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TERZEO, un autre avenir pour les terres polluées

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Contribution du Mouvement National de Lutte pour l’Environnement (MNLE) relatif au projet
TERZEO – Paris, le 06/12/2016

Le fonctionnement de nos sociétés modernes est quasi-exclusivement basé sur le principe d’économie linéaire : une utilisation importante de matière première permettant la production de biens soumis à l’achat, mais dont on se soucie peu de savoir comment ils pourraient être recyclés ou valorisés une fois leur usage terminé.

Ce constat s’applique au marché du bâtiment et des travaux publics. Or, dans ce domaine, la Région Île-de-France est, d’une part, en déficit de matière première et, d’autre part, fortement productrice de déchets (inertes, non dangereux, et dangereux) qui doivent être traités et qui, pour la plupart, sont enfouis en installations de stockage ou servent à combler d’anciennes carrières. La Seine-et-Marne est d’ailleurs à ce titre un exutoire important de ces déchets.

Quelques enjeux du PREDEC (Plan régional de prévention et de gestion des déchets issus de
chantiers du bâtiment et des travaux publics), adopté en juin 2015, sont intéressants à rappeler :

  • Favoriser l’émergence de filières et d’une économie circulaire locale et régionale ;
  • Répondre à l’enjeu croisé du recyclage et de l’approvisionnement en matériaux ;
  • Impliquer la maîtrise d’ouvrage et encourager les bonnes pratiques notamment pour réduire et trier les déchets de chantiers.

Le projet TERZEO développé sur le site de Villenoy répond à ces 3 enjeux. A partir des 200 000 tonnes de terres polluées (dont celles du site d’implantation) ou non, entrant chaque année sur le site, 75% (soit 150 000 tonnes par an) en seront extraites et valorisées. Il s’agit de sables et gravillons qui constitueront une matière première secondaire qui pourra être à nouveau utilisée par l’industrie des travaux publics. Les 25% restant étant traités sur place par enfouissement. C’est ainsi que cette valorisation permettra de réduire de 75% la quantité de déchets produits (destinés aujourd’hui principalement à l’enfouissement), tout en approvisionnant en matière première les chantiers de la Région.

A noter que les 40 000 tonnes (soit les 25% restant) enfouies dans la future installation de stockage de déchets dangereux (ISDD) étant constituée majoritairement de fines argileuses, pourraient aussi faire l’objet, à moyen terme, d’une valorisation matière. Cela nécessite encore un peu de recherche et le développement de filières industrielles correspondantes. A noter que les traces d’hydrocarbures et les pollutions solubles dans l’eau sont traitées. Aucun déchet dangereux extérieur ne peut être directement admis dans l’ISDD. C’est un stockage interne réservé au procédé. Il est donc erroné, voire fallacieux, de réduire le projet TERZEO à un ISDD.

projet-terzeo-1

De plus l’implantation de ce projet est prévue sur un terrain qui est aujourd’hui une friche
industrielle polluée, évitant ainsi l’utilisation de terres agricoles. L’implantation de cette installation s’accompagnera de la dépollution d’une part importante du site, et de son aménagement (ou réaménagement) faunistique et paysager, permettant son intégration paysagère. Cette implantation étant prévue en prenant en compte les richesses faunistiques et floristiques du lieu, en faisant en sorte de les maintenir et de les développer dans l’enceinte de la future installation. C’est ainsi que sur les 60 hectares du site, seule une dizaine sera utilisée pour l’activité industrielle. Le reste étant maintenu en zone naturelle.

Enfin, les impacts potentiels de l’activité sur son environnement sont fortement limités, notamment par les actions mises en place. A titre d’exemple, afin de limiter le trafic routier (qui n’augmente que peu celui déjà présent dans la zone) les camions seront gérés en double fret : ceux qui entreront sur le site pour apporter de la terre polluée repartiront chargés de matériaux valorisés. De même, les eaux du site, quelles qu’elles soient (procédé, eaux de pluie, lixiviats) seront traitées sur place afin de pouvoir être utilisées (notamment) dans le procédé.

