VERS UNE ECONOMIE CIRCULAIRE ?
Depuis quelques années le concept d’économie circulaire fait partie du droit français. De quoi s’agit-il ?
Limites des ressources naturelles
Qu’il s’agisse d’énergies ou de matières premières, aucune ressource naturelle n’est inépuisable. L’énergie du soleil paraît éternelle. Pourtant même le soleil, ce réacteur thermonucléaire, quand il n’aura plus d’hydrogène à transformer en hélium, cessera de nous envoyer lumière et chaleur.
Même si nous réduisons le rythme actuel de notre consommation, nous aurons bientôt épuisé les gisements d’énergies fossiles contenus dans l’écorce terrestre : pétrole, gaz naturel et charbon. Il y a quelque 300 millions d’années a pris fin la période géologique dite « carbonifère ». Elle porte ce nom parce que dans les conditions climato-biologiques très particulières qui existaient alors, les arbres morts, au lieu d’être, comme actuellement, décomposés par des microbes, se sont lentement transformés en houille. Quand nous aurons brûlé toute la houille de l’écorce terrestre, il ne faut pas espérer que dame nature, pour nous complaire, produira de nouveau des houillères.
Les gisements de métaux n’existent qu’en quantité très limitée. Or ils sont très demandés. L’industrie actuelle est très vorace notamment en « terres rares », appellation curieuse car il s’agit d’une quinzaine de métaux mais elle dit bien leur rareté. Inutile de préciser que, si nous savons extraire des métaux du sol, nous sommes totalement incapables de créer du fer, du cuivre, de l’or ou des « terres rares » pour remplacer les gisements épuisés.
La société « de consommation »
En peu de temps les sociétés industrielles ont multiplié production et consommation ce qui leur a valu naguère d’être étiquetées « sociétés de consommation ». L’american way of life » ou mode vie des USA (le plus gaspilleur qui soit) est malheureusement devenu l’exemple à suivre non seulement dans les pays dits « riches » mais aussi dans tout le tiers monde. Or il est évident que les ressources planétaires, déjà fortement entamées, ne permettent pas à toute l’humanité de consommer autant que les USA.
Circonstance aggravante : la population mondiale, au lieu de diminuer, explose. Depuis 1960 le nombre des êtres humains a été multiplié par 3. C’est 3 fois plus de consommateurs.
Vous vous demandez peut-être quel est le lien entre ce que vous venez de lire et la gestion des déchets, sujet de notre feuilleton printanier. Réponse : Pour éviter l’épuisement des ressources planétaires il est évident qu’il faut récupérer, réutiliser, recycler la totalité de nos déchets car tout déchet non récupéré, tout déchet incinéré est une ressource perdue pour la génération actuelle et pour les générations futures. Or nous sommes loin, très loin de tout récupérer…
L’époque du tout jetable
En arpentant les rues de votre ville vous rencontrez partout, négligemment abandonnés sur les trottoirs, les déchets les plus divers : mégots (pourtant toxiques), masques antiviraux (peut-être infectés), canettes de boissons et bouteilles d’eau en plastique. Les auteurs de ces abandons n’ont manifestement aucun souci de récupération et de recyclage.
Plus grave : des commerces de toute taille depuis des épiceries jusqu’à des hypermarchés s’obstinent à proposer à leurs clients des sacs en plastique peu ou pas recyclables. Certains consommateurs accordent leur préférence aux boutiques et aux rayons où tout se vend en vrac. A défaut de boutiques vrac, ils tendent aux commerçants le récipient réutilisable dans lequel ils demandent que soient placés le fromage ou les végétaux qu’ils achètent. Mais ces écocitoyens sont encore très minoritaires.
Quand une entreprise organise une fête avec buffet, elle utilise le plus souvent des gobelets et de la vaisselle jetables, généralement en plastique non recyclable. La plupart des convives ne sont guère préoccupés par le devenir de ces ustensiles.
Laboratoires pharmaceutiques, hôpitaux et cliniques devraient donner l’exemple d’une consommation responsable. Il n’en est rien. Dans mon enfance les seringues, après chaque injection, étaient désinfectées dans un bain d’alcool à 90° et réutilisées. Actuellement les seringues, y compris les aiguilles d’acier éminemment faciles à stériliser et à réemployer, sont à usage unique. Tout ce matériel est brûlé avec les médicaments non utilisés même s’ils n’ont pas atteint la date de péremption et pourraient servir dans un dispensaire.
