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Congrès du MNLE à GIVORS les 4, 5 et 6 novembre 2016

Appel à propositions

Nos assemblées précédentes ont fixé un cap : les solutions ne peuvent venir que d’un changement en profondeur de la manière de produire et de consommer. Il ne suffit pas de sortir de l’âge des énergies fossiles carbonées. Le capitalisme n’est pas soluble dans les énergies renouvelables. Or il faut bien inverser le modèle, abandonner la compétition effrénée de chacun contre tous, du sauve-qui-peut individuel pour trouver les voies d’un autre développement durable, solidaire et souhaité.

Ce n’est pas simple car inédit voire téméraire. Nous avons défini cinq axes majeurs dans lesquels l’acteur-citoyen doit prendre son envol, trouver du sens et du lien. Ce sont ceux qui structurent le quotidien : se loger, se déplacer, s’alimenter, s’équiper mais aussi partager, c’est à dire répondre aux attentes de milliards de femmes et d’hommes, bien maltraités.
La création du réseau Homme&Nature a pour ambition de réunir sur ce socle. Il est déjà peu ou prou partagé. Notre congrès se propose de débattre dans deux ateliers avec des forces diverses pour envisager de nouveaux développements avec la volonté de ne laisser aucune catégorie sociale sur la touche, d’établir une cohérence entre la progressivité des actions et une stratégie transformatrice.

Dans ce contexte, notre congrès doit se poser la question du renforcement de notre mouvement. Il y a bien sûr des mesures d’organisation à prendre, d’amélioration de la circulation de l’information et de la connaissance. Le site Internet est en reformulation. Le congrès passera un moment pour mieux définir comment il sera un outil partagé. Ce ne sont pas seulement des mesures techniques. Un webmaster est à la disposition des comités pour résoudre cette question. L’enjeu est ailleurs. Il ne s’agit pas de « donner » de l’information, de « communiquer ». Le site doit être un moyen primordial de fonctionner. Autant dire que sa mise à jour doit relever d’une discipline collective. Il ne s’agit pas de la déléguer. Le MNLE est un réseau. Donc chaque nœud du réseau reçoit et donne de l’information. Le bureau national sera chargé de veiller au dynamisme de l’ensemble.

Cette question du site n’est qu’un élément d’une réflexion collective sur notre raison d’être et nos moyens. Notre activité est plutôt à la hausse mais la mauvaise circulation de notre information ne nous permet pas d’en prendre connaissance. Le site devrait remédier rapidement à cette carence. Les sujets sont divers et les voies empruntées sont également diverses. L’objectif est de partager cette expérience, d’augmenter le nombre de lieux où nous pouvons progresser, d’élargir notre influence là où nous sommes actifs. L’approche territoriale nous apparaît comme doublement fertile. D’une part c’est là où le citoyen habite et où se déroule son quotidien si problématique. D’autre part c’est là où se trouvent les gisements de ressources renouvelables, l’agriculture-élevage voire la forêt. Il y a tous les ingrédients pour lancer l’action pour un autre développement, débattre avec celles et ceux qui sont dans l’action. Le capitalisme, le lucre ne sont pas solubles dans les énergies renouvelables. La dimension politique doit donc apparaître sans sectarisme. Il ne s’agit pas de tout appréhender mais se mettre au niveau de notre capacité militante avec l’espoir de la faire grandir.

Comment conforter les initiatives locales ? Comment aller au-devant de nouveaux publics ? De quels outils aurait-on besoin ?

SOIREE D’OUVERTURE du 4 NOVEMBRE

18h15 : Ouverture du Congrès par Martial PASSI, Maire de Givors, Vice-Président de la Métropole de Lyon.
18h45 : Présentation du Congrès par François COSSERAT, Président du MNLE national.
19h15 : Présentation  » des jardins de la solidarité alimentaire » par Bertrand CLAUDY, Directeur du MNLE-69.
20h00 : Buffet.

LE CONGRES du 5 NOVEMBRE

9h15 – 9h30 :   Accueil

9h45 – 12h15 : 1ère table ronde  sur l’agriculture et alimentation, animée par François COSSERAT président du MNLE National.

Intervenants : Terre de Liens, Confédération paysanne 69, réseau INPACT,  CIVAM Rhône Alpes, MNLE,  ARPE69.

De la niche au système : Seule la transformation progressive mais complète de l’agriculture permettra de résoudre les problèmes environnementaux et sociaux qui sont posés avec acuité. Les usagers-citoyens devront l’accompagner. Comment faire tache d’huile à partir d’opérations exemplaires ? Comment mettre toute les couches de la société en situation d’acteurs ?

12h30 – 14h00 : Buffet de produits locaux (participation aux frais 10 €)

14h00 – 16h30 : 2ème table ronde sur la transition énergétique animée par François COSSERAT, président du MNLE NATIONAL.

Intervenants : FNMECGT, SOSFUTUR, ALTERNATIBA, HESPUL (à confirmer)

La transition énergétique est-elle suffisante pour changer le système ? Les COP mettent essentiellement l’accent sur l’énergie en gommant les usages auxquels elle est intrinsèquement liée. Des voix de plus en plus nombreuses disent qu’il faut changer le système. De quel système s’agit-il ? Du capitalisme ? Est-il soluble dans les énergies renouvelables ? Elargir une collection d’actions exemplaires suffit-il ?

 16h45 à 18h30 : Séance publique du Congrès

Rapport moral en présence des invités

Bâtir un développement durable, solidaire et partagé

19h à 20h : Construire en partageant le site internet.