Ce projet montre qu’il est possible de gérer autrement les terres polluées ou non, issues des chantiers de la Région en permettant leur valorisation. Le taux de valorisation est fixé aujourd’hui à 75% mais pourrait demain être bien plus important, limitant le traitement aux seuls résidus ultimes ne représentant alors plus que quelques pourcents. C’est cette voie que doivent emprunter les différentes parties prenantes de la gestion des déchets de chantier : entrer dans l’ère de l’économie circulaire et abandonner celle du tout enfouissement. La Région Île-de-France, comme le département de Seine-et-Marne, et donc leurs habitants, ne s’en porteront que mieux.

Par conséquent, le MNLE émet un avis favorable à ce projet novateur, qui inaugure une nouvelle façon de traiter les terres (polluées ou non), et souhaite que l’État et la Région favorisent le développement de ce type d’équipement sur les autres départements d’Île-de-France afin de disposer d’un potentiel de valorisation équilibré sur le territoire régional et pouvant prendre en charge l’ensemble du gisement.

CDG Express: une nouvelle liaison ferroviaire entre Paris et la Picardie?

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CDG Express doit relier l’aéroport de ROISSY à la gare de l’Est. En fait les informations disponibles ne sont pas très précises, ni sur la place de la gare à Roissy, ni sur celle de Paris. Ce que l’on sait c’est que CDG Express est en concurrence avec des TER picards en provenance de Laon sur une ligne existante qui aboutit en gare du Nord. Il y a aussi un projet d’une nouvelle ligne de métro qui doit desservir EUROPACITY, projet délirant de super centre commercial. Pendant ce temps les franciliens s’entassent dans leurs RER et les picards ont de plus en plus de mal à accéder à Paris Nord.

Les adhérents d’ ALEP 80 se sont alors posé la question suivante : CDG Express ne peut-il pas être un deuxième et nouvel accès des TER picards à Paris tout en restant une desserte rapide de l’aéroport et en soulageant le RER B ? A notre connaissance, cette question n’a pas été posée et elle a donc été ignorée de l’enquête publique qui vient de s’achever. Elle se résume à la possibilité de relier la gare TGV de ROISSY qui doit de toute manière être transformée, à la gare de CDG Express et à veiller à la compatibilité  des matériels roulants. Ce qui ne doit pas être impossible.

En fait la construction d’une voie nouvelle entre CREIL et ROISSY vise trois cibles : accéder à la gare TGV, desservir la zone d’activités à partir de la Picardie et du Val d’ Oise  et desserrer  les accès à la gare du Nord de Paris.

ALEP 80 demande donc que de manière urgente, la complémentarité et la coopération entre CDG Express et la voie nouvelle Picardie ROISSY soient étudiées. ALEP 80 s’adressent en particulier aux parlementaires.

NDDL: le juges de la Cours Administrative d’Appel contredisent Madame le Rapporteur Public

Les juges ont fait le choix de confirmer ceux du Tribunal administratif, sans rendre lisible leur argumentation pour nos concitoyens et ainsi favoriser l’écriture d’un nouveau chapitre.

La « raison » de ceux qui prétendent détenir « la vérité »sur l’utilité de ce projet contesté, même s’il s’agit de l’Etat, n’est pas nécessairement utile pour l’avenir et les générations futures   En effet l’Etat se désengage de ses obligations en termes d’aménagement du territoire et de transport, prenant en otage les collectivités territoriales.

 En la circonstance le MNLE considère qu’il ne faut pas utiliser ce vote des juges, comme un argument d’autorité, pour faire cesser un débat qui ne s’est pas suffisamment déployé. Le rapport du Conseil général de l’Environnement et du Développement Durable (Ministère de l’Environnement) d’avril 2016 en est une preuve parmi d’autres.

