de moyens pour qu’elle puisse coordonner la lutte contre la maladie au niveau mondial, et notamment permettre à tous, même les plus démunis, de recevoir des soins, dans un esprit progressiste et égalitaire.

Chloé MAUREL, historienne, spécialiste de l’ONU
Membre du Conseil scientifique du MNLE

Dernier livre paru : Une brève histoire de l’ONU au fil de ses dirigeants, éditions du Croquant, 2017 (15 euros).

[1] Sur l’histoire et l’évolution de l’OMS, cf. Chloé Maurel, Histoire des idées des Nations unies. L’ONU en 20 notions, Paris, L’Harmattan, 2015, notamment le chapitre 15.

[2] T.heodore Brown, Marcos Cueto, Elizabeth Fee, « TheWorld Health Organization and the Transition from “International” to “Global” Public Health », American Journal of Public Health, vol. 96, n° 1, 2006, p. 62-72.

[3] Theodore Brown  et alii, « TheWorld Health Organization … », article cité.

[4] https://www.who.int/about/finances-accountability/funding/assessed-contributions/fr/

[5] Theodore Brown  et alii, « TheWorld Health Organization … », article cité.

[6] Jean-Loup Motchane, « Quand l’OMS épouse la cause des firmes pharmaceutiques », Le Monde diplomatique, juillet 2002.

[7] Sur ce sujet, cf. Auriane Guilbaud, Business partners. Firmes privées et gouvernance mondiale de la santé, Paris, Presses de Sciences Po, 2015.

[8] « Grippe A. L’implacable réquisitoire du député Wodarg », entretien réalisé par Bruno Odent, L’Humanité, 7 janvier 2010.

[9] Sur les épidémies et pandémies aujourd’hui, cf. Auriane Guilbaud et Philippe Sansonnetti (dir.), Le retour des épidémies, Paris, Presses Universitaires de France, Collection « La Vie des Idées », 2015.

[10] « Coronavirus : l’épidémie de Covid-19 considérée comme une pandémie par l’OMS », Le Monde avec AFP, 11 mars 2020.

Dernière minute Important : Marche pour le climat annulée dans certaines villes

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    Suite aux mesures et annonces sur l’actualité du coronavirus et afin de limiter sa propagation, certaines villes préfèrent annuler leur marche pour le climat.

    C’est notamment le cas de Paris et de Nantes.

    Pour savoir si pour votre ville la marche est annulée, vous pouvez consulter la carte des marches pour le climat sur le site https://ensemblepourleclimat.fr/

     

    Marche pour le climat

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      Le MNLE appelle, avec d’autres mouvements écologiques, à une nouvelle marche pour le climat le vendredi 13 mars et le samedi 14 mars 2020, un peu partout en France. Au total, 123 villes participeront à cette marche : 42 le vendredi et 81 le samedi.
      Il n’est donc pas possible de les citer toutes ici, mais seulement quelques unes :

      A Marseille, rendez-vous sur le Vieux Port le vendredi à partir de 12h.
      A Lyon, rendez-vous le vendredi à 11h30 place Jean Macé.
      A Paris, rendez-vous le samedi dès 14h pour un défilé entre Bastille et République.
      A Nantes, rendez-vous au miroir d’eau samedi à 14h.

      Coronavirus Urgence sanitaire !

      Christian Pellicani, Président national du MNLE, a donné une interview, sur le coronavirus, sur Agora FM, le 9 mars 2020 à 18h.
      L’émission animée par Gérard Piel est à retrouver sur https://www.agoracotedazur.fr/podcast/naturellement/

      Interview Coronavirus

      L’humain est au centre des préoccupations du MNLE, avec une volonté de ne pas dissocier les problèmes sociaux, environnementaux et écologiques. Le coronavirus pose la question de l’état sanitaire du pays. La grippe a déjà tué plusieurs centaines de personnes cette année, et l’on constate qu’il n’y a pas de développement des moyens de prévention en direction des personnes les plus fragiles, notamment celles qui n’ont pas de logement ou vivent dans des logements insalubres.