DIMANCHE 6 NOVEMBRE : poursuite du Congrès

9h à 12h :

Rapport d’activités

Rapport financier

Présentation du budget 2017

Débat et vote

Élection du CA et du bureau

Inscription

Pour s’inscrire au congrès suivez ce lien:

Inscription 11ème Congrès

 

Plan d’accès pour se rendre au Congrès :

planMaison du Fleuve Rhône
1 place de la Liberté
69700 GIVORS

Par TER : ligne Lyon/Givors/Saint-Etienne ou ligne Perrache/Givors.

Par bus : TCL (78, 80, 82). Cars du Rhône (13, 20, 33, 34, 54, 55).

Par voie routière : A47 Saint-Étienne/Givors, A7 Lyon/Givors, RD386 Lyon/Givors/Vienne, A46 Nord-Isère.

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Hébergement

Hotel Kyriad
1 quai Georges Levy – 69700 GIVORS – 04 72 49 04 04
En face de la Maison du Fleuve Rhône
Prix : 63€/nuit ; 9,50 € petit déjeuner ; 1,10 € taxe de séjour
NB : Pas de restauration le samedi soir

Première Classe
Zone de Charveaux – rue pasteur et chemin garenne 38670 Chasse/Rhône – 0 892 70 72 60
10 mn à pied
Prix : à partir de 30 €/nuit ; 5,50 € petit déjeuner
NB : Pas de restauration le samedi soir

Campanile
Zone de Charveaux – rue pasteur et chemin garenne 38670 Chasse/Rhône – 04 78 07 03 04
10 mn à pied
Prix : à partir de 45 €/nuit ; 5,50 € petit déjeuner
NB : Service de restauration

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Pour la restauration :
Pour le vendredi soir : Un buffet est prévu
Pour le samedi et dimanche matin, nous prévoyons un accueil café
Pour le samedi midi un buffet est proposé avec une participation de 10 €
Pour le samedi soir et le dimanche midi, il n’y a rien d’organisé. Plusieurs restaurants sont ouverts dans Givors. Nous vous fournirons une liste lors de votre arrivée au congrès.

Congrès du MNLE : Le Programme

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      Le Mouvement national de lutte pour l’environnement, réseau Homme & Nature, est né en 1981 de la volonté de scientifiques, d’élus, de syndicalistes et de personnes qui souhaitaient la création d’une association de défense de l’environnement militante sur le terrain, ayant des analyses marquées par le souci de la rigueur scientifique et … Continuer la lecture de Congrès du MNLE : Le Programme

Congrès du MNLE à Givors les 4, 5 et 6 novembre 2016

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Le MNLE-69 accueille à la maison du fleuve Rhône de Givors le congrès du MNLE – Réseau Homme et Nature. Plan d’accès

La légende de Kiabu Boara

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« La légende de Kiabu Boara » Pièce écrite par François Desmero Distribution : Bertrand Claudy (LUI) Emilie Druet (ELLE) Production : MNLE 69 (Mouvement National de Lutte pour l’Environnement) Association loi 1901 qui lutte pour la protection de l’environnement. Informer, sensibiliser le public aux problématiques environnementales, c’est la mission première du MNLE 69. Synopsis : 2 personnages séparés par … Continuer la lecture de La légende de Kiabu Boara

NDDL : Expression du MNLE – Écrire un autre chapitre !

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Isoler le projet d’aéroport à NDDL de son contexte politico-socio-économique ne permet pas de bien saisir sa réalité. Le réduire à cet horizon non plus.
Les forces politiques dominantes ont réduit le débat à la localisation d’un objet sur un site alors qu’il s’agit fondamentalement de répondre à un besoin en définissant une réponse systémique qu’il est possible de dénommer «mobilité durable ».
Plus généralement, le MNLE, réseau Homme & Nature, propose cinq axes de réflexion-
action: se loger, se déplacer, se nourrir, s’équiper, partager pour redéfinir un quotidien souhaité, respectueux de la nature, des hommes, de leur travail. Il s’agit bien d’un changement de paradigme : remplacer la compétition généralisée de tous contre tous et la concurrence comme moyen d’existence par l’action démocratique pour la définition d’usages tenant compte des interrelations avec le climat, la santé publique, la biodiversité et les limites des ressources foncières et naturelles. Le travail de l’homme modifie fatalement l’environnement. Il n’y a pas de travail sans énergie. Mais réduire la recherche de la soutenabilité, à des problématiques énergétiques, est une erreur fondamentale. C’est une réponse globale socio-économique qu’il s’agit d’inventer.

Le système « mobilité durable ou soutenable» est bien sûr dépendant d’une globalité plus large qu’il contribue à définir. Les échelles territoriales et administratives s’enchevêtrent. La tâche n’est donc pas simple. Il faut maintenir une cohérence stratégique. La pire de choses serait de rester l’arme au pied en attendant des jours meilleurs.
Ce texte esquisse le cadre et les contours d’une réponse. Dans un premier temps il exprime les grandes lignes de ce que pourrait être un système « mobilité durable-soutenable » afin de replacer le sujet NDDL dans une perspective plus large. Dans un deuxième temps il s’intéresse plus précisément au cas précis. Il ne s’agit pas de noyer le poisson mais de trouver une voie progressiste qui établit une résonance entre besoins et usages.