Expression du MNLE PDL Nanturellement suite décision de la CAA de Nantes nov 2016

Article Ouest France du 8 Novembre 2016

Déchet: Un survol de dernières décennies

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Ces dernières décennies, le déchet à conservé la même définition juridique mais la manière dont il est traité a beaucoup évolué sous l’impact de différents facteurs. Les trente glorieuses n’en faisaient pas grand cas. Il était le plus souvent jeté sans précaution particulière. Bien des incinérateurs ne faisaient que le détruire en d’autres déchets. Ceux qui le valorisaient polluaient l’air.

Tout le dispositif a commencé à évoluer dès le début des années 90. Une réglementation de plus en plus sévère a contraint les équipements qui subsistaient à respecter des normes. La moitié du coût  d’un incinérateur est dédié aux traitements des fumées et de l’eau. Les décharges se sont muées en centre de stockage. La méthanisation est apparue. Les déchets industriels dangereux sont enfermés dans du béton. Bref en une dizaine d’années les pollutions de proximité ont été jugulées. Les dioxines  ne font plus la presse. Les coûts  ont augmenté. La vigilance est de rigueur.

Pendant le même temps et sous la pression principale des industries du verre et de l’agro-alimentaire, les déchets d’emballages ont fait l’objet d’une attention spéciale. Elle a bouleversé le rapport entre l’habitant et ses déchets ménagers. Le citoyen y perd souvent son latin. Il suit par civisme. Ce dispositif ne concerne qu’une partie très minoritaire des déchets ménagers. Le consommateur a pris le relais du contribuable.

Pendant la première décennie des années 2000, sous la notion de REP : Responsabilité Élargie du Producteur, sa systémisation a englobé la quasi-totalité des déchets des ménages. La règle du pollueur- payeur a été consacrée par l’Union Européenne comme un des piliers fondateurs d’une société du recyclage. En d’autres termes il s’agissait de vendre une image propre d’une économie productiviste. Les filières du verre et du papier tendent toujours de nous convaincre de l’éternité de leurs stocks de matières.

 

Un bilan rapide

Les moyens hexagonaux de traitement des déchets respectent aujourd’hui généralement leur proximité. Le développement du tri des déchets chez l’habitant et l’entreprise est devenu une quasi-institution, plus ou moins respectée et écoutée. Elle a contribué à crédibiliser une idéologie du « recycler pour sauver la planète »   qui mérite d’être décantée. Car il s’agit aussi de sauver un mode de production-distribution qui à l’origine était basé sur l’emballage perdu. Il s’agit aujourd’hui, à l’heure où les circuits économique de proximité apparaissent comme une bonne solution pour l’agriculture-élevage, de renouer avec une notion qui a beaucoup de mal à s’imposer : la prévention. Certes la production d’ordures ménagères a légèrement diminué ces dernières années pour des raisons encore obscures.  Bravo. Mais le circuit de proximité devrait permettre le réemploi des contenants. C’est sans doute une des clés du succès possible et souhaitable de ces circuits. La société civile doit en prendre l’initiative. Il ne faut pas compter en effet sur les principaux acteurs industriels et agricoles pour faire évoluer le système.

Il faudrait de manière plus générale systématiser les analyses de cycle de vie des emballages, des performances environnementales et économiques des dispositifs territoriaux  de valorisation des déchets de toute nature. On pourrait avoir d’heureuses surprises, par exemple des puits de gaz carbonique.

 

L’économie circulaire

C’est le dernier avatar, peut être heureux, de la notion de recyclage. Ce dernier devait permettre la substitution d’un matériau vierge par de la matière déjà utilisée. Or on s’aperçoit que le cercle est en général non fermé pour deux raisons : la qualité moindre du recyclé (quand il n’y a pas impossibilité,  exemple  des papiers sanitaires), la dépense énergétique résiduelle (le verre recyclé économise moins de la moitié de l’énergie). C’est mieux de recycler mais ce n’est pas forcement la panacée.   C’est nécessaire mais pas suffisant.