      Cette épidémie donne aussi la preuve que le système hospitalier est mis à mal : une épidémie de ce type, encore légère, met les hôpitaux en grande difficulté, à cause des politiques de réduction de personnel. Aujourd’hui, le déplafonnement du nombre d’heures supplémentaires autorisées pour les infirmiers et les aide-soignants a été acté, mais si l’épidémie s’aggrave, comment les hôpitaux pourront-ils répondre ?

      On peut également s’interroger sur les mesures qui ont été prises pour faire face à cette situation, notamment dans le cas de fermetures d’écoles (les parents devront-ils poser leurs congés annuels ?) ; les citoyens n’ont pas d’informations sur les moyens mis en œuvres pour chercher un vaccin, la recherche semble pour le moment être à la charge de la Chine. Le développement des services publics et de la recherche fondamentale appliquée constitue des exigences à mettre au cœur des débats publics.

      L’épidémie pose également le problème des circuits courts : certains médicaments deviennent rares car ils sont produits en Chine, du fait d’une logique financière de délocalisation, et ce pays est en panne. Actuellement, les pharmacies n’ont plus de masques, les généralistes disposent seulement de masques périmés, dans un pays dit développé, avec une pandémie qui menace et un pays voisin, l’Italie, qui vient de confiner 16 millions d’habitants. Cela pose la question des moyens de la production industrielle dans le domaine de la santé : il faut reposer la question de la place des outils de productions sur le territoire.

      L’épidémie doit réveiller la conscience des gens sur ces différents sujets. L’association MNLE accomplit un travail sur le développement des circuits courts et le rapport environnement/santé.

      Avis du MNLE 93 sur la création de ZAC  » Cluster des Médias »

                 

      Consultation publique : Création de ZAC « Cluster des Médias »

      Avis du MNLE 93 et Nord Est parisien

      L’Aire des Vents est régulièrement occupée pour des activités culturelles et sportives, vol à voile, cyclisme (entraînement et épreuves) et autres qui ne peuvent se pratiquer que sur ce site en Seine-Saint-Denis. Espace naturel sensible, l’Aire des vents est partie intégrante du Parc Georges Valbon. Elle ne doit pas être dénaturée. Pour que les villes autour soient « des villes jardin », il faut sanctuariser le parc et étendre ses espaces verts.

      Le projet de « Cluster des Médias » ce sont 10 hectares d’espaces verts réservés au grand public et perméables supprimés avec l’abattage de nombreux arbres anciens de hautes tiges. Alors qu’il faut faire entrer le parc dans la ville, on nous vend une privatisation des espaces publics.

      Il s’agit de se saisir des JOP 2024 comme accélérateur pour faire de la densification urbaine. Tous les sites concernés par les JOP 2024 dans le département obéissent à l’objectif convoité de la Métropole parisienne.

      Les adeptes du projet préfèrent avancer sans dire mot sur l’après JO et les conséquences pour les habitants. Pourtant, les trois Maires des villes concernées, le Département, la Présidente de la Région et enfin l’Etat sont tous membres du Conseil d’Administration de SOLIDEO (Société de livraison des Ouvrages Olympiques) et certains d’entre eux en sont vice-président, leur acceptation de l’après JOP 2024 ne fait aucun doute et leur silence sur cette phase finale est pour le moins inquiétant.

      Le Cluster des Médias en vue des jeux olympiques et paralympiques n’est qu’une phase intermédiaire vers l’un des nombreux projets d’aménagement du Grand Paris. L’objectif est de construire des logements et des commerces en cédant du foncier, public, réservé depuis les années 60 à de l’espace vert : logements de standing, inaccessibles aux habitants des communes concernées ou encore avec des loyers que les salaires moyens de Seine-Saint-Denis ne pourront payer. Ainsi que devient l’intérêt général ?

      Le projet vise la construction de 1 300 logements et pour le faire accepter prévoit quelques aménagements attendus depuis longtemps par les habitants.