Un système « mobilité durable-soutenable »

Des lignes générales:

  • l’utilisation raisonnable de l’avion fait partie des besoins sociaux de la mobilité des personnes et des biens
  • le raisonnable n’est pas seulement un choix individuel mais fait partie de l’organisation multimodale et intermodale de la mobilité dont la cohérence doit être sous la responsabilité de la puissance publique au niveau national et européen avec des compétences reconnues aux régions et collectivités locales pour ce qui concerne les déplacements de proximité.
  • L’organisation de la mobilité est résolument multimodale et intermodale afin de minorer les impacts sur la ville, le climat, la santé, les sols…
  • Doivent donc émerger des politiques publiques coordonnées sur plusieurs niveaux territoriaux et partageant la structure ferroviaire :
    • PDU ;
    • schéma d’aire urbaine (à créer) ;
    • schéma régional ;
    • dessertes nationales et internationales ;

Il n’y a plus à proprement parler de politique de planification nationale aérienne et ferroviaire. Ce sont les opérateurs qui structurent l’offre. L’Etat a omis de jouer son rôle d’autorité organisatrice pour les trains d’équilibre du territoire pendant des années. Les suites données au rapport DURON ne sont pas satisfaisantes. L’ARAFER est chargée de veiller à une bonne expression de la concurrence sur le rail qui s’élargit aux cars. Les transports ferroviaires régionaux font exception.
Jusqu’à quand?

La logique d’organisation et de planification doit être inversée.
Une mobilité durable forme un système qui englobe les différents modes, où chaque mode participe à l’organisation d’ensemble et reçoit en retour une mission élargie de coordination. Le tout magnifie les parties et permet d’atteindre une qualité nouvelle d’offres minorant les impacts et associant étroitement usagers et employés. Des émergences nouvelles peuvent s’exprimer dans les gares où la multimodalité, amenant du monde et créant un espace de rupture, amène un cadre favorable à la proposition de services et de commerces. Inversement l’existence de gares multifonctionnelles ne peut que favoriser l’organisation multimodale des déplacements.
Plus généralement le système « mobilité durable-soutenable » est généré par différents usages qui expriment les besoins en tenant compte de différentes contraintes parmi lesquelles l’état et les performances des infrastructures, la voirie urbaine susceptible d’être mobilisée sans nuire au cadre de vie urbain, l’atténuation du changement climatique, la préservation de la santé publique notamment à proximité des flux routiers. Il est un des moyens essentiels de l’aménagement des territoires et du déploiement industriel et serviciel.

Les modes de déplacement ne sont pas spontanément complémentaires et peuvent être antagonistes.

C’est particulièrement vrai pour l’auto. Elle a sa place dans la multimodalité. Mais ses qualités particulières forment une menace constante pour l’ensemble. Elle a aussi des contraintes parmi lesquelles la santé publique (qui ne tient pas seulement au carburant), la préservation du cadre de vie (mais en général à d’autres endroits que ceux habités par l’automobiliste).
Il faut donc passer d’un point de vue individualiste assis sur l’aménité et les performances techniques de l’automobile (en remettant la voiture électrique à sa place) à une vision civique et solidaire motivée.
La motivation englobe les données générales sur la sobriété en foncier et en ressources.
Mais c’est d’abord une facette du vivre-ensemble. La stabilité du système n’est pas seulement liée à l’offre sur des infrastructures mais aux liens créés pour faire vivre et prospérer une entité sociale d’offres multimodales et intermodales notamment pour les déplacements pendulaires et de proximité. Elle interagit avec l’aménagement du territoire et l’offre de services publics et privés (commerces).

L’avion n’échappe pas à ces problématiques. Il est en concurrence avec le train sur des déplacements de moyennes et longues distances. C’est un moyen de déplacement obligatoirement intermodal du fait de la desserte des aéroports. C’est le plus gourmand en énergie à service rendu égal. L’impact sonore à proximité des aéroports doit être pris en compte. Il faut donc utiliser ce mode avec parcimonie et corriger les effets négatifs autant que possible. Il n’y a pas de substitution aux carburants fossiles carbonés dans un avenir prévisible. Le niveau de taxation du gaz carbonique en projet n’est qu’un pis-aller car sa répercussion sur le prix n’aura qu’un impact modeste sur la fréquentation des aéroports. Il serait malgré tout nécessaire d’éclairer la comparaison entre avion et TGV sur les dessertes intérieures pour lesquelles l’Etat peut prendre des décisions.
L’avion ne paie pas ses vraies charges. Il est même parfois subventionné alors que le ferroviaire croule sous une dette énorme et doit faire face à la remise à niveau du réseau classique longtemps délaissé. Ce n’est pas sur ces bases obscures et irrationnelles qu’il est possible de trouver une bonne place au mode aérien.
Il faudra également mieux définir les usages qu’il rend. Les échanges internationaux réguliers sont et resteront l’apanage de quelques grands aéroports capables de concentrer les usagers. Pour la France il s’agit au premier chef de Roissy et Orly, ensuite de Lyon voire de Marseille pour quelques destinations. Quel sera l’impact des nouveaux modes numériques de communication sur cette demande? Il est plus facile de faire circuler des images que des personnes. Une fraction croissante de la demande globale provient du tourisme et de l’émigration pour lesquels la valeur du temps n’est pas la même que pour l’économie.
Justifier le développement sans limite de l’aérien au nom de l’emploi est un contresens. Quelle est la durabilité d’une globalisation économique basée sur une compétition de plus en plus féroce qui appauvrit les pays les plus riches alors qu’ils doivent tirer la croissance ? Quelle est la résilience d’un système basé sur la consommation de 80% d’énergies fossiles carbonées et qui donc devra se tourner vers des énergies renouvelables dont la logistique est à l’opposé ? Cette question est très mal posée aujourd’hui justement parce qu’elle n’est pas envisagée dans un scénario alternatif à la globalisation économique.
Le tourisme fascine les décideurs locaux. L’avion doit partout apporter des devises. L’aéroport devient très souvent un hochet appelé à séduire un emploi de plus en plus hypothétique. Il est temps de mettre le territoire en valeur parce qu’il détient des richesses renouvelables. Il est temps également de réduire le temps de travail. Les lois MACRON et EL KHOMRI montrent que nous n’en prenons pas encore le chemin.