La notion d’économie circulaire pourrait permettre d’élargir le champ de vision. Par exemple, si des déchets de papier peuvent trouver une utilisation locale sous forme de gaz après méthanisation et donc se substituer à du gaz fossile (comme carburant par exemple), il y a là un cercle vertueux qui évite des transports : une double utilisation de biomasse, une fois en papier, une autre en carburant.  Il s’agit donc d’envisager, dans une approche territoriale, les échanges de ressources entre l’industrie, l’urbain et l’agriculture-élevage. C’est une nouvelle dimension pour l’utilisation du déchet qui peut entrer en conflit avec les filières traditionnelles.

 

Le compost

L’image du déchet a évolué mais elle reste négative. La conséquence la plus grave, outre le NIMBY toujours vivace, se trouve dans les contraintes réglementaires sur le compostage. La méthanisation ou compostage sur ordures ménagères a fait officiellement les preuves que le produit livré est d’excellente qualité qui n’a pas à rougir de la comparaison avec son homologue issu de collectes sélectives. Mais on peut en faire beaucoup plus et à coût moindre. La qualité est encore améliorable si on procède à une collecte séparée de tous les petits appareils électriques et électroniques et si on supprime l’utilisation des pesticides. Le lobby agro-industriel qui fait du marketing verdi, rejoint il est vrai par l’agriculture biologique pour d’autres raisons, fait barrage sans aucune raison objective à cette filière de valorisation des ordures ménagères. Il y a un intérêt manifeste à disposer d’un fort tonnage de compost voir d’engrais organiques dans une économie circulaire.  Leur épandage massif est une des mesures majeures à prendre tant pour l’action sur l’atténuation du changement climatique que pour l’amélioration des pratiques agricoles. Il ne s’agit pas seulement de retourner du carbone  aux sols mais d’agir favorablement sur les cycles de l’azote, du phosphore et du potassium. Il faudrait par contre interroger de plus près les épandages de boues urbaines. La question principale réside dans les résidus de médicaments trouvés dans les urines et qui peuvent être sources de perturbateurs endocriniens.

François COSSERAT

Quel est le prix actuel de la chaleur?

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ALEP 80 avait demandé une réunion publique pour débattre du choix de la majorité municipale privilégiant le plus cher des postulants. Rappelons que pour un logement HLM du type F4 la note sera plus élevée d’environ 2500€ sur la durée du contrat. En l’absence de réponse nous avons demandé un report de la décision. Force est de constater que ce projet a été traité à la hussarde.
Pour ALEP 80 la question de l’énergie nécessaire au chauffage et à la production d’eau chaude doit être traitée de manière analogue à celle de l’eau : un service public local. Il a été créé il y a 5 ans. La municipalité le délègue pour 25 ans. Le sujet est donc d’une grande importance, tant pour le climat que le budget des ménages.
ALEP 80 ne renonce pas au débat public et envisage les suites à donner à la décision municipale pour qu’il puisse se tenir. Le citoyen pourra trouver sur le site MNLE, rubrique « les comités », une page numérique interactive où des informations et des arguments peuvent être échangés.
D’ores et déjà ALEP 80 tient à rectifier une erreur sur le prix actuel de l’énergie donné à 72€ le MWh (information donnée aux élus et à la presse). Or dans la dernière séance du conseil a été voté une délibération dans laquelle le prix est de 63,77€ le MWh (avenant 1 avec l’OPH). La fiabilité des informations est la première des conditions pour qu’un débat public puisse se tenir dans de bonnes conditions. La différence est sensible. Ce communiqué sera porté à la connaissance de madame la maire d’Amiens.
Soit, , elle accorde une ristourne à l’OPH, mais de quel droit, soit l’information donnée est erronée. Dans tous les cas il y a problème.