      Les besoins des habitants ne sont pas abordés dans ce projet urbain détaillé dans un long document d’étude d’impact (522 pages) au vocabulaire propre à décourager le plus grand nombre possible de citoyens.

      C’est la marche forcée vers la gentrification et l’éloignement vers la grande banlieue des populations les plus modestes par un prix inabordable du loyer ou de l’accession à la propriété.

      Pourtant cette partie de territoire avec l’aéroport, le parc des expositions, le musée de l’air et de l’espace, le parc départemental et les lignes de transports, est d’un point de vue urbain, très riche.

      Pourquoi continuer à affirmer que le territoire est morcelé, mal desservi…. Pourquoi « s’inquiéter » aujourd’hui des nuisances subies par les riverains de l’A1 alors que toutes leurs demandes d’améliorer leur situation sont restées lettre morte depuis plus de 20 ans.

      On retrouve dans ce dossier les mêmes arguments que ceux qui nous ont été servis pour vanter en 2015, le projet de construction de 24 000 logements dans « les franges » du parc Georges Valbon.

      Cette fois l’impératif est Olympique, supposé incontestable ! Le Cluster des Médias fait bien partie du dossier initial, mais il était question d’aménagement provisoire (au même titre que le Champs de Mars, le château de Versailles, les Invalides) rien ne contraint à ce type d’urbanisation. Par conséquent, une alternative est possible.

      Il s’agit, en fait, de supprimer un espace vert public pour le céder aux appétits financiers de promoteurs, construire et densifier. Compte tenu du parc hôtelier dans un rayon de 5 km, cet équipement « en dur » n’est pas indispensable ! Que restera-t-il de ces importants investissements pour les populations locales ?

      Ce secteur va souffrir des nuisances liées aux travaux de la ligne 16. La Société du Grand Paris ayant refusé de faire transporter les terres excavées par voie ferrée, ce sont 400 camions/jour pendant 18 mois qui vont dégrader les routes, les abords du parc Georges Valbon et le cadre de vie des populations. Et qu’en sera-t-il des nappes phréatiques du parc et de son label « Natura 2000 » ?

      Les espaces verts et ses arbres incarnent une forme d’insubordination à l’économie de marché. Détruire le plus grand, comme le plus petit espace vert, c’est détruire des écosystèmes constitués au cours des dernières décennies, qui ne trouveront pas de compensation. Compte tenu de la profondeur des pollutions, il faudra de nombreuses années pour que le terrain des essences puisse être intégré au parc, à ce propos, aucun engagement n’est pris dans le dossier de ZAC…

      Là où nous voulons simplement une ville où habiter, circuler, travailler, apprendre, se cultiver, flâner, partager des espaces de vie et faire nos courses… il nous est proposé une ville rationnelle, une machine à sous où toutes les fonctions sont soumises à la sacro-sainte loi du « business ».

      Nous avons l’expérience de ces formules officielles et passe partout : « embellissement urbain », « désenclavement », « résidentialisation », « reconquête », « territoire morcelé » etc. Elles accompagnent systématiquement les grands projets, qui deviennent des grands chantiers du BTP pour être finalement des grandes dévastations de l’environnement obligeant à des « exodes » de populations.

      Ce projet est surtout une importante densification urbaine :