Le cas de NDDL

Le cas nantais s’inscrit dans ce contexte. La communauté nantaise n’est pas en retard dans le développement des transports de proximité. Malgré tout l’automobile conserve une place importante dans les déplacements pendulaires dans l’agglomération. Il faut encore faire plus pour motiver les choix des transports alternatifs à l’automobile. Il n’y a pas lieu d’offrir de nouvelles occasions de prendre sa voiture pour aller travailler, étudier ou débuter un voyage.
Or c’est manifestement le cas avec le déplacement de l’aéroport à NDDL. L’accès à cet équipement est basé sur l’automobile.
L’impact sur les besoins en déplacements pendulaires et sur les infrastructures doit être pris en compte.
Le tram-train, si tant est qu’il soit le bon, n’est pas programmé. C’est un leurre. C’est aussi une grave erreur politique de ne pas intégrer l’implantation d’un tel équipement dans la planification des déplacements. Ce manque n’est qu’une première indication de l’insuffisance voire de l’absence d’une approche globale. Le projet d’aéroport a été posé en pleine campagne il y a quelques décennies. Ses promoteurs s’accrochent à cette vielle décision sans bien prendre en compte les exigences ni les possibilités nouvelles.

C’est particulièrement le cas pour les questions de sécurité aérienne. Les techniques sont en pleine évolution. Le guidage satellitaire permet non seulement une approche désaxée de la piste en sécurité mais pourrait également réduire l’impact sonore sur les zones les plus peuplées. Non seulement l’aéroport actuel de Nantes Atlantique n’a pas une mauvaise réputation, mais l’avis très majoritaire des professionnels de l’aérien rejoint celui de la population qui, dans le référendum, n’a pas donné une grande importance à cette question. La peur du danger a été trop souvent mobilisée comme argument au détriment de l’étude du risque.
Il est acquis qu’une seule piste suffit pour écouler un trafic environ trois fois supérieur à l’actuel, que l’aéroport nantais ne peut pas jouer un rôle de hub régional et qu’il faudra laisser la piste de Nantes Atlantique en activité, que la protection de la biodiversité est plutôt mieux assurée avec l’implantation actuelle de l’aéroport. Le rapport d’avril 2016 du MEDDE a donné des informations utiles d’où il ressort que 20% du trafic est pris en compte par des charters, 40% par des vols low cost, 40% par Air France.
Les relations avec correspondance à ROISSY et ORLY sont nécessaires mais peu nombreuses avec avec PARIS du fait du TGV. Les liaisons transversales nationales et européennes dominent. Des liaisons à vocation touristique se sont développées. Les charters et le low cost sont à la base de l’augmentation du trafic. L’aéroport actuel assure son rôle de soutien à l’économie, les liaisons à grande distance se faisant avec ROISSY, voire ORLY. Ce qui est normal. Le tourisme a tendance à exporter une clientèle vers des destinations à bas coût.
De toute façon le choix d’un site ne dépend pas de l’activité aérienne puisqu’une seule piste suffit très largement pour assurer un quasi triplement du trafic injustifié et injustifiable. L’optimisation des liaisons est à trouver dans une organisation multimodale au niveau national et européen. L’offre ferroviaire est compétitive pour des durées de transport de 3 heures. Mais comme l’indique le rapport précité du MEDDE : « la libéralisation du transport limite les moyens disponibles pour orienter l’usager vers tel ou tel mode ». C’est bien une des questions principales avec les biais introduits dans la compétition intermodale par le low-cost aérien d’une part et la dette de la SNCF d’autre part. En outre, la libéralisation des transports aériens est censée être encadrée par une taxation des émissions sonores et de gaz carbonique.
Pour ce dernier le rapport précité indique qu’il faut s’attendre à une baisse du trafic de 1,7% pour une tonne de CO2 à 40€ intégralement répercutée dans le prix. Une misère… D’une part le transport aérien ne paie pas ce qu’il doit et d’autre part le verdissement taxé de l’économie est un leurre, voire une farce, un prétexte afin de faire disparaître les services publics et la cohérence opérationnelle qu’ils peuvent apporter si la puissance publique exerce bien son rôle.
Il ne faut pas s’étonner de ce que les COP reste lettres mortes. C’est le substrat politique qui est en cause…
La controverse sur le site est finalement un piège car elle cache l’essentiel. Le projet NDDL est un relent d’un passé révolu qui peut ressasser la nostalgie d’un troisième aéroport international associé au hub ROISSY- ORLY. Il révèle une incapacité à se situer en dehors du modèle socio-économique dominant, à envisager des réponses alternatives à une crise générale, sans dissoudre les problématique liées à l’organisation des déplacements dans une discussion générale, dans un horizon lointain et très hypothétique.
Il faut une stratégie globale et une prise en compte spécifique des déplacements de toute nature dans le cadre esquissé plus haut.
Il ne s’agit pas de revendiquer abstraitement des mesures antilibérales ni de se placer dans une recherche d’emploi à tout prix pour répondre au cancer du chômage. La réminiscence des politiques des grands travaux napoléoniens voire mitterrandiens ne peut pas fournir les réponses sociales et environnementales nécessaires.