Le 8 novembre 2016

pour en savoir plus

NDDL : Madame le Rapporteur Publique se positionne pour préserver l’intérêt général dans le respect de la loi

Madame le Rapporteur Publique  de la Cour administrative d’Appel de Nantes  argumente, rappelle à l’État ses obligations  et se positionne pour préserver l’intérêt général dans le respect de la loi.ouestfrance-08-11-2016

L’ACIPA, le CEDEPA et les citoyens engagés pour préserver l’agriculture et les zones humides ont permis que soient mis sur la table les enjeux environnementaux relatifs au projet  d’aéroport de NDDL. Le principe de précaution impose pourtant  une alternative au projet (d’où Nantes Atlantique). Le droit européen (pourtant transcris en droit français par le Parlement) impose une étude environnementale globale afin d’éviter de masquer les enjeux qui dérangent. Les études parcellaires permettent d’éviter les sujets délicats ou encombrants.

Depuis le départ, l’État et ses partenaires des collectivités territoriales et locales constitutives de Nantes Métropole et de la Métropole à deux pôles (Agglomération nantaise et nazairienne  notamment) , se sont empêtrés dans un projet (conçu par l’Aviation Civile) occultant  :

  • les enjeux environnementaux et le développement durable  ;
  • les principes d’une  multimodalité des transports et le nécessaire aménagement du territoire en fonction des besoins et choix  partagés ;
  • la possibilité de mettre en défaut la métropolisation qui privilégie l’accumulation du capital au détriment d’un meilleur équilibre entre les trois piliers du développement durable (Social, Économique et Environnemental)

tout  estimant possible de  placer les citoyens, les associations et les syndicats  comme spectateurs d’une puissance publique au service du  projet du groupe Vinci.

Dans l’attente de la décision des juges de la Cour administrative d’appel du 14 novembre qui statuerons à partir du rapport de Mme le Rapporteur public le 14 novembre  2016.

Pour en savoir plus:
Après la consultation NDDL de Juin 2016
CGEDD-2016


Notre Dame-des-Landes, le sol ne pourrait pas supporter les pistes de l’aéroport (Journal le Monde du 8 novembre 2016)

Et si le sol du bocage était inapte à la construction des pistes du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes ? C’est l’argument développé par Luc Brohan, chercheur au CNRS de Nantes en physique et chimie des matériaux, qui a compilé cinq thèses récentes de doctorat consacrées « aux traitements des sols argileux par liants hydrauliques ». Ces cinq thèses, conduites entre 2010 et 2012, avaient pour objet de rechercher l’efficacité des traitements par liants hydrauliques (chaux et mélange chaux-ciment) dans la consolidation des sols argileux, tel celui de Notre-Dame-des-Landes. Elles étaient produites dans le cadre de projets de recherche pilotés par des établissements publics.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/11/08/a-notre-dame-des-landes-le-sol-ne-pourrait-pas-supporter-les-pistes-de-l-aeroport_5027319_3244.html#3KKx0LRsiJiyy3Bi.99

Congrès 2016 – Le capitalisme n’est pas soluble dans les énergies renouvelables…

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Rapport moral
Congrès de Givors 5 et 6 novembre 2016

Le capitalisme n’est pas soluble dans les énergies renouvelables
Les réponses sont à construire au creux du quotidien
Dépasser l’impuissance et la colère avec de nouveaux pouvoirs

Notre dernière assemblée générale s’est tenue le 24 octobre 2015, en pleine préparation de la COP 21. Nous avons accueilli avec sympathie l’initiative d’ALTERNATIBA. C’est que nous sommes de celles et ceux qui pensent que la question climatique n’est qu’une dimension d’une crise globale, sociale et environnementale. L’humanité doit faire face à des défis énormes sur le climat, l’eau, la biodiversité, la santé publique, la démographie en même temps que les inégalités sociales explosent.