De l’économie linéaire à l’économie circulaire
La pratique du tout jetable est aussi appelée « économie linéaire ». On peut la résumer en 4 étapes :
1- On extrait de la planète énergie et matières premières.
2- Avec ces ressources on fabrique des marchandises.
3 – Les marchandise sont distribuées et consommées.
4 – Après consommation, les déchets, au lieu d’être récupérés, sont jetés dans la nature ou incinérés ou enfouis en décharge.
Ces 4 étapes forment une ligne droite. L’économie circulaire consiste à transformer cette ligne droite en un cercle grâce à la réutilisation des déchets. Exemple : une bouteille en verre, une canette en acier ou en aluminium, après que leur contenu a été consommé, peuvent être recyclées des milliers de fois sans aucune perte de matière ou de qualité. A la limite une économie circulaire parfaite fonctionnerait en circuit fermé. On cesserait d’opérer des prélèvements sur les ressources naturelles vu que les déchets fourniraient toute l’énergie et toutes les matières premières nécessaires à un nouveau cycle de production/consommation.
Malheureusement une économie totalement circulaire est un idéal impossible à atteindre.
Les limites de l’économie circulaire
Recycler des canettes métalliques ou des bouteilles en verre exige d’abord leur transport jusqu’à une usine. Celle-ci fait fondre à haute température le métal ou le verre pour fabriquer des récipients neufs. Transport et fusion consomment une énergie qui ne servira qu’une seule fois, contrairement au métal et au verre indéfiniment recyclables.
D’autre part une lame de scie ou de couteau est soumise à des frictions . A chaque utilisation et à chaque affûtage la lame perd une partie de son acier sous la forme d’une très fine poussière métallique. Cette poussière n’est ni récupérée ni récupérable. Elle se disperse et se perd dans l’environnement. Une perte identique a lieu pour tous les métaux soumis à des frictions : rails de chemin de fer, roues de véhicules, cylindres et pistons de moteurs, roulements à billes , etc. C’est pourquoi l’économie dite « circulaire » ne peut fonctionner en circuit fermé. A chaque cycle, il faut introduire dans le cercle de nouveaux prélèvements sur les ressources naturelles (énergie et/ou matières premières).
Une économie totalement circulaire est donc un idéal impossible à atteindre mais vers lequel il faut tendre au maximum.
Concrètement quelle conduite tenir ?
La conduite à tenir pour favoriser une économie circulaire se déduit logiquement de tout ce qui précède :
1- Réduire le nombre des consommateurs en étendant à toute l’humanité le contrôle des naissances.
2- Renoncer à consommer des ressources non renouvelables. Dans le cas contraire lesdites ressources seront un jour épuisées et il faudra bien alors nous en passer. Autant nous en passer dès maintenant et laisser à nos descendants une planète pas totalement appauvrie.
3- Laisser aux ressources renouvelables que nous consommons le temps de se renouveler. Il faut des siècles pour qu’un gland tombé sur le sol devienne un chêne adulte.
4- Allonger la durée de vie des biens d’équipement. Donc en finir avec l’obsolescence programmée. Réparer systématiquement les téléphones, les ordinateurs, l’électroménager au lieu de jeter à la moindre panne pour acheter du neuf. Multiplier les vide-grenier pour donner une seconde vie aux biens qui ont cessé de plaire. Multiplier les recycleries dites aussi ressourceries ou parcs à ressources.
5- Au lieu d’acheter une tondeuse à gazon ou une perceuse électrique que vous n’utiliserez que quelques heures par an, mieux vaut louer ces appareils, quand vous en avez besoin. Le même appareil servira ainsi à beaucoup de familles. C’est l’intérêt du consommateur et de l’environnement mais il faudra imposer cet usage aux industriels dont le chiffre d’affaires reculera.
Cette pratique est déjà intégrée dans le droit français sous le nom d’économie de la fonctionnalité.
5- A l’emballage jetable préférer l’emballage recyclable et au recyclage préférer la consigne de l’emballage.
6 – Développer et multiplier les filières R.E.P. Les industriels sont en effet les mieux placés et les plus compétents pour récupérer, réemployer, réutiliser ou recycler les déchets issus des biens qu’ils ont mis sur le marché.
7- Réinjecter dans la production la totalité de nos déchets, ce qui exclut incinération et enfouissement en décharge.
8- Réduire la publicité, qui nous incite à consommer au-delà de nos besoins et qui nous suggère que consommer toujours plus serait source de bonheur.
Nous avons du pain sur la planche. Haut les coeurs !
Pour le comité biterrois du MNLE Robert Clavijo