Ecrire un autre chapitre

Refuser le transfert de l’aéroport, ce n’est pas seulement accepter l’actuel aéroport pour des raisons inhérentes à l’aérien.
C’est aussi se placer résolument dans la recherche d’alternatives à la compétition généralisée de tous contre tous, à la grande lessive de la concurrence à tout va, donc dans la construction d’un modèle socio-économique basé sur une satisfaction des besoins sans autres a priori que le respect de la nature, de l’homme et de son travail. Ce qui implique ipso-facto d’autres façons de produire, consommer, distribuer, d’autres rapports entre les hommes, entre les hommes, la nature et le territoire, une maîtrise collective et individuelle nouvelle sur les ressources humaines et naturelles, sur les échanges culturels et économiques. Ce ne se fera que progressivement même si le changement de paradigme doit être immédiat. Le pouvoir de transformation est la démocratie élargie à la sphère de la production et de la consommation C’est dans ce contexte stratégique que doit être mené de manière cohérente le débat public sur l’organisation des déplacements de toute nature. Il est clair que la décision échappe pour une part aux compétences locales et régionales et s’exprime dans des politiques de services publics aux niveaux national, européen et mondial. Mais il est non moins clair que le fonctionnement d’un aéroport dépend avant tout de ses dessertes par les transports collectifs alternatifs à l’automobile, même si cette dernière conserve un rôle dans le chevelu de la multimodalité Il est encore plus clair que son stationnement est une dimension essentielle des problématiques foncières et environnementales.
Il s’agit donc d’intégrer de manière précise l’aéroport dans la planification des transports collectifs sur l’agglomération, le département et la région dans un effort généralisé pour bien répondre aux besoins des salariés et des usagers, dans une réponse globale où notamment l’utilisation des sols et la préservation de la biodiversité, de la santé publique, l’atténuation du changement climatique, prennent toute leurs places dans les décisions et la capacité à les faire comprendre et vivre.

La consultation et son résultat ne peuvent pas être utilisés comme un argument d’autorité pour faire cesser un débat qui ne s’est pas suffisamment déployé. Le rapport du MEDDE d’avril 2016 en est une preuve parmi d’autres.

 

Après la consultation NDDL de Juin 2016

ALTEO le point de l’été

Cet article fait un point sur des sujets couramment rencontrés dans les événements qui concernent le destin de l’usine ALTEO de Gardanne. La position stratégique du MNLE a été présentée ICI. Nous restons fermes sur cette position. Il s’agit de mieux rentrer au cœur du dossier.

La Longueur Du temps

La direction d’ALTEO s’est donnée 18 mois pour choisir un scénario d’évolution du traitement des rejets liquides et solides de l’entreprise. Ce temps est-il nécessaire ? il est en effet possible de prétendre que les actionnaires veulent gagner du temps. Ce n’est jamais de gaité de cœur qu’ils dépensent de l’argent.
Nos informations ne nous amènent pas pour le moment à cette conclusion. Il existe en effet des difficultés objectives à résoudre. Elles sont de différents ordres, techniques et juridiques avant d’être économiques. ALTEO agit pour les résoudre depuis quelques années.
il ne s’agit donc pas de trouver a priori des excuses à la lenteur reprochée à ALTEO dans
la mise en place d’un premier traitement des rejets maritimes. On pourrait certainement
en trouver dans les difficultés à stabiliser la stratégie industrielle d’une entreprise qui a plusieurs fois changé de propriétaires. ALTEO a aujourd’hui précisé sa place sur un marché
international de produits de haute technologie. Des mesures significatives de réduction
des pollutions maritimes ont été effectivement prises. Nous ne sommes pas au bout du chemin mais nous sommes dans une autre perspective dont l’issue n’est pas encore écrite.
Les Boucles De L’économie circulaire L’amélioration de la qualité des rejets maritimes a débouché sur la nécessité de stocker des argiles qui ont un statut de déchets inertes et non dangereux. L’opération s’effectue sur le site de MANGEGARRi. L’autorisation du stockage se termine en 2021. Autant dire que la pérennité de l’entreprise repose non seulement sur la capacité d’améliorer la qualité des rejets liquides jusqu’à permettre leur réutilisation, mais également sur les opportunités de valorisation des rejets solides. Il faut donc passer du schéma linéaire de l’élimination par le rejet dans le parc maritime à des boucles de valorisation. il ne s’agit pas d’empiler des techniques mais de rendre cohérente un ensemble d’opérations enchevêtrées.
Par exemple la neutralisation des rejets liquides produirait 13000 tonnes de boues métalliques. C’est une opération qui ne présente pas de difficultés opérationnelles particulières. Mais que faire de ces boues qui contiennent une faible proportion d’arsenic?
Cette question ne reçoit pas aujourd’hui de réponse simple. il faut en trouver une qui soit
autre chose que la mise en décharge. Ce n’est pas impossible. il faut du temps car cette
nouvelle boucle ne pose pas seulement des questions techniques mais juridiques.
Un cadre Juridique en gestation La notion d’économie circulaire est encore bien floue et sujette à différentes interprétations. Elle ne se réduit pas au recyclage mais ne peut pas s’en passer. C’est pour cela qu’il faut faire appel à une réglementation autorisant la ressource valorisable à sortir du statut de déchet. La loi du 17 août 2015 s’appuie sur la directive européenne 2008-98. Mais malheureusement les déchets des industries extractives, donc la bauxaline d’ALTEO, sont exclus de son champ d’application. Elle renvoie à une autre directive qui ne traite pas de la sortie du statut de déchet !
Mais l’État est autorisé à prendre des dispositions en adaptant les critères généraux de
la directive. De toute manière il faudra des textes spécifiques d’application à chaque type
de déchet au regard de la filière industrielle dans laquelle on espère l’intégrer. L’arsenal
actuel est d’ailleurs bien mince. Mais la voie est défrichée.
La directive indique que la valorisation doit respecter quatre critères: «la substance ou
l’objet est couramment utilisé à des fins spécifiques ; il existe un marché ou une demande
pour une telle substance ou un tel objet ; la substance ou l’objet remplit les exigences
techniques aux fins spécifiques et respecte la législation et les normes applicables aux
produits ; l’utilisation de la substance ou de l’objet n’aura pas d’effets globaux nocifs pour
l’environnement ou la santé humaine »
L’Etat doit décider des critères à respecter pour que cette procédure soit applicable, en
général par arrêté et par décret si nécessaire s’il faut modifier la réglementation des établissements classés ou l’application d’une norme obligatoire. il y a du pain sur la planche. Le ministère du développement durable et de l’énergie a-t-il les moyens de cette ambition ?
ALTEO devra mouiller la chemise. Le MNLE veillera au grain et prend des initiatives pour
faire avancer les chantiers.