Il ne suffit pas de dénoncer la phase actuelle du capitalisme où une infime minorité détient richesses et pouvoirs. Il ne suffit pas de dire que la recherche avide du profit gouverne le monde. Il ne suffit pas de regretter que la pensée économique dominante oublie volontairement la limite et l’usure des ressources naturelles, qu’elle désigne le productivisme, la compétition généralisée, la loi de l’argent comme les seuls possibles, parfois parfois tempérés par la norme, voire la fiscalité.
Le travail et son prix, l’environnement en sont les premières victimes. D’où une croyance au miracle technologique salvateur. D’où la justification de l’approfondissement des inégalités sociales, de la déqualification du travail. On peut encore augmenter la liste de ce qui ne va pas.
Mais se pose alors la question : pourquoi a-t-on autant de mal à trouver la bonne stratégie, les bonnes solutions ? Pourquoi les forces politiques dominantes reçoivent-elles encore le mandat de soutenir ce système de plus en plus inhumain ?
Il y a sans doute un ensemble d’explications à donner. Mais ne sous-estimons pas le caractère inédit de l’époque que nous vivons. Jamais l’intelligence humaine n’a su créer autant d’outils pour modifier l’environnement. Ils sont détournés par le productivisme pour développer un consumérisme fournisseur de plaisirs pour ceux qui ont les moyens de s’y plonger, de frustrations pour les autres. Les liens sociaux ont été affaiblis, voire anéantis. L’individu est de plus en plus seul contre tous et donc naît le besoin de sécurité publique qu’une telle violence latente fait surgir.
Face à une telle pression, globale et féroce, les forces alternatives n’arrivent pas encore à rencontrer la conscience d’un grand nombre de citoyens, à faire partager l’idée qu’une autre société est possible. . ( D’où l’intérêt du projet des jardins de la solidarité alimentaire de nos amis du Rhône)

La COP 21 et la loi du 17 août 2015

Nous avons vécu la 21ème COP et allons vivre la 22ème. Ce long cheminement n’a pas apporté d’avancées dans la maîtrise du risque climatique. On peut toujours être optimiste en disant que la dernière est la bonne et que la situation pourrait être pire si elles ne s’étaient pas
tenues. Certes. L’opinion publique est beaucoup plus avertie. Il y a des progrès sur la motivation des États, sur la fiabilité des processus informatifs. Mais en fait, la question est-elle bien posée ? La priorité est donnée à la transition énergétique alors qu’à l’évidence il faut mettre en œuvre une transition écologique et sociale. La loi du 17 août 2015 qui définit les intentions de la France dans le cadre de la COP 21 en est une bonne illustration.

Sur les 7 titres de cette loi, 3 concernent l’énergie, un les procédures administratives. Le titre consacré à l’habitat traite notamment de la rénovation thermique. On parle beaucoup de construction neuve alors que l’effort doit porter sur la parc ancien. Le tiers-financement est autorisé, mais les moyens à mettre en œuvre sur le terrain ne sont pas abordés. Le retour d’expériences est apparemment très maigre. Les informations les plus sérieuses dont nous disposons nous laissent septiques quant aux fins et aux résultats sur le parc ancien. C’est un sujet où nous devons faire un effort de clarté.
Un autre titre traite des déplacements. Or, manifestement, la SNCF est dans les cordes, assommée par une dette de 50 milliards dont une partie est reconnue comme un dette d’État. La loi Macron officialise la compétition modale. Le lâchage de la région PACA pourrait être suivi par d’autres. Ségolène ROYAL prend le diésel comme bouc émissaire et l’auto électrique comme deux ex machina. Le recours systématique au libéralisme, à la compétition prive l’État de toute stratégie cohérente et affaiblit ses moyens d’intervention. Cette carence peut être étendue à l’aménagement du territoire. C’est manifeste sur des projets comme NDDL, EUROPACITY. L’État procède par coup comme sur PARIS – ROISSY, Seine Nord Europe. Tout ceci parce que la politique dominante s’inscrit sans réserve dans une globalisation économique assise sur le duo productivisme-consumérisme et la métropolisation. La notion de « Paris ville monde » est à décortiquer.
Le dernier titre relève du gaspillage et de l’économie circulaire. On pourrait en être satisfait. Mais la problématique est très centrée sur la notion de déchets et une approche comportementale. L’industrie n’est pas franchement abordée. Ségolène ROYAL veut fermer l’usine ALTEO de Gardanne alors qu’elle peut être un cas exemplaire d’économie circulaire. C’est ainsi que le MNLE aborde cette question : fin dès que possible de tout rejet dans la mer, réutilisation de l’eau, valorisation des argiles, relations de proximité, reprise des impacts anciens. L’arsenal réglementaire est très réduit.