      • 1 300 logements, principalement en accession à la propriété, seraient in-fine construits en bordure de la D40 déclassant 10 hectares d’espace naturel public de l’Aire des vents,
      • Les hectares restants se trouveraient en « fond de parcelle » avec une visibilité et accessibilité faible laissant naturellement penser à une densification complémentaire après 2024. Le percement d’une voie bus et cyclable entre le rond-point de la Comète et la rue M Bokanowski préfigure une traversée de véhicules vers le centre-ville,
      • 1 300 logements, c’est entre 3 500 et 4 500 habitants en plus à Dugny, qui compte aujourd’hui ± 10 500 habitants, soit + 43 %,
      • 1 300 logements, c’est au moins 2 000 voitures en plus, des difficultés de circulation accrues sur un réseau routier déjà saturé,
      • 1 300 logements, c’est un plus grand nombre d’enfants et de jeunes à accueillir en maternelle, primaire, collège et lycée. Le dossier est très discret sur ce sujet.
      Les questions essentielles auxquelles il importe de répondre sont celles des habitants :
      • Réduire les bruits impactant fortement la population (aériens et routiers) et les nuisances de tous ordres (renforcées par l’évacuation par la route des excavations de la ligne 16).
      • Améliorer la qualité de l’air, faciliter les transports collectifs, aménager le territoire pour réduire les temps de trajets domicile – travail, améliorer les circulations piétonnes et faciliter les mobilités « douces », résister au changement climatique et en réduire les impacts par l’adaptation des villes et de l’habitat.
      • Maintenir les emplois existants et sur la base des savoirs faire du bassin d’emploi, en créer de nouveaux, redynamiser les centres-villes, entretenir l’habitat collectif pour en stabiliser sa population, adapter les infrastructures scolaires avec les équipements sportifs.
      • Parce que ce projet n’a pas pour objectif de répondre aux questions et aux besoins des habitants,
      • Parce que cette consultation use de codes inaccessibles au plus grand nombre,
      • Parce que le projet est -stricto sensu – une densification urbaine sans rapport avec les besoins des communes et à l’opposé des intérêts de ses habitants,
      • Parce que le projet ne respecte pas les enjeux environnementaux, qu’il détruit des espaces verts et de nombreux îlots de diversités et leur biodiversité, sans assurer les continuités écologiques ni apporter de véritables compensations,
      • Parce qu’il faut stopper toute imperméabilisation des sols en Île-de-France.
      • Parce que ce projet est « en trompe l’œil » et amalgame accueil des JOP et densification urbaine,
      • Parce que nous pensons qu’une alternative est possible pour l’après Jeux
       L’espace et le territoire sont des questions citoyennes et ne supportent aucune injonction. Il s’agit de biens publics, les citoyen.ne.s doivent pouvoir, objectivement, décider de leur environnement.

      Le MNLE 93 et Nord Est Parisien ÉMET un avis defavorable

      Pantin le 19 mars 2019

       

      Avis MNLE 93 du 10 mars 2018
      Procédure simplifiée de révision du PLU de l’Aire des Vents à Dugny – La Courneuve

      Télécharger le communiqué en cliquant  ICI

      le MNLE 93 Nord Est Parisien manifeste le 14 mars pour dire Non au T4

      Rendez-vous  14 h00 a l’angle Richard Lenoir/Bastille, Nous défilerons avec les associations qui disent Non au T4

      Le combat peut être gagné !

      L’extension de l’aéroport de Bristol vient d’être annulée pour protéger l’environnement, et la justice britannique a rejeté celle de l’aéroport d’Heathrow, jugée incompatible avec les accords de Paris.

      Nous devons être  nombreux et nombreuses pour dire NON à l’extension de Roissy, probablement le projet le plus climaticide en France !

      Au programme

      13h30 : RDV à la Bastille (Le point de RDV exact vous sera communiqué ultérieurement sinon cherchez les pancartes du cortège « Non à l’extension de Roissy/Terminal 4)

      14h00 : Marche de Bastille à République, en passant par l’Hôtel de Ville.

      17h00 : Prises de parole et concert à République.

       

      NON au T4. Le préfet d’Ile-de-France sourd à la demande de 34 associations

       

       

      COMMUNIQUÉ DE PRESSE

      ENQUÊTE PUBLIQUE SUR L’EXTENSION DE ROISSY

      Le préfet d’Ile-de-France sourd à la demande de 34 associations

      L’enquête publique sur le projet du Terminal 4 à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle pourrait se tenir en juin-juillet 2020 : c’est ce qu’indique un document du Groupe ADP datant du 16 janvier dernier.

      34 associations et collectifs ont adressé mi-janvier à M. Michel Cadot, Préfet d’Ile-de-France, un courrier lui demandant de prendre en compte la nécessité de démarrer l’enquête publique en septembre :

      • En effet, les élections municipales occupant une grande place dans l’agenda du 1er semestre 2020,  il est essentiel que l’enquête publique débute avec des équipes d’élus en place pleinement disponibles et opérationnelles.
      • Il est crucial que l’enquête publique ne se déroule ni au mois de juillet ni au mois d’août pour s’assurer de la présence de tous les acteurs impliqués, et en premier lieu, des populations concernées.