ni colbertisme, ni libéralisme !
Car la valorisation de la bauxaline, nom donné par ALTEO aux déchets d’argiles, peut
prospérer dans cinq filières : briques, argiles expansées, restauration de sites miniers, dé-
phosphatation de rejets liquides notamment dans les stations d’épuration d’eaux usées,
géopolymères. Le développement est à des stades divers, a fait et fait l’objet de recherche
et de démonstrations par ALTEO.
Reste que la sortie du statut du déchet n’est pas un exercice abstrait mais s’effectuera
concrètement au moment où l’industriel qui utilise la ressource certifiera avoir reçu le
déchet avec des propriétés conformes aux spécifications officielles et avoir souscrit aux
moyens de contrôle demandés. La question du partage de la responsabilité juridique n’est
pas tranchée aujourd’hui. Nous plaidons pour qu’elle ne soit plus celle du producteur de déchet puisqu’il aura respecté la légalité. Nous demandons donc que la sortie du statut du
déchet ne soit pas un contrat privé entre deux ou plusieurs parties. La puissance publique
doit avoir les moyens de prévoir, contrôler et évaluer. Dans le fond l’économie circulaire est
d’abord une volonté politique de faire évoluer la production et la consommation. C’est un
projet citoyen où le service public doit jouer les rôles de planificateur, d’animateur et de
catalyseur. un apprentissage qui malheureusement s’opère dans un contexte de restriction du personnel d’un ministère qui a également délégué beaucoup de compétences dans des agences. Les moyens décentralisés de l’Etat devront en particulier être augmentés avec de réelles compétences.
Car cet engagement nécessaire de la puissance publique ne dispense en rien ALTEO
d’agir avec vigueur. La loi exige en particulier que le demandeur fasse la démonstration du
respect  des  quatre  critères  légaux  énoncés plus  haut.  il  faudra  aussi  trouver  le  réseau
d’acteurs industriels ou serviciels capable de développer progressivement les actions dans
le  cadre  d’une  stratégie  de  long  terme.  Là aussi, c’est in nouvel apprentissage qui devra
se heurter aux aléas et soubresauts des marchés  sur lesquels il s’appuie. Ni colbertisme,
ni libéralisme !

conserver Le cap

Le  problème  n’est  donc  pas  si  facile  à  résoudre.  Dans  un  contexte  mou  d’affaiblissement  du  rôle  de  la  puissance  publique et  de  morosité  économique  où  l’industrie  a perdu son rôle moteur, devant les difficultés réelles qu’ils rencontrent, les dirigeants d’ALTEO  pourraient  avoir  le  réflexe  d’abaisser la garde, de choisir un scénario qui, tout en améliorant  la  situation,  ne  va  pas  jusqu’au bout des espoirs. Rappelons que l’enjeu de la suppression de tout rejet maritime est essentiel.  La valorisation de la bauxaline prendra très  probablement  du  temps.  Le  recours  à un comité de pilotage est une bonne chose.
Le MNLE, comme il le fait depuis le début de l’année, fera son possible pour que le débat
nécessaire soit le plus fructueux possible et aille au-delà des a priori. N’oublions pas que
nous remettons de la complexité là où, dans le  passé,  les  pratiques  ont  été  sectorisées
quand elles ne sont pas diabolisées.

Compteur Linky… Ne pas se tromper de cibLe !

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linky-02Il est de bon ton, aujourd’hui, de contester la mise en place du compteur électrique « Linky » ou de son équivalent en gaz, « Gazpar ». Certains particuliers refusent le changement de leur compteur, quelques municipalités prennent des arrêtés pour interdire l’opération sur leur territoire et la FNCCR (Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et Régies) a demandé des éclaircissements sur la valeur juridique des refus.
La seule et unique question qui préoccupe l’ensemble des personnes qui s’expriment sur le sujet est : « Linky est-il dangereux pour la santé ? ».
Comment expliquer cette obstination à vouloir ramener toutes les discussions sur un seul et unique thème ?

Vous trouverez ci-dessous les documents qui nous ont permis de réaliser le dossier sur le compteur Linky dans le N°122 de la revue Naturellement.

Vous pouvez vous servir de ces documents pour vous forger une opinion ou pour communiquer sur le sujet.

 

Analyses et considérations (amères) sur le dessèchement des oliviers dans les pouilles

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Il y a un peu plus de deux ans, dans certaines oliveraies des Pouilles, ont été signalés des cas de desséchement d’oliviers dans une zone au sud de Gallipoli dans le Département de Lecce  (Italie du Sud).

Un dramatique constat

Les plantes touchées par  le phénomène présentaient la symptomatologie suivante :

-abondants dessèchements du feuillage, de branches isolées ou de la plante toute entière

-brunissage interne du bois des branches plus jeunes et du tronc

-feuilles partiellement desséchées dans leur partie supérieure et/ou sur les bords

Le Service de phytopathologie des Pouilles en collaboration avec l’Université de Bari et le CNR (l’équivalent du CNRS français) ayant effectué sur les plantes touchées toutes les analyses de cette maladie ont identifiés un ensemble de potentiels agents responsables de cette symptomatologie qu’ils ont appelé « phénomène complexe de desséchement rapide de l’olivier » (voir fiche technique).