La réflexion sur une approche territoriale d’une industrialisation basée sur les ressources renouvelables (énergie, agriculture, foresterie) est réduite à l’utilisation énergétique du bois dans des conditions parfois contestables (EON Gardanne par exemple). Les rares cas de chimie du végétal sont portés par des tenants de l’agriculture productiviste et souvent à partir de l’exploitation portuaire de marchés mondiaux dévastateurs comme celui de l’huile de palme. De manière générale (cas d’ALSTOM en particulier), l’Etat n’a guère de politique industrielle. Les 13 filières stratégiques lancées par MONTEBOURG en 2013 auront sans doute quelques retombées.
Mais on peut être dubitatif sur la validité de l’assise théorique d’une telle politique. On se trouve au cœur même du traité de Lisbonne qui tente de dépasser les difficultés économiques et sociales par un surcroît technologique.
On reste fondamentalement dans le productivisme. Son dépassement n’est pas seulement fondé sur une légitimité de l’utilité sociale de la production mais également la définition d’autres rapports avec le travail et la nature. Il ne s’agit pas seulement de mieux répartir les richesses mais de les créer autrement. Ce qui suppose une autre façon d’envisager la consommation et le partage. Problème très compliqué qui concerne également l’agriculture et dont la loi du 17 août ne dit rien. Or agriculture et industrie concourent à environ 50% des émissions hexagonales et plus si on prend en considération la consommation finale.

Un nécessaire changement de modèle

Ségolène ROYAL a façonné cette loi du 17 août à l’image du texte de la COP 21. C’est donc le corpus théorique qu’il faut redresser. Le capitalisme n’est pas soluble dans les énergies intermittentes. D’ailleurs, la publicité tente de faire de chaque Français un rentier en prêtant son toit pour une production électrique. Au nom du climat ! Les coopératives éoliennes échappent-elles à cette gangrène ? Elles en limitent le champ mais elles entrent complétement dans la marchandisation de l’électricité au nom de l’économie sociale et de la décentralisation des productions. L’approche territoriale évoquée plus haut ne peut donc pas se passer d’une réflexion sur les communs et le service public de l’électricité, son intégration dans une politique de l’énergie qui fait une place nouvelle au territoire et au droit. Compte tenu de la nature physique de l’électricité et de l’incapacité actuelle de son stockage massif, l’existence de réseaux nationaux connectés au niveau européen est indispensable.
Ce n’est pas parce que les textes issus des COP sont insuffisants qu’il ne faut pas saisir le temps des COP comme un moyen de faire pression. Faut-il pour autant continuer à donner au climat la place privilégiée qu’il occupe alors que manifestement la maîtrise du dérèglement climatique passe par un ensemble de solutions qui concernent l’organisation de la société et le
comportement de chacun? Mettre l’accent sur la sortie de l’âge des énergies fossiles carbonées peut permettre de réduire les émissions de GES à condition de prendre des mesures cohérentes. Il ne faut pas suivre l’exemple allemand où la production de près de 30% d’énergies intermittentes n’a pas permis de réduire les émissions liées à la production d’électricité et provoqué une chute massive du prix moyen européen, mettant en difficulté le système de production et sans que le consommateur puisse en avoir les retombées.
Tout en poussant à la prise de mesures curatives, il faut mettre en avant des mesures préventives qui agissent sur les causes et ne corrigent pas seulement les effets. Elles doivent comprendre une certaine radicalité tout en étant immédiatement applicables. C’est là la difficulté principale. Il faut donc voir les choses concrètement mais le pragmatisme ne doit pas être seul à la barre. Ce qui compte avant tout est la capacité des individus et de la société à acquérir des aptitudes opérationnelles pour agir, transformer et produire. Ceci peut s’appeler praxis démocratique.

