Samedi 15 juin 2024 le Comité MNLE 93 – Nord-Est Parisien et plusieurs associations de défense de l’environnement étaient présents au rassemblement de plus de 300 personnes pour dénoncer le projet d’extension du forage pétrolier, dont la concession a été accordée à la société Bridge Énergies (arrêté préfectoral n° 2024/01/DCSE/), sur la commune de Nonville en Seine-et-Marne, et les risques de catastrophe écologique que ces travaux entraîneraient.

Depuis 2017 l’association locale « Environnement Bocage Gâtinais » s’est mobilisée contre la demande d’extension de la concession de Nonville et à trois reprises la lutte a été victorieuse. « À chaque fois, les enquêtes publiques ont eu lieu en plein été et il a fallu se mobiliser à travers des pétitions. En 2020, on a eu une belle mobilisation et comme l’État n’a alors pas donné suite, on se pensait à l’abri ».

Les arguments de l’association sont toujours les mêmes : « L’eau est notre bien le plus précieux. Il y a des risques d’accidents d’hydrocarbures, c’est déjà arrivé par le passé. Les Nonvillois vont encore subir les nuisances, avec encore plus de camions sur les routes allant jusqu’au Havre ».  Il est à noter que ce territoire abrite plusieurs sites naturels protégés, dont une zone Natura 2000, et une nappe phréatique très vulnérable à la pollution couvrant les besoins de 180 000 Franciliens.

Après plusieurs demandes d’extension repoussées, l’entreprise a fini par obtenir gain de cause : le 27 décembre 2023 la préfecture de Seine-et-Marne a donné son accord pour les deux nouveaux puits alors que le maire de Fontainebleau, devenu depuis ministre délégué à la santé, estimait en octobre 2020 que l’extension de ce site pétrolier constituait une menace pour la qualité des eaux dans la région.

Pourtant, les communes limitrophes unanimes ont rejeté ce projet lors de l’enquête publique de 2023, et toutes les observations faites par les citoyens à cette occasion sont allées dans le même sens. Tous expriment des inquiétudes quant à la diminution de la qualité de vie et les conséquences sanitaires catastrophiques que subiraient les habitants de ce magnifique territoire. Les mairies concernées soulèvent également d’importants problèmes de voirie dus aux passages des camions qui entraîneraient une aggravation de risques d’accident. Dans une communication du 7 mai 2024 la communauté de communes Moret Seine et Loing dénonce les passages de camions, la dégradation de l’environnement, les nombreuses nuisances écologiques et le risque de contamination de la nappe phréatique.

Près de 81 000 citoyens ont signé une pétition contre l’extension de cette concession et ses nouveaux forages. La Mission Régionale de l’Autorité Environnementale d’Île-de-France relève de son côté des risques susceptibles de dégradation de la qualité de l’eau dans la traversée des aquifères. Outre les risques sanitaires déjà évoqués ce projet est en contradiction flagrante avec les objectifs du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) en matière de réchauffement climatique.

L’activité minière – comme l’extraction du cuivre ou du lithium – et son développement en France et dans le monde ne sont admissibles que si les matières extraites sont au service de la transition énergétique. Toute nouvelle extraction de pétrole et de gaz est à proscrire.

De nombreuses figures politiques se sont pourtant élevées contre le projet. C’est le cas de la sénatrice communiste de Seine-et-Marne, Marianne Margaté, qui s’est rendue sur place pour rencontrer le Maire de Nonville, Jean-Claude Belliot, et les membres de l’association Environnement Bocage Gâtinais. Elle a interrogé le gouvernement en séance de l’Assemblée Nationale sur les graves risques sanitaires que représente l’autorisation de ces forages, soulignant : « il est inadmissible que la Seine-et-Marne subisse une fois de plus les conséquences de décisions irresponsables pour notre environnement, alors que nous accueillons déjà 80% des déchets inertes d’Ile de France ». 

L’entreprise publique Eau de Paris, en charge de la production, du transport et de la distribution de l’eau dans la capitale, a quant à elle entrepris des procédures judiciaires à l’encontre de ce projet. Pour Dan Lert, son Président, c’est une décision ahurissante : « On parle d’une source qui produit 25 millions de litres d’eau potable par jour. Une pollution aux hydrocarbures entraînerait des conséquences catastrophiques. Pourquoi prendre de tels risques sur l’eau, pour une production de pétrole dérisoire ? ».

Ce projet inacceptable doit être abandonné. Dans le cas contraire les manifestations reprendront à la rentrée de septembre et le combat se jouera aussi sur le terrain judiciaire. Le recours lancé par Eau de Paris contre la décision préfectorale devrait être jugé dans les prochains mois.  L’affaire est donc à suivre !!

Pantin, le 22 juin 2024

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