Les agents responsables du phénomène étant : la bactérie phytopathogénique  Xylella Fastidiosa, le lépidoptère Zeuzera pyrina  et certains mycètes du bois qui se développent dans les vaisseaux lymphatiques de la plante et qu’on sait être les responsables de desséchement des plantes et des vignobles.

Il est à noter que la Xylella Fastidiosa avait été inclus depuis des années par l’Union Européenne dans une liste dite de «  quarantaine »  (Directive du Conseil de l’UE 2000/29/CE) car on l’avait déjà remarquée sur tout le territoire de l’Union

Le risque de la diffusion de la bactérie , au vu de son caractère dangereux pour bien des espèces végétales, a déclenché toute une série d’actions communautaires , nationales et régionales destinées à éradiquer la maladie dans ses foyers d’infection des Pouilles et éviter qu’elle atteigne le reste du territoire .

La nature de la bactérie

La Xylella Fastidiosa a des exigences nutritionnelles complexes et pour cela est difficile à cultiver « in vitro » (en laboratoire). Elle a été observée pour la première fois en 1882 en Californie sur des vignobles.

Cette bactérie est en effet connue comme un « agent » d’une grave maladie des vignobles, dite  « Maladie de Pierce » et a été toujours étudiée comme telle.

Mais les vignobles ne sont pas les seuls « hôtes » de la Xylella Fastidiosa : pendant tout le siècle dernier elle a été observée sur plus de 150 différentes espèces de plantes spontanées ou cultivées.

Comme nous l’avons déjà indiqué la bactérie se multiplie dans le tissu de la plante et provoque l’obstruction des vaisseaux qui permettent le passage de la lymphe.

La maladie semble être strictement liée à la température ambiante : des valeurs entre 25° et 32° C sont les températures les  plus idoines à la multiplication de la bactérie et donc à son développement épidémique.

Par contre des températures au-dessous de 12-17° C et/ou au-dessus de 34° peuvent empêcher la  permanence de la bactérie dans les plantes « hôtes ».

La sensibilité de la Xylella Fastidiosa aux basses températures explique probablement, mais seulement en partie, sa distribution géographique qui apparait être limitée aux aires tropicales et sub-tropicales

La bactérie agit indifféremment vers le haut ou vers le bas, ce qui fait qu’on la retrouve même dans des racines. Elle se répand facilement sur des courtes distances avec le matériel de propagation (déchets du bois etc.) ou par des plantes entières et des greffes.

Mais la transmission la plus efficace est opérée par des insectes qui se nourrissent de la lymphe des plantes, en général des lépidoptères qui fonctionnent en tant que vecteurs à court et moyen rayon.

Heureusement ces insectes  ne sont plus infectés après la mue.

Le seul insecte qu’on a observé dans les Pouilles pouvant «  transporter »  et transmettre la maladie est le Philaenus spumarious ( Lynné , 1758 ) dit vulgairement en italien « sputacchina ( crachat ) » qui vit aussi sur le terrain en bas des plantes ( détail très important pour la lutte contre la maladie , comme nous verrons par la suite ) et sur les jeunes pousses des arbres .

Par contre la diffusion sur des longues distances est l’œuvre de l’homme à travers :

  • L’activité commerciale de matériaux infectés (bois, feuillages etc.)
  • les moyens de transport  et les machines utilisées

La Xylella Fastidiosa ne se reproduit pas dans les graines et semences. La période  d’incubation de la maladie est normalement très longue mais cela dépend beaucoup de l’espèce de la plante « hôte » et à l’intérieur d’une même famille par sa variété (ou cultivar)  entre quelque mois et une année et parfois même plus.

La grande virulence de ce micro-organisme a poussé les chercheurs et les techniciens des pays où elle est présente depuis longtemps, à mettre en place différents systèmes de prévention, à savoir : l’emploi de variétés résistantes, l’utilisation de pratiques culturelles et d’hygiène appropriés, utilisation de moyen de lutte chimique et/ou biologique contre les insectes vecteurs.

La situation dans le Département de Lecce (Salento)  

Sans aucun doute dans une situation d’urgence épidémique on doit intervenir avec décision pour empêcher une ultérieure diffusion et contagion de la maladie

Les chercheurs des Pouilles qui dans un premier temps ont parlé d’un « phénomène complexe de desséchement de l’olivier », pouvant être causé en principe par l’action de plusieurs agents pathogènes à la fois (le lépidoptère  Zeuzera pyrina, les mycètes et la Xylella Fastidiosa) semblent par la suite avoir attribué l’origine de la maladie à une seule cause épidémique (la Xylella) en reléguant les autres agents possibles à des rôles purement complémentaires.

 Mais à aujourd’hui nous ne disposons encore pas des données suffisantes pour déterminer la réelle valeur pathogénique de la Xylella et nous ne savons donc pas avec certitude qui ou quoi est effectivement responsable de la maladie.

Des décisions incertaines et très peu adaptées pour la défense environnementale du territoire ont pour le moment ouvert le chemin à des polémiques  ou à un contentieux et ont été la cause d’actions inconsidérées (éradications sans critères) ou, encore pire, d’inaction aboutissant à la fin à confier la responsabilité décisionnelle à une instance qui n’a aucune compétence en la matière : à  savoir la magistrature.

Les experts nommés par la magistrature de Lecce croient que la bactérie était localisée depuis longtemps dans les Pouilles mais c’est seulement par le contact avec d’autres variétés venues d’autres continents qu’elle est devenue dangereuse et épidémique suite à des mutations génétiques intervenues.

Mais dans leur expertise il n’y aucune indication d’une diagnose ni d’une thérapie possible.

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 Quelle leçon pouvons-nous tirer de tout ceci ?

 S’il n’est pas possible de trouver  des solutions immédiates au problème, on peut par contre tirer des leçons de nature « générale ».