Les champs à investir sont au nombre de quatre. Ce sont ceux d’ailleurs qui organisent les scénarios du GIEC : se loger, se déplacer, s’alimenter et s’équiper. L’urbanisme, les transports, l’agriculture et l’industrie sont donc les terrains sur lesquels doivent s’exercer d’autres manières d’agir. Il ne s’agit pas de rendre les marchés plus vertueux mais de mettre progressivement en œuvre des forces sur des stratégies différentes. Appelons cela des politiques durables. Elles doivent se traduire dans une praxis généralisable soutenue par des politiques publiques. Elles doivent prendre en compte les nouvelles donnes technologiques et leurs conséquences sur le travail en termes quantitatifs et qualitatifs. Le rapport de l’homme à la nature est structurant et doit commencer par la reconnaissance de limites dans les ressources, des effets de l’extractivisme
(extraction minière qui bénéficie surtout aux pays riches).
L’égalité d’accès aux ressources et aux biens est fondamentale. Le partage est donc une règle. La coopération internationale et la culture de paix sont indissociables du tout. Le texte de notre AG de 2014 est toujours valable. C’est autour de ces réflexions et propositions que le MNLE, réseau Homme&Nature, se reconstruit ces dernières années, sans prétention aucune mais avec l’ambition de participer à l’émergence d’autres possibles.

Faire vivre le réseau

Nous sommes organisés en réseau. Le niveau national a sans doute le rôle spécifique de faire circuler l’information et les retours d’expériences. La revue est jusqu’à présent le moyen principal. Un appel a été lancé dans le cadre de la préparation de ce congrès pour qu’on puisse définir les moyens qui permettraient aux comités de développer leurs activités. La séance de demain y consacrera du temps. Nous allons passer un peu de temps sur le site internet. L’ambition est qu’il soit un moyen partagé par l’ensemble du réseau. Ce qui signifie notamment que chaque nœud du réseau puisse contribuer à sa vie, à sa mise à jour. Le webmestre accompagne, conseille.Le bureau national veille à une bonne circulation de l’information et la tenue de rubriques nécessaires pour éclairer et alimenter le débat.

Nous sommes présents sur les 4 axes du quotidien énoncés plus haut, de manière insuffisante sur l’habitat par manque de forces militantes. Pour les transports nous sommes actifs en Loire Atlantique, dans la Somme, en PACA et en Ile de France. Sur l’agriculture, outre une réflexion de bon niveau encore mise à niveau à la dernière université, le projet du Rhône est porteur d’avenir. Sur l’industrie nous développons des actions à Gardanne. Il y a des possibilités dans les Cévennes. Nous sommes toujours présents sur l’Étang-de-Berre. D’autres pistes sont tracées. Nos comités comme nos adhérents isolés peuvent prendre le flambeau. Comment ? C’est une des dimensions de l’appel lancé pour et par ce congrès.
Quelques mots de fin. Nous sommes toujours debout et prêts à passer le relais à une nouvelle génération. Notre positionnement n’est pas toujours facile à comprendre parce qu’il refuse le tout ou rien , l’opposition binaire tout en développant des approches systémiques, graduelles et non exemptes de radicalité. Il y a encore énormément à faire, en particulier dans les propositions de politiques publiques durables qui, répétons le, n’ont de sens que si elles s’appuient sur une praxis démocratique de terrain. Nous avons commencé à partir de NDDL. Nous cherchons à étendre le positionnement sur la globalisation et la métropolisation à partir d’EUROPACITY. Nous construisons une initiative pour pousser l’élaboration de textes réglementaires pour faire passer l’économie circulaire dans une réalité. Nous avons une ambition de faire vivre le comité scientifique. Et nous sommes attentifs à vos propositions.

François COSSERAT
Le 17 octobre 2016