      A ce jour, après un mois et demi d’attente et malgré plusieurs relances, les associations restent sans réponse. Elles demandent au Préfet d’Ile-de-France d’intervenir dans l’intérêt de la démocratie participative et de jouer la transparence vis-à-vis des franciliens.

      S’agirait-il d’un passage en force ? Privés l’an dernier d’un débat public (fait dénoncé par Mme Jouanno, présidente de la Commission nationale du débat public, dans des courriers adressés au Gouvernement), les citoyens n’accepteront pas de voir une nouvelle fois leurs droits à l’information et à l’expression bafoués, uniquement parce que le Groupe ADP souhaite accélérer le calendrier du projet probablement le plus climaticide de France, dans un contexte ou les extensions d’aéroports sont de plus en plus remises en cause pour leur impact dramatique sur l’environnement. Ainsi, l’extension de l’aéroport de Bristol a récemment été annulée pour ce motif, et la justice britannique a rejeté l’extension de l’aéroport d’Heathrow, jugée incompatible avec les accords de Paris.

      Contacts presse :

      Françoise Brochot, Présidente de l’ADVOCNAR : 06 79 51 25 60; Audrey Boehly, membre du collectif Non au T4 : 06 77 81 49 40;  Muriel Martin-Dupray, Vice Présidente de FNE Ile-de-France : 06 18 98 53 25; Bernard Loup, président du CPTG : 06 76 90 11 62

      Associations et collectifs signataires du courrier au Préfet d’Ile-de-France : 

      FNE Ile-de-France : Thierry Hubert – PrésidentFNAUT : Bruno Gazeau – Président, Notre affaire à tous : Chloé Gerbier – Représentante, UFCNA : Chantal Beer-Demander – Présidente, Ville et Aéroport : Jean-Pierre Blazy – Président, ADVOCNAR : Françoise Brochot –  Présidente, Collectif Non au T4 : Thomas Motte – Membre, FNE Seine et Marne : Bernard Bruneau – Président, FNE Paris : Christine Nedelec – Présidente, Environnement 92 : Irène Nenner – Présidente, Val d’Oise Environnement : Bernard Loup – Président, Environnement 93 : Francis Redon – Président, MNLE 93 Nord Est Parisien : Jean-Marie Baty – Président, CTPG : Bernard Loup – Président, Changer Deuil : Fabrice Rizzoli – Président, Association pour la Défense et le Respect de l’Environnement et du Cadre de vie : Catherine Schouweiler – Présidente, Comité de riverains de St Brice sous Forêt : Ghislaine Kusnierz – Présidente, DIRAP : Jean-Marc Buteux – Président, FCPE Collège Charles Le Brun : Joan Clément – Présidente, Association USMBM : Allan Green – Président, Amis de la Nature – Paris centre : Josseline Gueugnon – Présidente, Sauv Nature St Leu la Forêt : Bernard Foulon – Président, AMAP Montmorency : Angélique Motte – Présidente, AMAP – Le Panier d’Argenteuil : Juliette Dubois – Présidente, Association AVL3C : Dominique Pelegrin – Président, Sauvegarde du Bas Pommeret (ASBP) : Jean-Marc Barbé – Président, Les potagers de Cassini : Davy Billaudeau – Président, Association CADEB (collectif d’Associations pour la Défense de l’Environnement dans les Boucles de Seine / Saint-Germain-en-Laye) : Paulette Menguy – Présidente, Association AREC : Jean-Louis Euller – Vice-président, SOS Vallée de Montmorency : Didier Lefebvre – Président, Association ONASA : Christian Doreau – Président, Association CIRENA : Philippe Houbart – Président, TaCa agir pour le climat : Eric Lombard – Représentant, Stay Grounded : Eric Lombard – Président