 La solution pourrait être dans une vision globale  (complexe) des interventions possibles qui puisse envisager des mesures moins drastiques, mais qui prennent plus tôt en compte la nécessité de rétablir un équilibre des écosystèmes.

Il est aussi à espérer que l’énième alarme (et le risque de destruction en masse d’espèces qui s’ensuit) puisse amener à une révision des systèmes de formation des experts et à la création de nouvelles typologies d’ingénieurs agronomes, les « agro-écologistes ».

L’objectif final est celui de promouvoir un processus d’évolution de l’agriculture par l’application ponctuelle de systèmes qui prennent en compte d’une part  l’interaction entre  différentes espèces vivantes et d’autre part entre celles-ci et des autres entités non vivantes (le sol, l’eau et le climat).

Voilà quel est l’enjeu majeur  dans le futur.

Vincenzo Rotondo
Biologiste et phytopathologue

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Chronologie et état des Lieux de l’épidémie de «  Xylella » dans les Pouilles

Le 21 Octobre 2013 l’Italie informe tous les Etats membres de l’Union Européenne et la Commission Européenne de l’existence de la bactérie « Xylella Fastidiosa « (sous-espèce « pauca » de type  CoDiRo) dans le territoire de la Province de Lecce (Région des Pouilles) et précisément dans la Commune de Gallipoli.

Les experts de l’Université de Bari font le rapprochement entre l’existence de cette bactérie et le phénomène appelé en italien « CoDiRo », ce qui veut dire « assèchement rapide et complet de l’olivier ». Les autorités de la Région des Pouilles reconnaissent formellement par un arrêté du 18 octobre 2013 la référence au lien de cause à effet entre la bactérie en question et l’assèchement « rapide » de l’olivier.

 La Région déclare que ce lien a été  « clairement » établi par les Services régionaux compétents.

En conséquence de cet arrêté il est procédé le 12 avril 2014 à une première éradication de 104 oliviers dans 5 zones infectés assez éloignées les unes des autres et concernant  les communes de Trepuzzi, Cupertino, Surbo et Sternatia  de la Province (Département) de Lecce.

Par le moyen de plusieurs “ Décisions exécutives “ l’Europe demande au Gouvernement italien de combattre sans tarder la bactérie. En conséquence, un décret du Ministère de l’Agriculture en date du 26 septembre 2014 pose les bases d’une étude d’un plan d’urgence qui est confié au Commandant Régional (des Pouilles) du Corps des Eaux et Forêts : Général Giuseppe Silletti, nommé Commissaire Extraordinaire.

Le plan envisage la coupe des oliviers malades mais aussi celle des oliviers sains dans un périmètre de 100 mètres. Ce qui signifie compte tenu de la densité des oliveraies la coupe de milliers d’oliviers. En avril 2015 le plan entre officiellement en exécution et on procède à l’éradication des sept  premiers  arbres malades dans la Commune de Oria, mais les protestations de la population empêchent la coupe d’autres arbres.

On passe donc à l’éradication de quelques  arbres dans une autre Commune (Veglie), mais là aussi des fortes oppositions des agriculteurs arrêtent les coupes. De plus les organisations  agricoles de la région saisissent le Tribunal Administratif Régional (TAR) qui accepte leurs arguments  et décide que le  « plan » Silletti soit suspendu.

Le 18 mai 2015 la Commission Européenne émet une deuxième «  Décision Exécutive » qui suspend elle aussi le plan Silletti  et pose les bases pour un autre plan afin de “ bloquer et éliminer la bactérie “.

Entretemps, il apparaît que, contrairement à ce que les Services Régionaux avaient annoncé , les Laboratoires de Phytopathologie de Bari ( chef-lieu de la Région ) ne sont pas encore arrivés à déterminer l’exacte pathologie de la bactérie Xylella  et à établir un lien « incontestable » de cause à effet entre celle-ci et l’assèchement des oliviers touchés dont on observe qu’il touche  seulement les plus vieux, presque toujours centenaires.

Par conséquent le Procureur de la République de Lecce a formulé récemment un arrêt d’urgence visant à mettre sous séquestre tous les oliviers de la Région affectés par la maladie.

En même temps il a mis en accusations dix personnes : en premier lieu  le Commissaire Extraordinaire pour le plan d’intervention, le Général Silletti.

Parmi ceux-ci l’ancien et l’actuel Directeur des Laboratoires Régionaux de Phytopathologie , le Directeur du Service régional de l’ Agriculture , les Directeurs des Services régionaux des Politiques Européennes et du Développement Agricole , le Directeur du Centre indépendant de Recherche de Loco Rotondo et professeur à l’Université de Bari de Pathologie Végétale , le Directeur du Centre régional des recherches ( CNR ) , un chercheur du même Centre , un autre chercheur du Centre Méditerranéen  de Recherche Agronomiques ( IASM ) de Bari .

Les délits attribués aux accusés sont : diffusion de maladie des plantes, viol frauduleux des dispositions de loi en matière d’environnement ; faux et usage de faux par un fonctionnaire public, faux idéologique, destruction d’éléments du patrimoine environnemental (oliviers centenaires). Tous ces délits étant  perpétrés depuis  2010 à aujourd’hui.

Le 28 Décembre dernier le Tribunal de Première Instance de Lecce a confirmé la décision du Procureur de la République. Toute coupe d’arbres est interdite.

A ce jour les Centres de Recherche et les Laboratoires de Phytopathologie continuent leurs études sur comment éradiquer la bactérie  «  Xylella Fastidiosa », établir un lien « incontestable  » entre celle-ci et l’assèchement de certains oliviers et surtout de trouver des remèdes alternatifs à l’éradication des arbres encore sains.

Antonio Bruno – Ingénieur Agronome
Membre du CICC