Le « Grande América », cargo et porte-conteneurs de 213 m de longueur , propriété de l’armateurt italien Grimaldi, connu pour posséder une flotte vieillissante, des navires souvent rénovés pour pouvoir naviguer et augmenter l’emport, gît par 4000 m de fonds, dans le golfe de Gascogne depuis le 12 mars 2019.
Le navire, parti d’Anvers avec une cargaison complexe, faisait route vers son escale africaine le Port Hub de Casablanca (Maroc) avec 365 conteneurs, dont 45 répertoriés « matières dangereuses pour certaines auto-inflammables, probablement pas sécurisés en cale et un peu plus de 2 000 voitures et de très gros matériels de travaux public.
Les rythmes et conditions de chargements laissent peu de place au contrôle du chargement. Ainsi le commandant du navire avec un équipage non formé aux risques toujours nouveaux des conteneurs, sous pression de l’armateur, va prendre des risques qui, face à une cumulation de facteurs, peuvent conduire à la catastrophe.
L’intervention des marins embarqués n’a pas permis de circonscrire l’incendie, apparu le 10 mars 2019 parmi les conteneurs. Devant la situation et la dégradation des conditions atmosphériques, leur évacuation s’est avérée nécessaire.
Malgré la mobilisation de moyens d’intervention en zone internationale, le navire a dérivé vers les côtes françaises et a coulé, envoyant vers le fonds, toute la cargaison et les 2 200 tonnes de fioul lourd en soute. Actuellement, quatre navires tentent d’absorber les nappes de fuel lourd avant qu’elles atteignent les côtes françaises. L’armateur, qui a en charge le dispositif de sécurité des ponts et des cales, fait le « minimum », avec le navire Union Lynx, sur zone afin de récupérer d’éventuels conteneurs qui remonteraient à la surface, certain contenant des matières dangereuses.
Depuis l’Erika, si les pétroliers poubelles se font plus discrets, (condamnation de Total pour préjudice environnemental) les portes conteneurs et autres navires ont largement pris le relais, équipages peu formés, navires vieillissants, entretien minimum pour être autorisés à naviguer, abordage, défaillances techniques, non respect des règles de sécurité, équipages. Les grands ports comme Anvers, pratiquent l’optimisation du remplissage des conteneurs. Cette méthode, d’apparence concevable, augmente les risques avec des cargaisons à la traçabilité douteuses particulièrement préjudiciables, en cas de naufrage, pour la faune, la flore, biodiversité et le milieu marin. Ni le hasard, ni les aléas météo ne sont les causes des catastrophes, mais la fragilité des équipages, l’état des navires, les dérapages du gigantisme des navires. La limitation du temps pour les chargements laissent le passage aux trafics illégaux et aux marchandises dangereuses non sécurisées
Les trois nappes de fuel lourd repérées devraient atteindre nos côtes sous une dizaine de jours.
Le MNLE, ne peut se satisfaire des propos du Ministre de la transition écologique François de Rugy, qui comme un enquêteur est rivé sur les constats, minimisant la gravité d’une multiplication de au plan de plusieurs sources de pollutions issues du naufrage.
L’armateur Grimaldi est le premier responsable du naufrage et devra en assumer les conséquences, y compris les condamnations qui pourraient en découler, sa responsabilité d’abord et les manquements qui commencent à être formalisés1, devront si nécessaires conduire à une lourde et exemplaire condamnation.
Après avoir mal encaissé la demande d’enquête du Commissariat aux Droits de l’Homme pour restrictions graves aux droits des manifestants et s’être réjouie de la nomination de Brune Poirson élue vice-présidente de l’Assemblée des Nations-unies pour l’environnement, le gouvernement, souvent donneur de leçons, est en charge de la sûreté et sécurité maritime. Il va bien falloir qu’ils prennent ses responsabilités. Avec 5500 kms de linéaires de côtes, à quelques mois des Élections Européennes notre pays doit clairement se positionner afin que cesse en France et en Europe le laxisme et les négligences au plan du transport maritime.
St Herblain le 26 mars 2019.
1 Des contrôles sont actuellement opérés sur d’autres navires de l’armement Grimaldi